Astronomie, croyances et superstitions dans l'Histoire

Notes de lectures, Citations, Discussions, Iconographie et Bibliographie

Croyance : Par opposition au savoir rationnel et à la certitude objective. Conviction intime, concernant l'existence d'un être, la réalité d'une situation, la probabilité d'un évènement (dictionnaire de l'Académie Française).

Superstition : Vaine croyance, qui prête un caractère sacré à certains phénomènes, à certains actes, à certaines paroles (dictionnaire de l'Académie Française).

Présage : Signe grâce auquel on pense connaître ce qui doit advenir. Conjecture, pressentiment que l'on forme d'après ce signe (dictionnaire de l'Académie Française).

Rationnel : Qui relève de la raison, de l'entendement ; qui est fondé sur le raisonnement et non sur l'expérience. Qui est conforme à la logique, au bon sens, à la sagesse ; raisonnable, sensé (dictionnaire de l'Académie Française).

Scientifique : Méthode précise et rigoureuse, propre aux sciences. Système de connaissances rationnelles ou expérimentales sur un objet déterminé (dictionnaire de l'Académie Française).

par David ROMEUF 01/2019 (révision xx)

« 50. Le lendemain, César fit sortir, à son ordinaire, toutes ses troupes des deux camps, ... il offrit la bataille à Arioviste [roi Celto-Germain] ; mais voyant qu'il ne l'acceptait pas, il fit rentrer toutes ses troupes vers midi ... César, ayant demandé aux prisonniers pourquoi Arioviste refusait le combat, il apprit que, chez les Germains [Celto-Germains], c'étaient les mères de famille [prophétesses, magiciennes] qui, par des charmes et des sortiléges, réglaient le temps des batailles, et qu'elles avaient dit que les [Celto-] Germains ne pouvaient se flatter de vaincre, s'ils combattaient avant la nouvelle lune. 51. Le lendemain, César laissa dans les deux camps ce qu'il jugea suffisant pour les garder, et mit en bataille, à la tête de son petit camp, toutes ses troupes auxiliaires.  »

Jules César, La guerre des Gaules, Livre I, 50.

« Alors survint une éclipse de lune. Les Gaulois, qui conduisaient à leur suite dans des chariots leurs femmes et leurs enfants et se plaignaient depuis longtemps des fatigues de la marche, considérèrent cet accident comme de mauvais augure et refusèrent d'aller plus avant.  »

Polybe, Histoire générale, Volume I, Livre 5, XVI.

« L'ennemi craignant que les Romains ne profitassent de la nuit pour quitter leur position et se sauver par la route de Verrug, voulut la leur fermer et vint à leur rencontre. Le combat s'engagea de nuit ; mais alors, comme la lune était dans son plein, on n'y vit pas moins clair qu'eu un combat de jour. Cependant, les cris portés à Verrug, où l'on crut le camp romain assiégé…  »

TITE-LIVE, Histoire Romaine, Livre 5, XXVIII.

« Nicias ... Mais la lune s'étant éclipsée, une vaine superstition lui fit craindre que cela ne fût le présage de quelque malheur. Il suspendit sa marche … Cependant s'il eût seulement consulté des gens éclairés sur cette éclipse, il n'en fallait pas davantage, je ne dis pas pour ne point laisser échapper le temps de poursuivre sa marche, mais pour faire servir même cet événement à son dessein, à cause de l'ignorance des ennemis ; car l'ignorance de ceux avec qui l'on a affaire est pour les hommes habiles le chemin qui conduit le plus sûrement aux heureux succès. C'est là ce qui rend la connaissance de l'astronomie indispensable aux hommes de guerre.  »

Polybe, Histoire générale, Livre 9, XVII.

Sommaire

 

DISCUSSIONS

L'éclipse totale de la Lune du 25-26 septembre 52 BC a-t-elle influencée la bataille finale d'Alésia et la décision de reddition ?

