Le Sanctuaire Arverne de Corent et l'Astronomie ?

Un sanctuaire Celte de construction solaire ?

par David ROMEUF - 02/2011 (révision 08/2016)

Début de Beltaine 2011 le 08/05/2011 vers 6h47 du matin. Attention : le petit portail bétonné contemporain n'est pas dans l'axe. Crédit : David ROMEUF pour Nuits Arvernes.


1er éclat du bord supérieur du Soleil pour Lugnasad 2016 (+1j, le 7 août).


Disque solaire levé pour Lugnasad 2016 (+1j, le 7 août).


Coucher du disque solaire dans le Col de la Croix Saint-Robert (au-dessus du sanctuaire), depuis le sommet du Puy de Saint-Romain,
en période de Samonios (le 1er novembre 2016). Sa course diurne présente un angle proche de 45° par rapport à l'horizon.



Les derniers éclats du bord supérieur seront pile dans l'axe pour Samonios.




23/12/2018 : Au Solstice d'hiver, depuis le sommet du Puy de Dôme, le Soleil se lève juste au-dessus du Sanctuaire de Corent. La direction du sanctuaire représente donc la limite inférieure du lever du Soleil durant l'année, observée depuis le sommet du Puy-de-Dôme.





20/06/2020 : Durant la période du solstice d'été (où le soleil semble stationnaire sur sa limite boréale en déclinaison) et vu depuis le site du Sanctuaire de Corent, le Soleil se couche derrière le Puy-de-Dôme. Le Puy-de-Dôme représente donc la limite supérieure boréale du coucher du Soleil. Il ne le dépassera jamais et reprendra sa course vers le Sud. Inversement, durant le solstice d'hiver et depuis le sommet du Puy-de-Dôme, le Soleil se lève à l'horizon juste au-dessus du sanctuaire de Corent. Depuis le sommet du Puy-de-Dôme, la direction du sanctuaire de Corent représente la limite inférieure australe du lever du Soleil. Le Soleil ne se lèvera pas plus au sud du sanctuaire et il reprendra sa course vers le Nord. Le sanctuaire est implanté sur le plateau de l'oppidum à la croisée des saisons intermédiaires et des solstices.


Début de Beltaine 2012 le 06/05/2012 vers 7h05 après le lever du Soleil dans l'axe central derrière le sommet repère du Puy Saint-Romain.
Les rayons chauds du Soleil entrent par la porte du sanctuaire.


Annonce de Samain 2011 par le coucher du Soleil au-dessus de la porte du Sanctuaire (ici passée de +2 jours) le 30/10/2011 vers 17h15 du soir (couvert pour l'alignement axial du 28/10/2011).
Attention : le petit portail n'est pas dans l'axe, nous nous intéressons à la porte reconstituée de tronc rouge.
Crédit : David ROMEUF pour Nuits Arvernes.


Le coucher du Soleil et son dernier éclat dans l'axe et au-dessus de la porte du Sanctuaire pour la période d'Imbolc 2012 - Vidéo HD 20x, le 12-02-2012


« Le mouvement des astres, l'immensité de l'univers, la grandeur de la terre, la nature des choses, la force et le pouvoir des dieux immortels, tels sont en outre les sujets de leurs discussions : ils les transmettent à la jeunesse. »

Jules César, les Druides dans la Guerre des Gaules, Livre VI.

« Cependant les Gaulois ont une certaine érudition et des maîtres de sagesse, les Druides. Ces maîtres font profession de connaître la grandeur et la forme de la terre et du monde, les révolutions du ciel et des astres, et la volonté des dieux. »

Pomponius Mela, Géographie, Livre III.

« Alors survint une éclipse de lune. Les Gaulois, qui conduisaient à leur suite dans des chariots leurs femmes et leurs enfants et se plaignaient depuis longtemps des fatigues de la marche, considérèrent cet accident comme de mauvais augure et refusèrent d'aller plus avant.  »

Polybe, Histoire générale, Volume I, Livre 5, XVI.

Résumé : Les milliers de petits points lumineux scintillants qui apparaissent au moment où le Soleil se cache sous l’horizon sont sans doute à l’origine de l’une des plus grandes interrogations des premiers hommes. Ainsi on retrouve l’utilisation des étoiles, du Soleil, des planètes errantes et de la Lune depuis les temps paléolithiques pour les plus simples, néolithiques pour des structures plus élaborées. Nos protohistoriques Gaulois ont laissé peu d’informations mais nous savons par d’autres que l’observation du ciel et son enseignement était pratiqué par les Druides. On retrouve l'intérêt pour l'astronomie dans l’orientation de constructions souvent liée à un culte et le repérage dans le temps. Le plus classique se rapporte au Soleil avec le marquage des saisons par sa position aux solstices et aux équinoxes. Le Sanctuaire Arverne de Corent semble être axé avec le Soleil et le Puy de Saint-Romain pour les dates mentionnées des quatre principales fêtes celtiques (irlandaises), dont nous n'avons pas la certitude de leur célébration en Gaule. Le sanctuaire semble implanté sur l'oppidum à la croisée des axes lever/coucher solaire fêtes celtiques (Puy de Saint-Romain) - Solstices (Puy-de-Dôme). L’étoile la plus brillante du ciel –Sirius- se rajoute aux festivités. L'axe fondateur du sanctuaire semble dirigé vers le lever apparent de Capella. On peut envisager une corrélation entre les orientations topo-astronomiques et les préférences sacrificielles pratiquées dans ce sanctuaire. D’autres orientations secondaires avec des étoiles de première grandeur et un objet remarquable sont aussi discutées (Capella, Véga, Deneb, Hamal et l'amas M45 dans les Pléiades). Il n’y a rien de magique, mystique ou encore ésotérique dans cet article. Il s’agit simplement de l’utilisation du ciel comme un calendrier, associée aux croyances de l’époque dont nous avons perdu la filiation directe. Enfin, quelques exemples similaires sont présentées pour d'autres sites et sanctuaires celtes.

Abstract : Thousands of tiny twinkling spots of light which appear after the sun sets below the horizon are probably at the origin of one of the main questions of the first men on earth. Hence among them is the use of stars, of the sun, of wandering planets and of the moon ever since the Palaeolithic period for the simplest forms and the Neolithic for the more sophisticated structures. Our protohistorical Gallic left little information but we nevertheless know that the observation of heaven and its teaching were practised by druids. For example the astronomic interest in the orientation of constructions often connected to a cult and timestamp can be noticed very frequently. The most traditional is in relation to the sun with the marking of seasons by its position at solstices and equinoxes. The Arverne Corent sanctuary seems to be aligned on the sun and the Puy Saint-Romain on the mentioned dates of the four main celtic feasts for which we don’t really know if they were celebrated in Gaul. Sirius the most glittering star is linked to festivities. The primary axis, founder axis of the sanctuary seems directed to the apparent rise of Capella. We can be considered a correlation between topo-astronomicals orientations and sacrificial preferences practiced in this sanctuary. Other secondary orientations with stars of first importance and one remarkable object will be discussed too (Capella, Vega, Deneb, Hamal and the open cluster M45 in the Pleiades). There is nothing magical, mystical or esoteric in this paper. It's simply using of the sky as calendar, associated to beliefs that we have lost the direct source. Other similary oriented sanctuarys are listed.

Note de l'auteur : Mon intérêt pour l'Astronomie et la période Gauloise Arverne m'a naturellement conduit à m'interroger sur un éventuel lien entre le Sanctuaire latènien de Corent et le Ciel. Je livre ici quelques remarques qui me paraissent assez troublantes pour être relatées mais pour l'instant sans aucune certitude scientifico-archéologique issue de mobiliers ou textes antiques. Je l'exprime bien fermement : ma démarche est uniquement archéoastroNomique. Il n’y a rien de magique, mystique ou encore ésotérique dans cette page. Il s’agit simplement de l’utilisation du ciel comme un calendrier, associée aux croyances de l’époque dont nous avons perdu la filiation directe. J'invite les collègues astronomes à s'intéresser à ce genre de problème. Ce type d'étude est très enrichissant aussi bien sur le plan historique que sur le plan astronomique puisqu'on aborde le problème des calculs astronomiques fiables à long terme qui ne sont pas triviaux et communs pour la plupart des observateurs modernes.


Face avant de la porte du Sanctuaire Arverne (troncs rouges) vue depuis le fond de la place, en direction de l'ouest
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Sommaire

Orientation des constructions du Sanctuaire d'après les plans des fouilles officielles du L.U.E.R.N. :

Le plan des fouilles révèle plusieurs directions remarquables dans la construction et l'orientation du Sanctuaire. J'ai reporté en lignes colorées quelques directions dans le repère horizontal utilisé en astronomie (les coordonnées azimutales étant l'azimut et la hauteur). L'azimut a pour origine le nord géographique en géodésie (en astronomie ancienne c'était plutôt le sud car la valeur est nulle au méridien), il est positif vers l'Est. On remarque une orientation principale (en vert) dans la direction d'azimut + 68° et son opposé + 248°, axe de la porte du Sanctuaire. Cette valeur de 68° est obtenue en ajustant une droite dans les douzes trous des poteaux au nord du sanctuaire (sur environ 33 m). On retrouve cette droite parallèle dans les constructions centrales et l'axe de la porte. Les autres directions seront discutées dans un second temps...


Plan des fouilles extrait du rapport de fouille 2010.

Coordonnées du Sanctuaire : longitude : 03° 11’ 18,0’’ Est (0h 12mn 45.2s Est), latitude : 45° 39’ 53,0’’ Nord, altitude : 578 m.


Vue plongeante sur le Sanctuaire depuis la côte belvédère de l'oppidum, en direction de l'azimut +68°.


Vue plongeante sur l'oppidum de Corent et le Sanctuaire Arverne depuis la pointe du sommet du Puy de Saint-Romain, en direction de l'azimut + 248°.
Derrière l'oppidum on perçoit le col formé par le village de Saint-Sandoux. Le Puy de Saint-Sandoux est sur la gauche (sud), le Puy de Peyronère sur la droite (nord).

À quoi correspond l'azimut + 68° et son opposé + 248° sur l'horizon et dans le ciel ?

Intéressons-nous d'abord à la situation et la topographie du site : si on prolonge la direction d'azimut + 68° sur une carte IGN, on tombe sur le sommet si particulier et distinctif du Puy de Saint-Romain. Les gaulois auraient-ils orienté volontairement la porte du Sanctuaire en direction de ce sommet pointu, véritable piédestal naturel ? Notons aussi que les fouilles du LUERN ont montré la présence d'un espace "vide" devant l'entrée du sanctuaire que Matthieu POUX interprète comme une grande place "publique", orientée dans sa longueur juste selon l'axe d'azimut + 68°. On peut considérer que le sanctuaire est à l'évidence orienté sur le sommet pointu du Puy de Saint-Romain, point culminant de la Limagne, point remarquable de l'horizon Arverne.

Dans la direction opposée (l'azimut + 248°), on tombe sur la partie haute du plateau de Corent. Il s'agit d'un haut plat, une partie belvédère (a priori sans repère distinctif ou sémaphore découvert à ce jour) faisant face à l'ancien sommet éruptif. Si on postule qu'ils ont délibérément aligné la porte avec le sommet pointu du Puy de Saint-Romain (ce qui n'est pas absurde lorsqu'on est en situation sur le site -voir les photographies ci-dessus-) alors on trouve un angle de 67,8° sur une carte IGN de Géoportail, soit un écart de - 0,2° avec l'estimation angulaire du plan de fouille.


l'azimut +68° pointe le Puy de Saint-Romain et d'autres choses dans le ciel...


Illustration de l'alignement du sanctuaire via Google Earth.


À l'exact opposé, cette photographie prise depuis le sommet du Puy de Saint-Romain donne la direction de cet axe qui passe par Saint-Sandoux, Olloix et son Puy de Mercurol, et se termine dans le col de la Croix Saint-Robert.




Cartes obtenues avec l'outil de tracé de l'azimut proposé par le site de l'IGN Géoportail.

Si on recherche sur une carte du ciel valable pour la date autour de 120 av. J.C. (qui tient compte de la précession des équinoxes), on constate que + 68° pointe vers le lever des Constellations (zone du ciel) : du Renard, de Pégase, d'Andromède, du Bélier (de son étoile la plus lumineuse : Hamal à environ 74,5° d'azimut à son lever pour 2,5° de hauteur), du Taureau (de son amas des Pléiades si remarqué dans l'antiquité, à environ + 70° pour 2,5° de hauteur donc qui se lève géométriquement derrière le Puy de Saint-Romain) et de la Flèche.
Dans la direction opposée à l'azimut + 248°, on trouve la zone du coucher des Constellations : du Serpent, de l’Écu, des Poissons, de la Baleine, du grand chasseur Orion (et la 7ieme étoile la plus brillante du ciel : Rigel à environ +248,5° pour 2,7° de hauteur), du Grand Chien (et l'étoile la plus brillante du ciel nocturne : Sirius à environ + 244° d'azimut de coucher pour 2,7° de hauteur), de la Coupe, du Corbeau, de l’Hydre, de la Balance, et du Scorpion.

Ces ensembles d'étoiles avaient sans aucun doute une signification pour les gaulois comme pour les autres peuples antiques. Était-elle inspirée de ces autres peuples par source historique ou leur était-elle totalement propre ? Dans Religion et société en Gaule, l'archéoastronome Paul VERDIER interprète la scène du fond du célèbre chaudron cultuel celtique de Gundestrup (1er siècle avant J.-C.), comme une représentation du ciel. Il y reconnaît certaines des constellations que nous connaissons aujourd'hui (Taureau, Orion, ...).

Ces "étoiles de nuit" nous feraient presque oublier l'étoile la plus évidente et la plus lumineuse de notre ciel : le Soleil. À quelles dates et heures de l'année le Soleil se lève et se couche-t-il aux azimuts respectifs + 68° et + 248°, à l'époque des Arvernes ? Ces deux valeurs ne correspondent pas aux "classiques" équinoxes ou solstices et sont parfaitement banales pour un astronome contemporain. Pour calculer la position des planètes, il faut utiliser des théories planétaires valables pour l'époque considérée, prendre en compte l'effet général de la précession des équinoxes -effet gyroscopique de grande ampleur sur l'axe de rotation de la Terre en 25.765 ans-, la variation de l'obliquité de l'écliptique (le plus sensible dans notre cas du Soleil à long terme), l'effet de l'irrégularité de la vitesse de rotation de la Terre sur elle-même (ΔT=TT-UT), et surtout, tenir compte du dénivelé entre le Sanctuaire et l'obstacle, ce qui induit une hauteur d'apparition et une hauteur de disparition corrigée de la réfraction atmosphèrique induite :

> azimut + 68° : le Puy de Saint-Romain est distant de 4560 m du Sanctuaire Arverne avec un dénivelé de 203 m d'altitude soit une hauteur angulaire de + 2,5° au-dessus de la direction de l'azimut + 68°. Au cours de l'année, comme la Terre tourne autour du Soleil, il semble se déplacer devant le fond des étoiles (très lointaines par rapport au système solaire). La direction de l'axe de rotation de la Terre est fixe et surtout inclinée sur sa trajectoire. De ce fait, il monte vers le nord céleste durant 6 mois et descend vers le Sud céleste durant les 6 autres mois. Cette différence de hauteur de culmination est à l'origine des saisons. Il faut donc rechercher deux dates de lever du Soleil à + 68° (sens montant, sens descendant).

> azimut + 248° : le haut plat du plateau de Corent est situé à 670 m du Sanctuaire avec un dénivelé de 32 m ce qui représente une hauteur de 2,7° au-dessus de la direction de l'azimut + 248°. Comme pour le lever, il faut rechercher deux dates qui correspondent respectivement aux sens montant et descendant.

DE406-HORIZONS de NASA Jet Propulsion Laboratory donne les résultats suivants calculés pour le centre du Soleil (exprimé dans le calendrier JULIEN et pas GRÉGORIEN. Attention le calendrier Julien se désynchronise beaucoup plus du Soleil/Année tropique (1 jour en environ 128 ans) que le calendrier Grégorien (1 jour en environ 3231 ans). Le calendrier Julien n'existait pas au temps du premier âge du fer, encore moins le grégorien. Le grégorien permet de se représenter plus facilement la période de l'année (solaire) comme nous la connaissons aujourd'hui surtout pour les dates les plus éloignées :

+ 68° sens montant : b0120-May-10 04:43 *m a= 68.2321   h=2.5119   Tau, JULIEN donc le 07 mai GRÉGORIEN.
+ 68° sens descendant : b0120-Aug-10 04:52 *m a= 67.9227   h=2.5507   Leo,
JULIEN donc le 07 août GRÉGORIEN.

+ 248° sens montant : b0120-Feb-15 16:53 *  a=247.7785   h=2.6907   Psc,
JULIEN donc le 12 février GRÉGORIEN.
+ 248° sens descendant : b0120-Oct-31 16:22 *  a=247.6792   h=2.6671   Sco,
JULIEN donc le 28 octobre GRÉGORIEN.

Soit autour du 7 mai, autour du 7 août, autour du 12 février, autour du 28 octobre... J'écris volontairement "autour" car le Soleil a une dimension angulaire dans le ciel (qui représente un diamètre d'environ 0,5°) et on peut aussi considérer qu'il se lève ou se couche dans ces directions durant quelques jours "autour" de ces dates repères. On pourrait aussi considérer le bord haut pour l'apparition et le premier éclat, le bord bas pour l'affleurement... L'azimut du coucher ou du lever ne change pas très vite de jour en jour (environ 1° sur 3 jours). Je pense qu'il ne faut pas raisonner avec notre précision d'horloge atomique ou localisation GPS pour ces repères cultuels à l'époque. Il y a aussi probablement une dimension symbolique très importante.


Le disque solaire levé pour Lugnasad 2016 (+1j, 7 août).

Mais à quoi correspondent ces dates ?

-> Elles peuvent correspondre aux débuts des périodes des fêtes celtiques (irlandaises) à quelques jours près ! J'attire l'attention du lecteur sur le fait que pour le moment, nous ne sommes pas capables de prouver que l'équivalent existait en Gaule. Aucun écrit antique ne le précise explicitement et directement (nous sommes dans cette situation pour de nombreux sujets pour les Celtes. Par exemple, les Druides interdisaient l'écrit pour la chose religieuse et probablement la connaissance. La tradition était orale. Nous avons quelques inscriptions votives archéologiques et quelques fragments mythologiques conservés par des auteurs gréco-romains mais aucun texte théologique ou spéculatif. Notre représentation des Gaulois dans le domaine intellectuel et spirituel est en strates d'hypothèses de chercheurs contemporains sur des bases peu complètes. En revanche l'écriture était utilisée pour les comptes marchands, les recensements comme le mentionne César pour les tablettes Helvètes en cire). La seule trace d'une fête celtique ou liée à cette période figure dans le calendrier gaulois de Coligny (qui est plutôt dans le temps lunaire).

La lecture des ouvrages et articles sur les fêtes celtiques du calendrier traditionnel irlandais montre une convergence sur le contenu avec plus ou moins de détails (originels ?). Le sens de ces fêtes est "connu" par les textes médiévaux mythologiques Irlandais -Celtes insulaires mieux protégés de la romanisation et de la christianisation tardive-. L'existence de l'équivalent de ces fêtes en Gaule -Celtes continentaux- n'est pas formellement établie malgré la mention Trinox Samoni du mois Samon dans le célèbre calendrier gaulois de Coligny. À vrai dire, il n'y a pas de consensus général chez les historiens et archéologues référents y compris pour la période calendaire. Les sources datent souvent précisément à un jour fixe par rapport à notre calendrier solaire grégorien (évolutions des calendriers hérités des romains depuis au moins le septième siècle avant J.-C.). Ces événements ont donc été rapportés/placés dans le calendrier "chrétien" solaire probablement de manière approximative et pratique. D'autres sources donnent une datation basée sur la Lune. Ces dernières controversent entre elles entre le premier quartier, la pleine Lune et le dernier quartier. *** Mais ces fêtes celtiques étaient-elles fondamentalement lunaires ou solaires ? Cette question est essentielle *** Pouvons-nous les retrouver dans le calendrier de Coligny ? D'autres sources plus paléoastronomiques utilisent le ciel comme calendrier grâce à des étoiles brillantes. Le cas relaté dans cet article est solaire, plus en phase et périodique avec la nature agraire de ce peuple paysan, avec la course annuelle de la Terre autour du Soleil. Les sources convergent vers un lien très solaire pour Beltaine et Lugnasad. Il y a une cohérence entre Beltaine-Lugnasad la saison claire et la lumière au lever du Soleil, et, Samain-Imbolc la saison sombre et le coucher du Soleil.