Comment expliquer l'inaction de l'armée de secours de Vercingétorix ? Débat initié le 19 juin 2014 sur le forum de l'Arbre Celtique
http://www.arbre-celtique.com/forum/viewtopic.php?f=3&t=5956&start=75#p73812

 

ICONOGRAPHIES :


Ci-dessus : Illustration schématique du phénomène d'éclipse totale centrale de Lune. Pour les besoins de la compréhension, les dimensions relatives et les distances des trois corps (Soleil, Terre, Lune), ainsi que l'épaisseur relative de l'atmosphère, ne sont pas respectées. Un rayon solaire qui traverse l'atmosphère terrestre est incurvé (par réfraction) vers le centre de la Terre ; de plus, ses composantes de lumière violette et bleue sont beaucoup plus éteintes (par diffusion Rayleigh) que ses composantes verte et rouge surtout. Le point « c » correspond au sommet du cône d'ombre théorique de la Terre. Dans le cône, entre c et la surface de la Terre, la lumière du Soleil est géométriquement masquée par le globe terrestre. Un observateur ne reçoit que la lumière en provenance des autres étoiles et des planètes du système ET la lumière solaire filtrée rouge et déviée par l'atmosphère terrestre. Les lieux « p » sont dans le cône de pénombre, c'est-à-dire qu'un observateur sur la Lune observerait une portion de la surface solaire masquée par la Terre. Lorsque le globe lunaire est immergé en totalité dans le cône d'ombre théorique de la Terre, l'éclipse est dite totale ; elle est centrale si le centre de la Lune passe bien par l'axe du cône -sur lui, à une distance donnée de la Terre, l'irradiance due à la lumière déviée et rougie est minimale-. Lorsque la Lune est partiellement en dehors du cône d'ombre de la Terre, l'éclipse est dite en phase de partialité ; on observe la projection du cône d'ombre théorique de la Terre sur sa surface. Infographie : David ROMEUF et Luc DETTWILLER. Crédit photo : Soleil en lumière blanche avec taches : Patrick PELLETIER. Terre & Lune : NASA/JPL 16/12/1992 sonde Galileo conjonction terre-lune en quartier.

Note globale pour toutes les illustrations réalisées avec le logiciel de planétarium STELLARIUM :

Nous utilisons l’excellent logiciel de Planétarium STELLARIUM pour simuler le rendu de la nuit de l’éclipse. Les heures indiquées dans ces illustrations sont données en temps solaire moyen UTC (ex GMT), qui par convention et usage pratique, positionne et oriente le globe terrestre avec 0 h à minuit. Ces heures affichées dans le fuseau du méridien de Greenwich, sont donc corrigées des irrégularités de rotation de la Terre sur elle-même (connues sous le nom de Delta T). Le cumul de ces irrégularités rend l’heure / temps UTC non uniforme – puisqu’elle suit la position moyenne du Soleil dans le ciel au méridien de Greenwich –  d’où plusieurs heures de différence pour une date antique par rapport au temps atomique régulier et uniforme (TAI, temps des éphémérides astronomiques TT, TD) puisque le temps atomique ne cherche pas à compenser les irrégularités de rotation de la Terre. Ainsi le milieu de l’éclipse BC0052-09-25 23h23 UTC (date et heure solaire civile par nature irrégulière à l’échelle millénaire mais en phase avec l’heure solaire) est en fait le BC0052-09-26 02h28 dans le temps atomique régulier TT/TD/TAI. Les irrégularités de rotation cumulées de la Terre sur elle-même, sont proches de 3 h (11 040 secondes) pour l’année 52 BC. L’année affichée suit la convention des astronomes qui considèrent une année numéro 0. Donc l’année BC 0052 des historiens est l’année – 0051 pour les astronomes. Nous avons paramétré le logiciel Stellarium afin d’utiliser la théorie DE431 de NASA JPL pour la position précise de la Lune et des planètes de l’année – 13 200 à l’année + 17 191. Ce logiciel intègre aussi les calculs de la précession des équinoxes. La ligne bleue représentée sur ces illustrations est l’équateur céleste (plan de l’équateur terrestre projeté dans le ciel du lieu d’observation, ici Alésia). La ligne verte est le méridien du lieu d’observation, ligne qui rejoint les points cardinaux nord (N) et sud (S) en passant par le point le plus haut dans le ciel du lieu, le zénith noté (Z). Ces simulations sont présentées comme si un observateur observait le ciel en direction du sud. Le point (Z) est donc au-dessus de lui. Les astres culminent au plus haut de leur course diurne et nocturne lorsqu’ils passent le méridien. La ligne orange représente l’écliptique, trajet annuel du Soleil devant le fond des étoiles qui nous paraissent fixes (inscription sonno-cingos sur le calendrier gaulois de Coligny), ou par extension, le plan orbital de la Terre vu par la tranche et projeté dans le ciel du lieu d’observation. Les planètes et la Lune ne s’écartent pas beaucoup de l’écliptique car l’inclinaison du plan de leur orbite est faible par rapport à celui de la Terre. Les constellations traversées par l’écliptique (donc par le Soleil) sont les constellations dites zodiacales.

Répertoire des fichiers des illustrations et vidéos de Planétarium (Stellarium) de l'éclipse totale centrale de la Lune du 25 au 26 septembre 52 BC (période proche de la bataille finale du siège d'Alésia) ici.

Éclipse de Lune BC 52 09 25-26 from David ROMEUF on Vimeo.

Vidéo Stellarium de l'éclipse lunaire du 25 septembre 52 BC


Ci-dessus : P1 : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC au moment du début de la partialité, le 25 vers 21 h 26 TU. Le Soleil s'est couché sur Alésia vers 17 h 38 TU ce même jour qui était aussi l'équinoxe d'Automne. La pleine lune apparait juste après, de tout son éclat, mais commence à entrer dans le cône d'ombre de la Terre vers 21 h 26. On reconnait les étoiles les plus lumineuses, et Jupiter qui se lève au nord-est.


Ci-dessus : P2 : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC au moment du début de la totalité, le 25 vers 22h31 TU. La Lune est maintenant entrée en totalité dans le cône d'ombre de la Terre. Sa surface n'est plus éclairée directement par le Soleil. Elle est maintenant beaucoup plus sombre que la pleine lune et rougeâtre mais pas encore au minimum de son éclat et sa teinte. L'éclipse a lieu à la sortie des Poissons, alors que la Lune rentre dans la constellation du Bélier. La constellation du Taureau, les Pléiades, sont justes à l'Est de l'éclipse totale, entre Jupiter et la Lune.


Ci-dessus : P3 : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC au milieu de la totalité, le 25 vers 23h24 TU. La lune est éclipsée en totalité depuis une trentaine de minutes. Elle est alors au plus haut de sa course dans le ciel, au méridien. Cette éclipse de magnitude 1.8 était l'une des plus sombres possibles, dite « centrale », car elle passait par le centre du cône d'ombre de la Terre. Elle est de l'ordre de 100.000 fois moins lumineuse que la pleine lune mais reste visible bien rouge.


Ci-dessus : P4 : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC au moment de la fin de la totalité, le 26 vers 00h16 TU. La Lune sort progressivement du cône d'ombre de la Terre. Elle est redevenue globalement plus lumineuse. Sa surface sera progressivement éclairée à nouveau directement par le Soleil.


Ci-dessus : P5 : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC au moment de la fin de la partialité, le 26 vers 01h21 TU. La Lune est de nouveau à l'extérieur du cône d'ombre de la Terre. Elle a repris son fort éclat de pleine lune. La vision du paysage et de l'horizon nocturne est de nouveau possible depuis quelques dizaines de minutes, on peut de nouveau se déplacer sans problème, la nuit n'est plus sombre.


Ci-dessus : P6 : Illustration du lever héliaque de Saturne après l'éclipse totale de Lune du 25-26 septembre 52 BC, le 26 vers 04 h 50 TU, au lendemain de l'équinoxe d'automne, à l'aube. La pleine Lune va se coucher. La planète Jupiter et l'étoile Sirius (la plus brillante du ciel) passent au plus haut de leur course nocturne, au méridien. La planète Saturne se lève juste avant le Soleil, plein Est, dans les lueurs orangées crépusculaires du lever du Soleil. C'est un lever héliaque de Saturne qui se reproduisait à cette période de l'année, fin septembre-début octobre, proche de l'équinoxe d'automne, environ tous les 29-30 ans autour de 52 BC. Autour du 26 septembre 52 BC, Saturne redevenait visible le matin après une période d'invisibilité car elle était trop proche du Soleil – dans le ciel – pour être observée. De même, c'était une période de lever héliaque de Saturne, arrivant tous les 29-30 ans début mai (10) autour de 64 BC. Saturne était la planète la plus lente connue dans l'Antiquité. Sa période de 30 ans (sidérale = 29 ans et 166,98 jours) correspond probablement à la durée du siècle gaulois.