Période de Beltaine 2012, 06/05/2012 : quelques beaux rayons solaires éclairent les fosses à libations à travers la porte
du Sanctuaire reconstituée, bien après son lever derrière le Puy de Saint-Romain.

Pourquoi les fêtes celtiques sont à des dates de saisons intermédiaires ?

Les fêtes celtiques ne sont pas confondues ou contiguës aux solstices et équinoxes. Elles sont d'une autre nature et ne marquent pas un point particulier de l'orbite terrestre, ou la course du Soleil sur l'écliptique.

Pour certains auteurs, il s'agit de périodes où la nature change. Elles seraient une sorte de découpe en quatre parties de l'année saisonnière vraie (début novembre, début Février, début Mai et début Août). Elles correspondraient aux périodes où le changement météorologique est perceptible, où la nature se modifie vraiment au sens végétal et animal. Les saisons sont provoquées par la variation de hauteur maximale du Soleil dans le ciel diurne, au cours de l'année (il passe au plus haut durant la période du solstice d'été, au plus bas durant la période du solstice d'hiver). La durée de l'ensoleillement rythme l'activité végétale. Ces changements dépendent aussi de la latitude du lieu. La différence est sensible entre le nord et le sud de la France, encore plus avec l'Irlande. Pour une même région, ou latitude, la différence est importante entre la basse plaine et la moyenne montagne (plus de 3 semaines…). Il est donc difficile de justifier ces dates fixes dans l'année solaire uniquement comme période de changement réel de la nature, sur une grande étendue géographique.

Alors pourquoi précisément ces jours/périodes de l'année ?

En calculant un cadran solaire horizontal, j'ai pu remarquer une construction géométrique intéressante. Cette définition serait astronomiquement et géométriquement très élégante pour une latitude proche de 45° (latitude indo-européenne, civilisation celtique, Corent). Les périodes correspondent à la longueur minimale de l'ombre d'un gnomon à midi solaire (passage au méridien du lieu, au plus haut pour la journée), formée par un demi-triangle équilatéral (dit de Platon ou d'écolier). C'est-à-dire encore, lorsque la hauteur maximale du Soleil dans le ciel culmine à 30° et 60°. Pour déterminer les dates sur un site, le responsable du temps à besoin d'utiliser une ficelle et d'un bâton vertical, ou gnomon gradué.

Pour déterminer le jour des saisons froides (Samain et Imbolc), le demi-triangle équilatéral est formé par le gnomon vertical (son petit-côté) et son ombre à midi (son grand côté). La dimension de l'ombre au sol, est obtenue simplement par le report avec une ficelle hypoténuse de 2 fois la hauteur du gnomon. On peut imaginer tous autres types d'instruments rigides et gradués de rapport 1 :2 pour déterminer ce repère calendaire. Le gnomon, la ficelle et l'ombre forme un demi-triangle équilatérale dont l'angle au sol représente les 30° d'élévation du Soleil.


Illustration de la méthode pour la détermination des dates de Samain et Imbolc à l'aide d'un gnomon, d'un demi-triangle équilatéral 1:2 et d'une ficelle.

Pour déterminer le jour des saisons chaudes (Beltaine et Lugnasad), le demi-triangle équilatéral est formé par le gnomon vertical (mais son grand côté dans ce cas) et son ombre à midi (son petit côté). Le gnomon représente la hauteur d'un triangle équilatéral. Le centre M du cercle circonscrit est à l'intersection des médianes, en fait au tiers de la hauteur du gnomon à partir du sol. Avec une ficelle, on trace l'arc de cercle de centre M et de rayon 2/3 (soit la distance restante jusqu'au sommet du gnomon), que l'on reporte sur le sol pour obtenir l'extrémité de l'ombre calendaire. L'angle au sol représente les 60° d'élévation du Soleil.


Illustration de la méthode pour la détermination des dates de Beltaine et Lugnasad à l'aide d'un gnomon, d'un demi-triangle équilatéral 1:2 et d'une ficelle.

Cette définition géométrique fonctionne pour des latitudes proches de 45° avec les dates que nous connaissons dans le calendrier grégorien, mais je n'ai pas retrouvé de sources antiques pour l'étayer et l'attester. C'est une hypothèse séduisante totalement en phase avec les outils et projections des intellectuels de l'époque. Elle utilise des éléments emblématiques des temps anciens comme le gnomon et le triangle équilatéral. Ceux-ci sont utilisés par de nombreuses cultures artistiques et religieuses. Le gnomon cadran solaire détermine le temps en fonction de l'ombre du Soleil. Le triangle ou demi-triangle équilatéral est jugé souvent comme la perfection, l'équilibre ou la beauté suprême qui vient des Dieux (voir Platon dans le cas de la culture hellénique). Le triangle équilatéral a 3 côtés de même longueur, les hauteurs-médianes-médiatrices et bissectrices sont confondues, même point de concours au 2/3 du sommet sur chaque hauteur : centre de gravité-orthocentre-centre du cercle inscrit et centre du centre du cercle exinscrit, 3 angles égaux de 60°, 3 axes de symétrie. Le demi-triangle équilatéral (sa division par une hauteur), est un triangle rectangle remarquable de rapport petit-côté : hypoténuse 1 :2 avec les angles 30, 60 et 90°.

Cette définition topo-géométrique est parfaite avec les dates que nous connaissons des fêtes dans le calendrier grégorien pour la latitude 45°. Mais, cette solution fait varier le jour de ces fêtes, les azimuts de lever et coucher du Soleil le jour d'une fête (l'orientation des sanctuaires qui serait consacrés) en fonction de la latitude du lieu ; puisqu'elle replace la hauteur du Soleil et le site dans un même contexte solaire indépendamment de sa latitude. Le tableau ci-dessous est calculé pour le centre du Soleil (de diamètre 0.5°), pour des latitudes du Sud au Nord de la Gaule et de l'Irlande, pour l'année 0120 BC, à une altitude moyenne de 300 m, et en considérant un horizon plat sans relief. Les dates sont exprimées dans le calendrier Julien. Il faut retrancher 3 jours pour l'équivalence dans notre calendrier Grégorien avec l'année 120 BC. Nous obtenons le 1er Novembre (G) pour Samain et le 1er Mai (G) pour Beltaine pour un site à la latitude 45°. Le soleil se lève à l'azimut 68° pour Beltaine, il se couche à l'azimut 249° pour Samain… Pour le sud de la Gaule à une latitude de 43° et pour les mêmes fêtes, les circonstances équivalentes seraient le 8 novembre (G) pour Samain (+7 j) et le 24 avril (G) pour Beltaine (-7 j) (logique il fait froid plus tard et chaud plus tôt). Le lever du Soleil est à l'azimut 72° pour Beltaine, le coucher à l'azimut 247° pour Samain. Pour le nord de la Gaule à la latitude +51°, les circonstances équivalentes seraient le 16 octobre (G) pour Samain et le 25 mai (G) pour Beltaine (il fait froid plus tôt qu'en 45° et chaud plus tard). Un sanctuaire consacré serait alors orienté à l'azimut 54° pour le lever de Beltaine et 256° pour le coucher de Samain.


Tableau de la variation des dates et orientations de Samain et Beltaine en fonction de la latitude du lieu, selon la détermination par la hauteur du Soleil.

Les fêtes celtiques sont-elles nées à la latitude 45° N à partir de cette configuration solaire puis étendues dans toutes l'aire celtique ? Les dates des fêtes celtiques étaient elles adaptées en fonction du site pour répondre à cette configuration ou un même jour dans toute l'aire de culture celtique ?

Autre fait très important : depuis le centre de symétrie du sanctuaire, le Soleil se couche derrière le Puy-de-Dôme durant la période du solstice d'été (son mouvement propre semble stationnaire et maximal en déclinaison), et, depuis le sommet du Puy-de-Dôme le Soleil se lève et culmine (bord inférieur) au-dessus du Sanctuaire de Corent durant la période du solstice d'hiver (son mouvement propre semble stationnaire et minimal en déclinaison). Le Puy-de-Dôme était un haut lieu sacré dont nous avons la preuve archéologique par la construction après 50 ap J.-C. d'un premier petit temple gallo-romain dédié à Mercure. L'archéologie n'a pas encore livré de bâtiment d'époque gauloise mais il est fort probable que le sommet était utilisé bien avant. La via Agrippa passait au col de Ceyssat sur les flancs du volcan. Il reste un sommet remarquable et emblématique de la région. Depuis le sommet du Puy-de-Dôme la direction du sanctuaire de Corent semble être une limite pour l'azimut du lever du Soleil qui ne se lèvera pas plus vers le Sud. Depuis le sanctuaire de Corent, le Puy-de-Dôme semble être une limite pour l'azimut du coucher du Soleil qui ne se couchera pas plus vers le nord. Intentionnel ou pas, le sanctuaire est donc implanté sur l'oppidum à l'intersection des axes du temps solaire : période des fêtes celtiques - solstices. Cette combinaison d'axes et de moments ajoute du crédit à la construction intentionnelle d'un sanctuaire "solaire" gaulois...

Solstice d'été -> Sommet du Puy-de-Dôme à l'azimut a=+304.6° et hauteur apparente de +2.4° :

b0100-Jun-25 19:27 1685074.310416667 * 304.3564 1.0192 Cnc
b0100-Jun-25 19:28 1685074.311111111 * 304.5342 0.8921 Cnc
b0100-Jun-25 19:29 1685074.311805556 * 304.7123 0.7664 Cnc
b0100-Jun-25 19:30 1685074.312500000 * 304.8907 0.6419 Cnc


Solstice d'hiver -> Depuis le sommet du Puy-de-Dôme : Direction du Sanctuaire de Corent à l'azimut a=124.5°, hauteur apparente de l'horizon=-0.5° au loin, hauteur apparente du sanctuaire=-2.4° :

b0100-Dec-22 07:34 1685253.815277778 *m 124.4530 -0.0158 Sgr
b0100-Dec-22 07:35 1685253.815972222 *m 124.6312 0.1037 Sgr
b0100-Dec-23 07:34 1685254.815277778 *m 124.3674 -0.0810 Sgr
b0100-Dec-23 07:35 1685254.815972222 *m 124.5454 0.0383 Sgr
b0100-Dec-24 07:35 1685255.815972222 *m 124.4548 -0.0217 Cap
b0100-Dec-24 07:36 1685255.816666667 *m 124.6330 0.0978 Cap


Illustration des axes du temps solaire sur des sommets remarquables de l'horizon du site du sanctuaire de Corent
(Puy-de-Dôme: Solstices, Puy de Saint-Romain : Beltaine, Lugnasad).