Répertoire des fichiers des illustrations et vidéos de Planétarium (Stellarium) de l'éclipse totale de la Lune du 01 avril 52 BC (période proche du massacre du siège d'Avaricum) ici.

Éclipse de Lune BC 52 04 01 from David ROMEUF on Vimeo.

Vidéo Stellarium de l'éclipse lunaire du 1er avril 52 BC


Ci-dessus : Illustration de l'entrée de la Lune dans le cône de pénombre et d'ombre de la Terre lors de l'éclipse de Lune du 19 juillet 2019. Cette photographie est reproduite volontairement avec un aspect réaliste, tel qu'on peut l'observer dans le ciel. On ne peut pas confondre ce phénomène avec une phase lunaire car le cône d'ombre de la Terre entame la Lune d'une manière inhabituelle sur le bord, pas dans l'axe nord-sud, en arc de cercle. Les esprits brillants de l'Antiquité grecque du IVe siècle comme Aristote et Platon en avaient déduit que la Terre était ronde (nous n'en savons rien pour les Celtes). Ils avaient compris qu'il s'agissait du cône d'ombre de la Terre (puisque toujours opposé au Soleil dans le ciel) et que l'ombre de la Terre était ronde puisqu'elle forme un arc de cercle sur la surface lunaire (intersection de deux coniques cône d'ombre et d'un cercle, la sphère lunaire lointaine projetée dans le ciel). Sur la partie droite (à l'ouest), la surface lunaire est éclairée directement par le Soleil, elle est très lumineuse comme la pleine lune. La partie nord-est de la Lune se situe dans le cône d'ombre de la Terre, elle n'est pas éclairée directement par le Soleil mais très faiblement par la lumière qui traverse l'atmosphère terrestre (rougie). L'observateur ne perçoit pas la partie rougie dans le cône d'ombre car il est encore largement ébloui à ce stade. Entre les deux, une zone de flux lumineux intermédiaire progressive qui correspond à la pénombre de la Terre. Les Romains débutaient alors le « Vince Luna », véritable tintamarre pour couvrir les enchantements, chants des magiciennes... Crédit photo : David ROMEUF.


Ci-dessus : Illustration en chapelet des différentes phases de l'éclipse totale de Lune du 8 novembre 2003. Une éclipse de Lune se produit au moment de la pleine lune. Sa surface est alors totalement éclairée directement par le Soleil et elle est alors 10 à 12 fois plus lumineuse qu'un premier ou dernier quartier (1/2 Lune). Pour un observateur terrestre, la Lune se déplace -sur son orbite- dans le ciel d'environ 1 diamètre lunaire par heure. Elle pénètre donc progressivement dans la pénombre puis dans le cône d'ombre de la Terre qui l'entame en forme circulaire. Au moment de la totalité, la Lune n'est plus directement éclairée par le Soleil mais par la très faible lumière diffusée et filtrée rouge par notre atmosphère. Le photographe a adapté les temps de pose et l'impression réaliste du flux lumineux du phénomène n'est pas reproduit sur ce document. Elle est rouge très sombre comparée à la pleine lune. La chronologie et l'aspect est identique et symétrique lorsqu'elle sort du cône d'ombre par la suite. Crédit photo : Jean-Paul ROUX, astrophotographe et administrateur du Club d'Astronomie de Lyon Ampère (CALA).