Illustration du lever du Soleil au moment du Solstice d'hiver : depuis le sommet du Puy-de-Dôme le Soleil se lève alors juste au-dessus du sanctuaire de Corent. Le sanctuaire représente donc une direction limite inférieure à ses levers durant l'année.


Illustration de l'implantation du sanctuaire de Corent à la croisée des axes solaires.
-> Depuis le centre du sanctuaire : Le Soleil se lève au-dessus du Puy de Saint-Romain pour Beltaine et Lugnasad, le sanctuaire est axé sur son sommet ;
-> Le Soleil se couche derrière le Puy-de-Dôme pour le solstice d'été ;
-> Depuis le sommet du Puy-de-Dôme : le Soleil se lève au-dessus du Sanctuaire de Corent durant le solstice d'hiver ;
-> Depuis le sommet du Puy de Saint-Romain : le Soleil se couche au-dessus du Sanctuaire de Corent, dans le col de la Croix-Saint-Robert pour Samain et Imbolc ;

L'importance du Soleil et son usage par les Celtes est avancé à plusieurs reprises dans la Thèse de Gaël HILY (2007) sur Le dieu celtique Lugus particulièrement au chapitre 2 de la partie IV. IV.2 p 345 "Sous le signe de la lumière" pages 345 à 381 : IV.2.1.5 p 351 "... en plus d'avoir un caractère lumineux, Lug est directement comparé au mouvement de l'astre solaire ... Autrement dit, Lug et sa troupe viennent du côté du soleil levant ... il se définit comme un dieu solaire et non comme un dieu soleil ... il est ce que représente cet astre et non l'astre lui-même", IV.2.3 p 359 "Une lumière organisatrice : l'Orientation Solaire" où il montre que les mots gauche - droite - devant - derrière sont les mêmes que les points cardinaux nord - sud - est - ouest puisque déduits de l'observation du soleil au lever « nous avons donc de bonnes raisons de croire que les Celtes anciens avaient un mode d'orientation basé sur le soleil. ... l'orientation se fait en fonction du soleil et principalement en fonction du soleil levant. Or Lugus est un dieu héliaque régulièrement associé à l'aube ; il permettrait ainsi de fixer le point de départ de la fondation », IV.2.3.3.1 p 365 "Fondations de fêtes et de résidences royales" « ... dans le cas des Lugnasad, la plupart des célébrations ont lieu sur des hauteurs ; l'instauration de ces fêtes a donc impliqué la fondation d'un espace adéquat. Comme Lug patronne ces célébrations, il est sans doute intervenu sur un plan mythique ... Notre idée de départ était de considérer le soleil comme un point fondamental pour l'orientation et la fondation d'un lieu. Les matériaux médiévaux et antiques, insulaires et continentaux, ont fourni des éléments qui, de manière directe ou indirecte, impliquent Lugus à l'établissement de lieux déterminés. La plupart du temps, ces lieux ont joué un rôle prestigieux dans l'organisation du pays en question. Nous pourrions ainsi dire que, par son caractère héliaque, Lugus permet de donner la vie en organisant le territoire, en appropriant un espace pour la société, ce qui permet donc l'existence de celle-ci » ,   IV.2.3.5 p 374 "Topographie des lieux dédiés à Lugus" « L'association entre Mercure-Lugus et les hauteurs ne fait guère de doute... », IV.2.3.5.2 p 376 "Sanctuaires, frontières et routes" « ... la réelle délimitation de l'espace s'est sans doute réalisée par la création des sanctuaires ; le choix du point de départ pour leur implantation ne devait ainsi rien au hasard ...  en un lieu susceptible d'être consacré à Lugus ... Ces sanctuaires gaulois peuvent être définis selon trois éléments principaux : présence d'une hauteur, de frontières, de routes ; nous ajoutons la tenue d'assemblée en ces lieux. Or, toutes ces caractéristiques se retrouvent chez Lugus », et en conclusion de chapitre « ... qui permettent de présenter Lugus comme un dieu prééminent dans l'organisation de territoire. ».





Crépuscule coloré en Samonios, devant la porte du Sanctuaire Arverne de Corent, le 30/10/2011 vers 18h00 après le coucher du Soleil annonçant Samain ?

Quelques définitions astronomiques importantes avant de poursuivre la suite de la lecture :

Revenons à Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel nocturne : Une simulation du ciel valable pour l'époque gauloise montre que son coucher héliaque strict était le 9 mai ! C'est à dire qu'avant le 9 mai, Sirius se couchait juste après le Soleil dans les lumières du crépuscule civil au-dessus de l'axe principal de la porte du Sanctuaire (247°), vue de la grande place (à 1° près, deux diamètres solaires). Le 1er mai, elle se couchait environ 40 minutes après le Soleil (soit à la fin du crépuscule civil qui dure environ 38 minutes en ce lieu) ; le 5 mai, 20 minutes plus tard ; le 9 mai, 2 minutes plus tard presque au même moment que le Soleil, à son coucher héliaque strict (où elle n'est plus perceptible noyée dans les rayons solaires). Après le 10 mai, Sirius n'est plus visible au sens strict le soir au coucher mais le redevient au matin bien après son lever héliaque strict du 23 juillet à l'azimut + 112°. Le 1er août, elle est perceptible 40 minutes avant le lever solaire à la fin du crépuscule nautique, annonçant peut être Lugnasad ? Puis Sirius se couche acronyquement au-dessus du Sanctuaire avec le Soleil au sens strict le 12 novembre (à l'azimut + 247°), pour se relever acronyquement avec le Soleil au sens strict le 17 janvier (à l'azimut + 112°). Un tableau synthétique et pédagogique des phases Soleil-Sirius avec l'axe 68-248° et l'ensemble des fêtes celtiques sera présenté ci-après.

Autrement dit, lorsque Sirius disparaissait progressivement en quelques jours les soirs dans le ciel crépusculaire au-dessus du Sanctuaire, Beltaine s'annonçait. À ce jour, je n'ai trouvé aucune référence bibliographique antique ou "googleïque" citant cette situation astronomique visible de partout en Gaule, pour l'étoile phare du ciel. Le coucher héliaque de Sirius pour Beltaine n'est pas mentionné. En revanche, on trouvera d'abondantes sources bibliographiques sur le lever héliaque de Sirius que les Égyptiens utilisaient comme départ de leur nouvelle année et comme annonciateur de la période des crues du Nil. C'est la preuve que Sirius était repérée et utilisée depuis les temps antérieurs pharaoniques. D'autres civilisations antiques comme les Babyloniens, les Sumériens et les Romains utilisaient le lever héliaque de plusieurs étoiles pour démarrer des activités agricoles. Sirius est appelée canicula pour canicule car son apparition fin juillet coïncidait avec les périodes de chaleurs. Il y a aussi une énigme astrophysique car sa couleur est rapportée "rouge" par des auteurs antiques (sans doute plutôt orangée par effet de traduction et de regroupement de nom des couleurs à l'époque) alors que nous la percevons brillante et bien blanche à l'oeil nu de nos jours : Aratus de Soles (-315 à -245 av J.C.) dans « Phénomènes » (Ποιχιλος : bariolée, variée), Cicéron (-106 à -43) dans sa traduction des Phénomènes d’Aratus (rutilo ... canis stellarum : roux, rouge, éclatant, briller), Horace (-65 à -08) dans sa satire livre 2 n°5 vers 39 (rubra canicula : rouge rougeâtre), Sénèque (-04 à +65) Questions naturelles livre 1 (caniculae rubor : rouge vif), Claude Ptolémée (+90 à +168) : 6 étoiles qualifiées avec le même mot grec ύπόχιρρός rougeâtre dans son Almageste/Composition mathématique Vol 1 Vol 2 (Aldébaran du Taureau, Arcturus du Bouvier, Pollux des Gémeaux, Antarès du Scorpion, Bételgeuse d'Orion et Sirius du Grand Chien). En revanche, elle n'est plus décrite "rouge" dans l'Atlas des constellations et étoiles fixes d'Abd Al-Rahman Al Soufi (Astronome Perse, 903 à 986). Cette période de rougissement pourrait s'expliquer par un globule de Bok qui s'intercala, ou un troisième compagnion très proche dans la région centrale (non détecté) comme une naine brune perturbée par les forces de marée à son périgée avec récupération de matière (article 1, article 2).


Simulation du coucher héliaque de Sirius dans les lueurs crépusculaires le 1er mai 120 av JC, visuel avec le logiciel Stellarium.
quelques jours plus tard, le 9 mai 120 av JC, Sirius aura disparue dans la lumière crépusculaire car elle se couche en même temps que le Soleil.

Un autre objet du ciel particulièrement remarqué dans l'Antiquité se levait derrière le Puy de Saint-Romain durant Beltaine. Il s'agit de l'amas ouvert M45 des Pléiades dans la constellation du Taureau. Cet amas d'étoiles est possiblement représenté dès l'âge du bronze sur le disque céleste de Nebra (-3600), comme un groupe de 7 étoiles à la manière des plus anciennes représentations du Moyen-Orient. Il est mentionné en lien agraire par Hésiode vers -700 dans Les travaux et les jours - Les moissons comme annonçant la période des moissons puis des labours, avec une notion d'apparition dans les cieux puis de disparition 40 jours plus tard. « Quand les Pléïades, célestes filles d'Atlas, paraîtront sur l'horizon, commencez à moissonner, et quand elles commenceront à disparaître, labourez. Elles restent cachées l'espace de quarante jours et de quarante nuits ; puis on les aperçoit rouler dans le ciel avec l'année, lorsque les moissonneurs aiguisent leur fer... », HÉSIODE, Les travaux et le jours, Chant second, traduction de L. COUPÉ. Depuis l'oppidum, les Pléiades apparaissaient en lever héliaque au-dessus de la partie sommitale du Puy de Saint-Romain plutôt vers fin mai. Il fallait de très bonnes conditions atmosphériques pour les percevoir car elles sont peu brillantes pour les plus faibles. L'observation est rapportée en Grèce dans les Phénomènes d'Aratos de Soles (-315) qui observait leur lever matinal en mai « toutes ces étoiles sont petites et presque sans éclat; mais la constellation qu'elles forment n'en est pas moins remarquable, parce qu'elles apparaissent le matin aux premières nuits de l'été, et que plus tard elles annonçent, en se montrant le soir, l'approche de l'hiver et le temps des semailles. », traduit par Cicéron (03/01/-106, 07/12/-43). Le lecteur trouvera dans Origine de tous les cultes ou Religion universelle, pages 35 à 40, de Charles-François DUPUIS (1795), les nombreuses utilisations des Pléiades dans l'antiquité. Voici une simulation pour l'époque le 20 mai -120 -simulation-. Ce n'est plus du tout le cas de nos jours (effet de la précession sur 2000 ans) puisqu'il se lève beaucoup plus au Nord vers l'azimut + 56° plutôt vers mi-juin -simulation-.

Donc à Corent, Beltaine était peut être "annoncée" par le coucher héliaque de Sirius vu le soir au-dessus du Sanctuaire, et, sur ce même axe mais dans le sens opposé, quelques jours après sa disparition par contraste dans les lueurs crépusculaires, le lever du Soleil derrière le sommet du Puy de Saint-Romain.


Planisphères célestes de gauche à droite : Lever du Soleil pour la Beltaine le 9 mai -120 derrière le Puy de Saint-Romain, Montage pour le 9 mai -120 du lever du Soleil au matin + coucher héliaque de Sirius opposé la veille au soir + axe de la porte du Sanctuaire, Coucher héliaque strict de Sirius le 9 mai -120.
Obtenus avec le site Quoi observer ce soir ?

Le lever héliaque d'étoiles lumineuses pour les fêtes celtiques est abordé par la paléoastronome Silvia CERNUTI dans l'ouvrage collectif Étoiles dans la nuit des temps p. 83 (Antarès du Scorpion pour Samain -lever héliaque strict vers le 8 novembre à l'époque, mais phénomène visible plutôt à partir de mi-novembre (vers le 17) compte tenu de sa proximité du Soleil et la hauteur dans le ciel -simulation-, Capella du Cocher pour Imbolc -mais je doute beaucoup de la visibilité du phénomène pour Imbolc car Capella est très basse au crépuscule nautique même le 1er mars (héliaque strict vers le 14 février), elle devient perceptible plutôt à partir de mi-mars -simulation-, Aldébaran du Taureau pour Beltaine -mais comme elle se lève après le Soleil début mai, son lever héliaque strict étant vers le 17 mai, elle devient visible plutôt début juin -simulation- et Sirius pour Lugnasad -son lever héliaque strict étant vers le 23 juillet, elle devient perceptible plutôt début août-). Ces dates concordent beaucoup moins bien avec les fêtes celtiques. Silvia CERNUTI développe aussi des exemples d'événements astronomiques comme le passage de comètes ou l'apparition de supernovae, frappés sur les monnaies gauloises. Elle interprète le dessin en courbes entrecroisées irrégulières en noeuds des deux résilles de bronze appliquées sur la panse de la cruche cérémonielle de BRNO-Malomerice (Moravie, partie orientale de la République Tchèque), comme des représentations des constellations du ciel d'été -Cygne, Aigle et Lyre- et du ciel d'hiver -Taureau-.

Compte tenu de l'absorption atmosphérique, les brumes et plus généralement l'état de l'atmosphère, il est quasi impossible d'observer un astre à l'horizon sauf dans de très bonnes conditions en altitude. On voit une étoile de première grandeur plutôt lorsqu'elle est plus haute au-dessus de l'horizon. À nos latitudes, les courses diurnes et nocturnes d'un astre sont nettement obliques par rapport à l'horizon. Il n'est pas forcément possible d'observer un coucher/lever vrai lorsque l'horizon est dégagé des reliefs, comme en plaine. On peut déjà se poser la question de quel lever/coucher tenir compte : le lever/coucher vrai ou le lever/coucher apparent ? Le mouvement de rotation du ciel n'était forcément pas inconnu des savants astronomes de l'époque. Considéraient-ils que l'astre sorte de l'horizon en prolongeant le mouvement de la trajectoire qu'ils observaient ? La perception des levers/couchers héliaques/acronyques est extrêmement dépendante de l'état de l'atmosphère et l'acuité visuelle de l'observateur. Aussi, je préfère parler de zone calendaire de perceptibilité plutôt que de donner une éphéméride précise au jour près qui n'a pas réellement de sens.

Dans son ouvrage Le Ciel des Romains, André LE BOEUFFLE évoque l'utilisation des levers matinaux et vespéraux d'étoiles brillantes attestée par plusieurs auteurs antiques latins. En effet, les premiers calendriers romains étaient irréguliers car ils tentaient d'associer l'année solaire aux lunaisons. Cette complexité luni-solaire fût réduite avec la réforme de Numa (362,5 j/an) puis le calendrier républicain vers -450 (366,25 j/an) mais toujours avec des jours intercalaires plus ou moins ajustés ou oubliés. L'auteur cite -48 comme ubuesque puisque l'année civile avançait de 3 mois sur l'année solaire. Jules César mit fin à ces irrégularités en -45 avec le calendrier dit Julien (365,25 j/an en moyenne), synchronisé sur le Soleil. Mais les paysans romains trouvaient depuis toujours la stabilité calendaire dans le ciel pour entreprendre les travaux agricoles. Ils utilisaient les étoiles brillantes et les constellations au lever et au coucher du Soleil :

Plusieurs siècles après l'adoption du calendrier solaire Julien, l'intérêt pour la datation stellaire disparut progressivement des écrits des grands auteurs.

Fêtons Belenos, Belisama ! le 08/05/2011 vers 6h47 du matin. Crédit : David ROMEUF pour Nuits Arvernes.

Une explication plausible de l'utilisation du triplet Soleil-Sirius-sommet Puy Saint-Romain- à l'oppidum de Corent pourrait être que les levers et couchers héliaques et acronyques de Sirius (ainsi que d'autres étoiles) sont nettement plus difficiles à percevoir que les levers et couchers du Soleil, compte tenu de la qualité et l'état de l'atmosphère à faible hauteur (brume, nuages d'altitude, ciel bouché, etc). Il ne faut évidemment pas de gros nuages sombres durant la période mais des cirrus ne sont pas forcément gênants.

Une autre hypothèse pourrait être que les fêtes celtiques équivalentes à Beltaine et Lugnasad devaient être célébrées à l'époque le jour où le Soleil se levait dans la direction où les Pléiades M45 se levaient aussi (les deux autres fêtes équivalentes de Samain et Imbolc, à l'opposé de cette direction). Il est ainsi très facile de repérer ce jour sans connaitre et utiliser de calendrier, pour le diffuser simplement sur tout un espace culturel. On retrouve ce groupe d'étoiles dans de nombreux textes antiques et sur le disque de Nebra, signe d'une importance remarquée pour eux. Pour un observateur, M45 est en effet une zone du ciel très facilement repérable par son aspect et sa forme. Cette hypothèse est sensible à la précession des équinoxes. En effet, cette direction reste juste sur un ou deux siècles autour de la date repérée sur l'horizon mais fausse à l'échelle des millénaires. Par exemple, les Pléiades se levaient plein Est à l'azimut +90° vers l'an -2900. Le Soleil se levait alors plein Est à l'équinoxe de Printemps, le 21/03 du calendrier Grégorien. Les Pléiades se levaient dans la direction de l'azimut +68° vers -300. Le Soleil se levait alors dans cette direction début mai.
Quoi qu'il en soit, cette zone du ciel du Taureau (et donc des Pléiades) semble avoir une grande importance pour les Celtes puisque PLUTARQUE
(environ 46 à 125 ap J.-C.) l'écrit explicitement dans De la face qui parait sur la Lune  de ses Œuvres morales, où il se questionne sur ce qu'est la Lune et relate d'un informateur : « ... Quand l'étoile de Saturne, que nous appelons Phénon, et qui, dans cette île, porte le nom de Nycture, entre dans le signe du Taureau, ce qui arrive après une révolution de 30 années, ils se préparent longtemps d'avance à un sacrifice solennel et à une longue à une longue navigation, que sont obligés d'entreprendre ... ceux que le sort à destinés à cette commission... Après y avoir demeuré 90 jours singulièrement honorés et bien traités par les naturels du pays, que les regardent comme des personnes sacrées et leur donnent le titre... Quand ils ont servi pendant 30 ans au culte de Saturne, ils sont libres de retourner dans leur patrie ;  mais la plupart préfèrent de vivre tranquillement dans cette île, les uns par l'habitude qu'ils en ont contractée, les autres parce que, sans travail et sans affaires, ils y trouvent abondamment tout ce qui leur est nécessaire pour leurs sacrifices, pour leur fêtes publiques, et pour l'entretien de ceux d'entre eux qui s'occupent continuellement de l'étude de la philosophie et des lettres... Comme ils possèdent l'art de la divination, ils annoncent souvent d'eux-mêmes l'avenir ; mais les prédictions les plus importantes, et qui roulent sur de plus grands objets, ils les font quand ils sortent d'auprès de Saturne, ... l'étranger de qui je tiens ce récit ayant été conduit dans l'île, y servit paisiblement ce dieu, et s'instruisit, pendant ce temps-là, dans l'astronomie. Il alla dans cette science aussi loin qu'il est possible quand on a fait les plus grands progrès dans la géométrie. Entre les parties de la philosophie, il cultiva particulièrement la physique.  ... ». Selon Patrice LAJOYE (CNRS USR 3486 de l'Université de Caen), ce texte regorge d'informations concernant les Celtes car l'informateur anonyme du carthaginois Sylla est très vraisemblablement un Breton qui décrit ce qui peut ressembler à un enseignement druidique et une manière de vivre dans plusieurs autres passages à la suite. Dans son article Les navigations et l'âme celte dans l'Antiquité (Ollodagos XVIII:3-39, SBEC).