(1)
(2)
Ci-dessus : Illustration de l'éclipse totale de Lune du 31 décembre 2009 (1, NASA Astronomy Picture Of the Day APOD du 2 janvier 2010) et du 16 août 2008 (2). La pleine lune est tellement lumineuse que l'on peut l'observer à travers une couverture nuageuse relative ou des trouées. Les différentes phases d'une éclipse lunaire comme l'entrée et la sortie du cône d'ombre le sont donc aussi. Les nuages apportent un filtrage de densité variable et peuvent aussi rendre des couleurs. Ils ajoutent au phénomène une dimension dynamique spectaculaire d'art naturel. Crédit photo : Jean-Paul ROUX, astrophotographe et administrateur du Club d'Astronomie de Lyon Ampère (CALA).


Ci-dessus : Sur cette photographie prise en direction du Soleil et une orbite « en arrière » de la Terre, la très fine atmosphère vue par la tranche, nous apparait bleue ciel, alors que le Soleil qui l'éclaire apparait blanc ou blanc-jaune. Les molécules et particules les plus fines de l'atmosphère diffusent dans tous les directions la lumière du Soleil, mais beaucoup plus dans sa composante de longueur d'onde « violette bleue - cyan » que ses composantes de plus grande longueur d'onde « verte et rouge » (diffusion de Rayleigh par les molécules de l'air et particules fines dont la dimension est au maximum de l'ordre du 1/10 de la longueur d'onde de la lumière incidente). Il en résulte un flux majoritaire de lumière bleue-cyan-verdâtre diffusée dans toutes les directions alors que le reste du flux originel vert, orange et rouge l'est beaucoup moins et la traverse en étant légèrement réfractée/déviée incurvée. La meilleure illustration de la diffusion de Rayleigh est le lever ou le coucher de Soleil qui nous apparait orange-rouge car son flux lumineux a traversé une épaisse tranche de l'atmosphère puisqu'il est très bas sur l'horizon. En revanche, seul nous parvient du zénith la composante bleue ciel diffusée dans toutes les directions par les molécules et particules fines de l'atmosphère, le reste du flux continu son trajet en étant incurvé en partie vers le cône d'ombre de la Terre. Évidement la diffusion de Rayleigh était un mystère dans l'Antiquité.


Ci-dessus : Un peu plus tard le 28/07/2018 vers 21h22. L'ISS est sur une orbite qui permet de réaliser un cliché proche de la fin de la partialité de l'éclipse de lune, avant d'entrer dans sa phase de totalité. Sur le bas, on reconnait l'atmosphère terrestre diffusée bleue-ciel. Celle-ci filtre et dévie en direction du cône d'ombre et de pénombre de la Terre la lumière solaire devenue rougeâtre en sortie. Cette lumière colorée plutôt rouge éclaire faiblement la lune durant l'éclipse totale. Elle devient rouge cuivre pour un observateur terrestre. Le croissant lumineux est la portion de la lune encore dans la pénombre à cette heure, la partie la plus sombre est dans le cône d'ombre de la Terre, beaucoup moins lumineuse mais plus rougeâtre. Crédit : Alexander GERST, depuis la Station Spatiale Internationale (ISS) ESA, CC BY-SA 3.0 IGO.

 

BIBLIOGRAPHIES :

Tableau des jalons historiques de la représentation et la compréhension de la Terre et de la Lune, des croyances et supersitions associées :

Date
Texte
VIIIe avant J.-C.
(01/01/-800 à 31/12/-701 BC)

La Terre est plate entourée par l'océan.
Homère le poète (Entre 800 à 750 BC ?) : La terre est une sorte de disque plat entouré d'un fleuve océan.

L'ILIADE Chant VII : « Ensuite le soleil naissant rayonnait sur les campagnes, sorti des profondeurs de l'Océan, aux ondes silencieuses, et montant dans le ciel… »

L'ILIADE Chant XIV : « Je vais, aux extrémités de la terre féconde, trouver l'Océan père des immortels dieux et Téthys leur mère, qui me reçurent des bras de Rhée quand Jupiter précipita Saturne au-dessous de la Terre et des mers, dans le profond Tartare, et qui m'élevèrent avec les plus tendres soins au sein de leur palais. » … « Je vais, répondit adroitement Junon, trouver aux extrémités de la terre l'Océan et Téthys, dont tous les dieux descendent… » « … si je me rendais sans ton aveu dans la demeure profonde où roule l'Océan. »