On peut aussi remarquer que si le Soleil se lève à gauche du sommet du Puy de Saint-Romain nous sommes durant la saison chaude qui contient le solstice d'été (de Beltaine à Lugnasad). Si le Soleil se couche à gauche de la porte du sanctuaire alors nous sommes en saison froide qui contient le solstice d'hiver (de Samain à Imbolc).

Le tableau ci-dessous récapitule des phases du couple Soleil-Sirius (les deux étoiles les plus lumineuses du ciel) remarquables sur l'axe d'azimut 68-248°, axe du Sanctuaire dirigé vers le sommet du Puy de Saint-Romain :

Fêtes

et repères astronomiques à Corent

Soleil (DE406)

Crépuscule selon la hauteur du centre

Civil : de 0° à -6°
Nautique : -6° à -12°
Astronomique : -12° à -18°

Sirius (VSOP87)

Strict ou Cosmique : lever ou coucher en même temps que le Soleil.

héliaque-acronyque : lever de Sirius juste après que le Soleil se couche (début de sa période de visibilité le soir), coucher de Sirius juste avant que le Soleil se lève (fin de sa période de visibilité le matin).

Héliaque : lever de Sirius peu avant que le Soleil se lève (début de la période de visibilité le matin), coucher de Sirius peu après que le Soleil se couche (fin de la période de visibilité le soir).

Samain, Tri nox Samoni

repérée par le coucher du Soleil au dessus de la porte du Sanctuaire le soir (1er nov), et, le matin par la disparition progressive de Sirius dans les lueurs de l'aurore à son coucher, de jour en jour, de plus en plus au-dessus du Sanctuaire vers le 17. Sirius est en coucher héliaque-acronyque au-dessus de la porte du Sanctuaire le matin peu après le 12 novembre.
Véga est en lever héliaque. Les Pléiades sont en coucher héliaque-acronyque. Deneb est en lever héliaque vers le 17.

Soir : Coucher a=+248° h=2,7° au dessus de la porte du Sanctuaire, le 31 octobre 16:22 UT Matin : coucher acronyque strict a=+247°, vers le 12 novembre 06:51 UT.

Le 12 novembre Sirius se couchait en même temps que le Soleil se levait, elle est invisible car noyée dans la lumière solaire et trop basse à l'horizon.
Une ou deux semaines avant le 12 novembre, le Soleil se levait avant le coucher de Sirius, on ne pouvait pas observer de coucher. Il fait jour avant d'observer le coucher de Sirius. Mais on peut la voir disparaître noyée dans la lumière de l'aube au dessus du Sanctaire (à gauche de la porte) -simulation-.
Après le 12 novembre, le Soleil se levait après le coucher de Sirius. Le 13 novembre était le premier coucher héliaque-acronyque de Sirius perceptible au dessus de la porte du Sanctuaire -simulation-.

Le 1er novembre elle culmine à 13° de hauteur à l'azimut +231° soit assez loin de la verticale de la porte du Sanctuaire. Le 17 novembre, elle se couchait durant le crépuscule nautique au dessus de la porte du sanctuaire -simulation-.

Imbolc

annoncée par le dernier lever héliaque-acronyque de Sirius vers le 16 janvier (mais à 45° à droite du Puy Saint-Romain). Puis repérée par le coucher du Soleil au dessus de la porte du Sanctuaire le 15 février.
Véga est en coucher héliaque.

Soir : Coucher a=+248° h=2,7° au dessus de la porte du Sanctuaire, le 15 février 16:53 UT Soir : lever acronyque strict a=+112°, vers le 17 janvier 16:38 UT.

Le 17 janvier Sirius se lève en même temps que le Soleil se couche, elle est invisible noyée dans la lumière solaire et trop basse à l'horizon.
Avant le 17 janvier, le Soleil se couche avant que Sirius ne se lève. Donc on peut observer son dernier lever héliaque-acronyque le 16 -simulation-.
Après le 17 janvier, le Soleil se couche après le lever de Sirius. Sirius est déjà levée lorsque le Soleil se couche. On peut la voir apparaître basse vers l'horizon dans les lueurs du crépuscule par exemple le 19 janvier -simulation-.

Elle culmine à 15° de hauteur au crépuscule nautique le 1er février, à 22° de hauteur le 15 février au crépuscule civil -simulation-.

Beltaine

repérée par le coucher héliaque de Sirius début mai (1er) au dessus de la porte du Sanctuaire, puis le lever du Soleil derrière le Puy de Saint-Romain le 9 mai.
Deneb est en lever héliaque-acronyque.

Matin : lever a=+68° h=2,5° derrière le Puy de Saint-Romain axe de la porte du Sanctuaire, le 10 mai 04:43 UT Soir : coucher héliaque strict a=+247°, vers le 9 mai 19:06 UT.

Quelques jours avant le 9 mai, Sirius était visible le soir dans la lumière crépusculaire juste après le coucher du Soleil. Mi-Mars, Sirius culminait à 17° au dessus de l'horizon au moment du coucher du Soleil. Le 20 mars à 8° au crépuscule nautique -simulation-. Autrement dit, plus Sirius s'approchait de jour en jour de l'horizon au moment du coucher du Soleil et plus Beltaine s'approchait. À Corent elle se couchait de plus en plus au dessus du Sanctuaire. Le 2 mai offre sans doute les conditions limites de perception du dernier coucher héliaque très basse au crépuscule civil -simulation-. Le 9 mai elle se couchait géométriquement avec le Soleil, donc invisible. Après le 9 mai, elle se couchait avant le Soleil donc invisible.

Lugnasad

annoncée par le lever héliaque de Sirius début août (1er) dans une autre direction à 45° à droite du Puy Saint-Romain, puis repérée par le lever du Soleil derrière le Puy Saint-Romain le 10 août.
Capella et Hamal sont en lever héliaque-acronyque.

Matin : lever a=+68° h=2,5° derrière le Puy de Saint-Romain axe de la porte du Sanctuaire, le 10 août 04:52 UT Matin : lever héliaque strict a=+112°, vers le 23 juillet 04:23 UT.

Avant le 23 juillet, Sirius n'est pas visible car elle se lève après le Soleil. Juste après le 23 juillet, elle est géométriquement visible car elle se lève avant le Soleil mais la lumière crépusculaire est trop forte. Il faut attendre début août pour la percevoir pendant le crépuscule nautique. Le 1er août est sans doute son premier lever héliaque -simulation- durant le crépuscule civil. Le 10 août elle culminait déjà à 8° de hauteur durant le crépuscule civil -simulation-.

Notons aussi que ces dates ne partagent pas l'année en parties de durées égales mais que ce repérage par axe-anti-axe permet de suivre le vrai rythme de l'orbite elliptique de la Terre autour du Soleil (voir les notions associées d'équation du temps, analemme dans le temps solaire moyen/vrai). L'orbite de la Terre n'étant pas parfaitement circulaire mais elliptique, le Soleil avance parfois plus vite ou plus lentement qu'une vitesse moyenne constante sur l'écliptique/sonnocingos. Axe-anti-axe est un repère temporel calé sur le mouvement vrai du Soleil :


Jour Julien De Samain à Imbolc d'Imbolc à Beltaine de Beltaine à Lugnasad de Lugnasad à Samain
Samain -121 1677531,5 107 jours - - -
Imbolc -120 1677638,5 - 84 jours - -
Beltaine -120 1677722,5 - - 92 jours -
Lugnasad -120 1677814,5 - - - 82 jours
Samain -120 1677896,5 - - - -

De nos jours, compte tenu de l'effet de la précession des équinoxes sur 2000 ans, le coucher héliaque strict de Sirius est plutôt le 23 mai à l'azimut + 246° (soit - 2° d'écart avec la porte du Sanctuaire, 4 diamètres lunaires sur la gauche). Son lever héliaque strict est plutôt le 8 août à l'azimut + 113°, on la voit alors apparaître quelques jours plus tard dans les lueurs de l'aube avant le lever du Soleil. Son coucher héliaque-acronyque est plutôt vers le 26 novembre à l'azimut + 246°, son lever héliaque-acronyque vers le 2 février à l'azimut + 113°. Les moments des levers et couchers du Soleil dans l'année solaire tropique, et donc par rapport un azimut du lieu, ne sont sensibles qu'à la variation de l'obliquité de l'écliptique (variation d'1,3° sur 41.000 ans autour de l'inclinaison moyenne de 23,5°). L'obliquité de l'écliptique provoque les saisons, elle est l'un des paramètres de Milankovitch pour la modélisation de la variation climatique.

À ce jour, pour le site de l'oppidum, nous n'avons pas trouvé de lien évident avec la Lune qui rythmait plus les semaines (avec ses phases) et, le "mois" (avec sa période). La Lune était très importante pour les gaulois puisqu'il s'agit de la vrai nature de leur calendrier synchronisé sur les phases. Idem pour les planètes lumineuses, astres errants dans le ciel et proches de la trajectoire du Soleil, qui pouvaient selon les années, s'ajouter à Sirius... (Je prévois le développement d'un logiciel spécifique pour le calcul de ces rapprochements et configurations particulières dans le ciel Arverne).

Les résultats des campagnes de fouilles de l'oppidum de Corent ont mis en évidence l'importance de ce site chez les Arvernes. Il s'agit probablement du centre politique et religieux des Arvernes, la capitale. Le géographe Grec STRABON (d'environ -58 à +25) évoque leur capitale Nemossus / Nemossos " ... C'est dans le voisinage du Liger (la Loire en gaulois mais en fait l'Allier "Elaver" qui est un affluent de la Loire) que sont établis les Arvernes : ce fleuve baigne les murs de Nemossus, leur capitale, puis il passe à Cenabum (Orléans), principale emporium ou marché des Carnutes, dont l'emplacement marque à peu près le milieu de son cours, pour se diriger de là vers l'Océan où il se jette. Ce qui peut donner une haute idée de l'ancienne puissance des Arvernes, c'est qu'ils se sont mesurés à plusieurs reprises avec les Romains et leur ont opposé des armées fortes de 200.000 hommes, voire même du double, car l'armée avec laquelle Vercingétorix combattit le divin César était bien de 400.000 hommes ... Avec César, la lutte s'engagea d'abord devant Gergovia, ville des Arvernes, bâtie au sommet d'une haute montagne et patrie de Vercingétorix ... Ajoutons que les Arvernes, non contents d'avoir reculé les limites de leur territoire jusqu'à Narbonne et aux confins de la Massaliotide, étaient arrivés à dominer sur la Gaule entière, depuis le mont Pyréné jusqu'à l'Océan et au Rhin. Enfin le fait suivant peut donner une idée de l'opulence et du faste de Luerius, père de ce fameux chef, Bituit, qui livra bataille à Maximus et à Domitius : pour faire montre de sa richesse aux yeux du peuple, il aimait à se promener en char dans la campagne en jetant de droite et de gauche sur son passage des pièces d'or et d'argent, que ramassait la foule empressée à le suivre... ", Géographie de STRABON, Chapitre IV.2.3. Les linguistes rapprochent Nemossos de Nemeton qui désigne "un sanctuaire" en gaulois. Le suffixe *nemo(s)- désigne "le ciel" en gaulois, *nemessos en vieil irlandais. Une étude récente rapproche par consonance Nemossos/Nemossus de Nemausus, nom antique de Nîmes dont le culte du dieu de l'importante source d'eau sacrée a donné son nom à cette ville. Nemossos désignerait alors une divinité ou une entité mais pas un sanctuaire ou un espace sacré "téménos".

 

Que pouvons-nous en conclure ?


Et les autres directions ?

Direction
(azimut)
Commentaires
- 20° ou
+ 340°
Azimut quasi exact du coucher vrai de l'étoile Capella de la constellation du Cocher (Auriga). Son coucher est très oblique venant de l'Ouest car il est proche du Nord géographique.
Les constellations qui se couchaient dans la zone étaient : le Cocher (ou Chariot), le Petit Lion, le Bouvier, la Lyre, le Cygne et Persée.
+ 22° Zone des levers vrais de Capella (+20° à l'horizon mais + 22-23° lorsqu'elle culmine à 1° au dessus de l'horizon (2 x Soleil), soit une condition bien minimale pour percevoir un lever apparent). Capella est en lever héliaque-acronyque pour Lugnasad.

Les levers vrais de Véga (+ 25.5°) et Deneb (+ 24°) sont proches de cette zone. Véga est en lever héliaque pour Samain début novembre, Deneb est en lever héliaque vers le 17 novembre. Deneb est en lever héliaque-acronyque pour Beltaine.

C'est aussi la direction de la source abondante d'eau de l'oppidum qui forme un lacquet. L'alignement sommet-diagonale du sanctuaire-source est à l'azimut + 23,5°, ce qui très favorable pour le lever apparent rasant de Capella.

Pour Matthieu POUX, il s'agit de l'axe fondateur de la construction de l'enceinte du sanctuaire. POUX, Matthieu (dir.), 2011. Corent, Voyage au coeur d'une ville gauloise. Editions Errance, Paris, 2011 ISBN 978-2-87772-427-2, page 54 et 55, La main de l'architecte.

Zone du lever des constellations du Cocher (ou Chariot), le Petit Lion, le Bouvier, la Lyre, le Cygne et Persée.

- 26° ou
+ 334°
Azimut du coucher vrais des étoiles phares du ciel d'été Véga (- 25.5°) et Deneb (- 24°). Favorable aux couchers apparents héliaques ou héliaque-acronyques de Deneb.

Coucher héliaque de Véga pour Imbolc.

+ 54° Azimut du lever du Soleil au Solstice d'été.
+ 68° Azimut du lever du Soleil pour Beltaine et Lugnasad. Proche de l'azimut du lever vrai de l'amas des Pléiades M45 -si remarqué dans l'Antiquité- dans le Taureau (+ 67°, lever héliaque apparent vers le 14 mai -simulation-) et du lever héliaque-acronyque début août de Hamal (+ 71°) dans le Bélier. Zone du lever de la constellation du Bélier (mouton mâle).
+ 248° Azimut du coucher du Soleil pour Samain et Imbolc.

Proche de l'azimut des couchers héliaque et héliaque-acronyque de Sirius quasi au-dessus de la porte du sanctuaire (vue de la place) pour Beltaine et Samain. (Coucher vrai à l'azimut + 247°).

Zone du coucher des Constellations : du Serpent, de l’Écu, des Poissons, de la Baleine, du grand chasseur Orion, du Grand Chien, de la Coupe, du Corbeau, de l’Hydre, de la Balance, et du Scorpion.

Parmi les autres directions représentées sur le plan des fouilles ci-dessus, un couple nous paraît plus "intéressant" que les autres avec l'orientation des constructions centrales et l'axe fondateur du sanctuaire. Il s'agit de l'azimut - 20° qui est la direction du coucher géométrique à hauteur nulle de l'étoile Capella de la constellation du Cocher (pour l'époque, avec une trajectoire très oblique rasante) . Et surtout + 22/23°, qui est l'azimut du lever rasant de Capella lorsqu'elle culmine à 1° de hauteur au-dessus de l'horizon (2 x Lune), soit une condition bien minimale pour observer ses levers apparents, son lever héliaque mi-mars et son lever héliaque-acronyque début août (Lugnasad). Capella était visible le soir de début août à fin mai, et visible le matin de mi-mars à mi-décembre. Capella est donc visible matin et soir de mi-mars à fin mai et de début août à fin décembre. Capella est la 6ie étoile la plus lumineuse de la sphère céleste, la 3ie de l'hémisphère Nord. On la reconnaît très facilement dans le ciel par son fort éclat particulier.

Capella est le diminutif de "capra" en latin qui signifie "chevrette". Pour les Romains, Capella est la chèvre Amalthée qui nourrit Jupiter de son lait. Ils la placent dans la constellation de l'Auriga (Cocher), conducteur d'un char léger tiré par deux chevaux. Cette zone du ciel était un chariot pour les Assyriens, un char "rubiki" pour les Babyloniens, membre de l'astérisme Wuche qui représente cinq chars pour les Chinois. Les grecs l'avaient assimilée au roi d'Athènes Erichtonios, inventeur du char à quatre chevaux.

On retrouve donc l'entité du "char civil ou militaire" dans toutes ces civilisations. Le diminutif qui nous est parvenu est une chèvre. Les fouilles dirigées par Matthieu POUX ont livré une majorité d'ossements de jeunes caprinés sacrifiés (moutons, chèvres) ce qui n'est pas habituel en Gaule où les autres sanctuaires ont livré une majorité de boeufs et de porcs sacrifiés (voir FOUCRAS, Sylvain, 2010, Thèse de doctorat, Animaux domestiques et faunes sauvages en territoire Arverne). La diagonale sud-ouest nord-est du sanctuaire est l'axe fondateur de sa construction, l'orientation de l'enceinte quadrangulaire (voir p 54-55, La main de l'architecte, POUX, Matthieu (dir.), 2011. Corent, Voyage au coeur d'une ville gauloise. Editions Errance, Paris, 2011 ISBN 978-2-87772-427-2). Le sommet du Puy de Corent, la diagonale fondatrice (du tracé au cordeau par symétrie de l'enclos et des constructions voir TOUPET, Christophe, 2004, Vers une géométrie des enclos quadrangulaires celtiques) et la source de l'oppidum, sont alignés en direction du lever lent et rasant de Capella (+ 22, 23,5°). Capella est en lever héliaque-acronyque début août. Le sommet du Puy de Corent offrant un haut belvédère d'observation -point remarquable plus haut de 40 m que le bas du plateau-, un antique/protohistorique savant astronome avait-il remarqué que Capella se levait au-dessus de la direction de la source d'eau nourricière de l'oppidum avant l'édification et le placement du sanctuaire ? On peut se poser la question tant le placement semble ajusté entre ces deux points remarquables. Nous avons "la chèvre" à l'azimut + 22° mais n'oublions pas que nous avons aussi le lever de la constellation zodiacale du Bélier (et donc le mouton) avec son étoile la plus lumineuse Hamal (+ 71°), au-dessus du Puy de Saint-Romain, dans l'axe de la porte du sanctuaire, autour de l'azimut + 68°. La constellation zodiacale du Bélier est en lever héliaque-acronyque début août à cette époque. Compte tenu de leur position respective dans le ciel, Capella et le Bélier, c'est à dire la "chèvre et le mouton" se lève quasi en même temps durant leurs courses diurne et nocturne (30 minutes entre les deux étoiles principales Capella et Hamal -simulation-). Ils sont donc en lever héliaque-acronyque à la même période, à la tombée de la nuit début août -simulation-, et, se lèvent au début du crépuscule nautique aux toutes premières lueurs début mai -simulation-, juste avant lever du Soleil derrière le sommet du Puy de Saint-Romain, sémaphore pour Beltaine et Lugnasad. Signalons aussi que nous étions à la fin de l'Ère du Bélier à cette époque, c'est à dire un fait probablement très important aux yeux des savants antiques (égalité de la durée du jour et de la nuit, le point vernal ou l'intersection de l'écliptique avec l'équateur céleste dans le sens montant, soit la direction de l'équinoxe de printemps, la position du Soleil à l'équinoxe de printemps était dans la constellation zodiacale du Bélier durant l'âge du bronze puis du fer). De nombreux crânes de Bélier furent exhibés sur la structure sacrificielle en poteaux face à la porte du sanctuaire. Y a-t-il un lien réel avec cette majorité de caprinés sacrifiés découverts par les fouilles dans ce sanctuaire ? S'agit-il d'une pure coïncidence ? On peut se poser la question d'une corrélation entre les données topo-astronomiques -la mythologie associée- et les données archéozoologiques issues des fouilles.


Diagonale fondatrice du sanctuaire (rouge) pour le tracé au cordeau reporté, de l'enclos et des bâtiments. Crédit : Matthieu POUX


Directions de Capella (la chèvre) et le Bélier (mouton) dans le ciel reportées sur le plan et les axes du sanctuaire.
Représentations de Jacob Micyllus 1535. Lien réel avec la préférence sacrificielle des caprinés sur ce site ?

Les astroLogues en rajoutent en affirmant que "Capella présageait des honneurs civils et militaires, et de la richesse" (d'après Richard Hincley Allen dans Star-Names and their Meanings, 1899, p. 88). D'où vient cette dernière affabulation ? De lointaines croyances ?

Avec beaucoup de prudence lorsque nous l'écrivons : il y a un lien au moins conceptuel avec le Sanctuaire, reste à le démontrer localement et par l'étude de l'orientation d'autres sanctuaires.


Représentation de la zone du Cocher décrit par Gaius Jules Higinus (-64 av JC)
dans « Liberti Fabularum Liber, poëticon astronomicon » par Jacob Micyllus 1535.
Cette représentation est une sorte de synthèse mythologique (char, chèvre, chevaux, boeuf)... Capella sur l'épaule.

Le tableau ci-dessous récapitule les dates de levers/couchers héliaques/acronyques des étoiles que nous avons traitées :

strict

Lever héliaque début de la période de visibilité le matin

Coucher héliaque fin de la période de visibilité du soir

Lever héliaque-acronyque
début de la période de visibilité du soir

Coucher héliaque-acronyque fin de la période de visibilité du matin

Sirius

23/07/-120 (+112°) perceptible plutôt début août 01/08 pour LUGNASAD.

08/08/2011 (+113°)

09/05/-120 (+247°) perceptible plutôt début mai 01/05 pour BELTAINE.

23/05/2011 (+246°)

17/01/-120 (+112°) perceptible plutôt début janvier.

02/02/2011 (+113°)

12/11/-120 (+247°) perceptible plutôt mi-novembre 17/11 (après SAMAIN).

26/11/2011 (+246°)

Capella

14/02/-120 (+20°) perceptible plutôt mi-mars 15/03 (+30j).

14/06/-120 (+340°) perceptible plutôt fin mai 25/05 (-20j).

17/08/-120 (+20°) perceptible plutôt début août 06/08 (-10j) pour LUGNASAD.

15/12/-120 (+340°) perceptible plutôt fin décembre 22/12 (+7j).

Véga

15/10/-120 (+25°) perceptible plutôt fin octobre 27/10 (+15j) pour SAMAIN.

18/02/-120 (+334°) perceptible plutôt début février 06/02 (-12j) pour IMBOLC.

11/04/-120 (+25°) perceptible plutôt début avril 05/04.

25/08/-120 (+334°) perceptible plutôt début septembre 01/09.

Deneb

05/11/-120 (+24°) perceptible plutôt mi-novembre 17/11 (après SAMAIN).

15/03/-120 (+336°) perceptible plutôt début mars 01/03.

04/05/-120 (+24°) plutôt perceptible fin avril le 27/04 pour BELTAINE.

19/09/-120 (+336°) plutôt perceptible fin septembre 24/09.

Hamal

04/03/-120 (+71°) perceptible plutôt début avril 06/04.

05/04/-120 (+288°) perceptible plutôt fin mars 23/03.

04/09/-120 (+71°) perceptible plutôt début août 08/08 pour LUGNASAD.

09/10/-120 (+288°) perceptible plutôt mi-octobre 18/10.

M45

14/04/-120 (+67°) perceptible plutôt mi-mai fin-mai 20/05 (après BELTAINE).

26/04/-120 (+293°) perceptible plutôt mi-avril 11/04.

13/10/-120 (+67°) perceptible plutôt mi-septembre 19/09.

29/10/-120 (+293°) perceptible plutôt début novembre 8/11 pour SAMAIN.




Dernier éclat pour Imbolc 2012-02-12 au-dessus de la porte du Sanctuaire.


D'autres exemples avec une orientation similaire :

Le temple de la Cave d'Essarois ?

Février 2012 : Dans son article Autour du plateau de Corent publié dans le bulletin n°246 de la Société de Mythologie Française (S.M.F), Jean-Paul LELU évoque l’existence d'un sanctuaire orienté à l'identique de celui de Corent. Le temple de la Cave d'Essarois, fouillé entre 1962 et 1964 par Roger DAVIET semble lui aussi orienté dans la direction du lever du Soleil début mai et début août (auncune allusion n'est faite sur la direction opposée). Voici la conclusion de Roger DAVIET extraite de son article du Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Châtillonnais S.A.H.C, 4e série, n°3, pages 80 à 86 :



Les plans réalisés en 1964 par Roger DAVIET révèlent une grande similitude avec les constructions du sanctuaire de Corent. L'axe fondateur est orienté à l'azimut +22° reproduisant aussi la même proportion, l'axe principal des fana est aussi orienté à +67°, chaque cella est orientée à l'azimut -20°. La différence de valeur entre Corent et Essarois provient de la différence en latitude des deux sites.

Corent :

Le sanctuaire de Jublains (Mayenne) ?

Plans extraits de l'article de Jacques NAVEAU : Le plan antique de Jublains (Mayenne) dans la Revue d'archéologie de l'Ouest, Tome 3, 1986, pp. 107-117.

À l'époque gallo-romaine le decumanus fut orienté sur l'azimut +63° avec le cardo à +153°, mais le temple (ancien sanctuaire gaulois, 450 avant J.C.) fut orienté sur l'azimut +69° soit une différence notable de 6°.

Figure 3 page 109 :

Figure 3 page 109 :

Le temple est manifestement orienté sur le sommet du Bois du Teil (Theil ou Tay) sur lequel fut construite la Chapelle Saint-Yves (à exactement +68.8°, et distant de 5552 m pour 254 m d'altitude). Comme l'altitude du sanctuaire de Jublains est de 153 m, (254-153)=101 m de dénivelé représente une hauteur d'environ 1° pour l'apparition du lever du Soleil. Cette configuration avec un sommet comme point remarquable est similaire au sanctuaire de l'oppidum de Corent.

Vue avec Google Earth et Google Street View du sanctuaire de Jublains et son horizon (relief x3 dans Google Earth) :



IGN Géoportail : calcul de l'azimut et la distance entre le temple de Jublains et la Chapelle Saint-Yves du Bois du Teil :

Le Soleil se lève au-dessus du sommet du Bois du Teil (limbe inférieur tangent, centre du Soleil à 1.2° de hauteur et azimut +68.8°) et donc dans l'axe du temple de Jublains, environ le 03 mai Julien (ce qui correspond au 01 mai Grégorien pour l'époque). Il s'agit de la direction du lever du Soleil pour la période de Beltaine (début mai) et Lugnasad (début août), à l'opposé +248° au coucher du Soleil pour Samain (début novembre) et Imbolc (début février). Ces repères annoncent la période des fêtes celtiques.

Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde ?

Plans extraits de l'article de Jean-Louis BRUNAUX et Patrice MENIEL : Le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde (Oise), Structures et rites, les animaux du sacrifice, dans la Revue d'archéologie de Picardie N°1, 1983, Les celtes dans le nord du bassin parisien pp. 165-173.

La direction de l'azimut +68°correspond (pour la latitude du site) à la direction du lever du Soleil pour la période de Beltaine (fin avril début mai) et Lugnasad, à l'opposé +248° au coucher du Soleil pour Samain et Imbolc. Ces repères annoncent la période des fêtes celtiques.

Figure 1 page 166 :

Figure 2 page 168 :

Figure 5 page 17 dans La France du Nord par Jean-Louis BRUNAUX et Claude MALAGOLI avec la participation de Gérard BATAILLE et Bernard LAMBOT, Gallia, Tome 60, 2003 :

 

Le sanctuaire de Saint-Maur (Les Catelets) ?

Plan extrait de l'article de Jean-Louis BRUNAUX : Les sanctuaires celtiques de Gournay-sur-Aronde et de Ribemont-sur-Ancre, une nouvelle approche de la religion gauloise, dans les Comptes-rendus des scéances de l'Académie des Inscriptions et Belle-Lettres, 141e année, N.2, 1997, pages 576.

La direction de l'azimut +68°correspond (pour la latitude du site) à la direction du lever du Soleil pour la période de Beltaine (fin avril début mai) et Lugnasad (debut Août), à l'opposé +248° au coucher du Soleil pour Samain et Imbolc. Ces repères annoncent la période des fêtes celtiques.

Figure 4 page 576 :

 

Le sanctuaire de La Villeneuve-au-Châtelot (Les Grèves) ?

Plan extrait de : La France du Nord par Jean-Louis BRUNAUX et Claude MALAGOLI avec la participation de Gérard BATAILLE et Bernard LAMBOT, Gallia, Tome 60, 2003.

La direction de l'azimut +68°correspond (pour la latitude du site) à la direction du lever du Soleil pour la période de Beltaine (fin avril début mai) et Lugnasad (debut Août), à l'opposé +248° au coucher du Soleil pour Samain et Imbolc. Ces repères annoncent la période des fêtes celtiques.

Figure 44 page 72 :

Plan extrait de : Les installations cultuelles celtiques. Un aperçu de la recherche en France, 2001, Thierry LEJARS.

Figure 5a page 271 d'après PIETTE 1994 :

La nécropole gauloise de Tartigny ?

Plan extrait de l'article de Jean-Luc MASSY : La nécropole gauloise de Tartigny (Oise), dans la revue d'archéologie de Picardie, N°3-4, 1986, pp 13-22.

La direction de l'azimut +68°correspond (pour la latitude du site) à la direction du lever du Soleil pour la période de Beltaine (fin avril début mai) et Lugnasad (debut Août), à l'opposé +248° au coucher du Soleil pour Samain et Imbolc. Ces repères annoncent la période des fêtes celtiques.

Figure 2 page 14 :

 

Le sanctuaire de Macé - Les Hernies (Basse-Normandie) ?

Plan extrait du rapport de fouille réalisé par G. Leclerc et J.D. Desforges. On retrouve deux orientations dans le sanctuaire : une principale à +66° pour le plus grand fanum 1 et le péribole, et une autre à +63° pour le plus petit fanum 2.

À l'époque gallo-romaine le centre du Soleil se levait dans la direction +66°, les 05 mai et 16 août Julien (soit les 03 mai et 14 août Grégorien de notre calendrier). Le centre du Soleil se levait dans la direction +63°, les 11 mai et 10 août Julien (soit les 09 mai et 08 août Grégorien). C'est à dire pour la période des fêtes celtiques.

 

 

Lugdunum ?

Un article très intéressant qui va dans le sens des mêmes orientations archéo-astronomiques pour Lugdunum (Lyon: rues, temple municipal, sanctuaire) : RAE par Marco V. García Quintela et A César González-García.


 


Liens vers textes antiques qui décrivent les Gaulois, les Celtes :

 


Liens vers Astronomie et Gaulois :


Liens vers les calculs astronomiques et simulations à long terme :


Liens vers textes antiques et astronomie :

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Liens vers d'autres sites archéoastronomiques :


Liens vers sites et ouvrages :