L'ILIADE Chant XVIII : « … Cinq doubles superposés composaient le corps même du bouclier, où Vulcain, avec son intelligence expérimentée, figura toute sorte de merveilles. Là il représenta la terre, et le ciel, et la mer, et le soleil infatigable, et la lune dans son plein, et tous les astres dont le ciel est couronné, et les Pléiades, et les Hyades, et le vigoureux Orion, et l'Ourse, appelée aussi du nom du Chariot, qui tourne dans le même lieu, observe Orion, et seule ne se baigne par dans les eaux de l'Océan. »

VIIe avant J.-C.
(-700 à -601 BC)
VIe avant J.-C.
(-600 à -501 BC)

La Terre est un disque qui flotte sur l'océan.

Le ciel est hémisphérique avec le mouvement diurne et nocturne.

La Terre est un cylindre.
Thalès de Milet (vers 624-23 à 548-44 BC) : Terre en forme de disque qui flotte sur un océan infini. L'agitation de l'océan provoque des séismes. Hérodote et Pline rapportent que Thalès a prédit une éclipse de soleil (Thalès aurait appris par les Chaldéens une période de retour des éclipses de 223 lunaisons).

HIPPOLYTE de Rome (170 à 235 AD), Philosophumena ou Réfutation de toutes les hérésies, I : « Thalès … Cette personne a dit qu'une chose telle que l'eau est le principe génératif de l'univers et sa fin ; - solidifié et dissous, toutes les choses en sont composées, … »

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXIX « Thalès et ses sectateurs ont enseigné que la lune tirait sa lumière du soleil », XXX « Thalès dit que les planètes et les étoiles sont terrestres, mais enflammés », L « Thalès est le premier qui enseigna que le soleil s'éclipse lorsque la lune, qui est de nature terrestre, se trouve perpendiculairement placée au-dessous de lui », LV « Thalès et ses sectateurs assurent qu'il n'y a qu'une terre », LVI « Thalès et les stoïciens assignent à la terre une forme sphérique », LVII « les sectateurs de Thalès placent la terre au centre du monde ».


Anaximandre (vers 610 à 547 BC) : Terre cylindrique libre dans l'espace sphérique. Il observe la courbure de l'horizon marin. Sphère de cristal pour les astres. Une sphère pour le Soleil et une autre pour la Lune. Estimation de l'obliquité de l'écliptique à 24°.

HIPPOLYTE de Rome (170 à 235 AD), Philosophumena, V : « Anaximandre … Mais, d'ailleurs, il a affirmé qu'il y a un mouvement éternel, par l'action duquel les cieux sont créés ; mais que la terre est en l'air, soutenue par rien, continuant à cause de sa distance égale de tous les corps célestes ; et que la forme en est courbée, cylindrique, semblable à une colonne de pierre. Et nous foulons l'une des surfaces, mais l'autre est à l'opposée. Et que les étoiles sont sur un cercle de feu, séparé du feu à proximité du monde, et englobé par l'air. Et que certaines évaporations atmosphériques se produisent dans les endroits où les étoiles brillent ; c'est pourquoi aussi, lorsque ces exhalaisons sont obstruées, des éclipses ont lieu. Et que la lune apparaît parfois pleine et parfois décroissante, selon l'obstruction ou l'ouverture de son chemin orbital. Mais que le cercle du soleil est vingt-sept fois plus grand que la lune, et que le soleil est très haut au quart du firmament ; alors que les orbites des étoiles fixes sont plus basses. Et que les animaux sont produits dans la vapeur par l'évaporation du soleil ».

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXIII « Anaximandre veut que le soleil soit un cercle 27 fois plus étendu que la terre », XXIV « Anaximandre prétend que le soleil est égal à la terre », XXVI « Anaximandre enseigne que la lune est un cercle 19 fois plus grand que la terre, qu'elle est enflammée de même que le Soleil, et que les éclipses proviennent de ses tournoiements », XXIX « la lune brille de son propre éclat, peu abondante », L « le soleil s'éclipse que lorsque l'ouverture par laquelle le feu s'échappe, est fermée », LI « il pense qu'une éclipse de lune provient de ce que l'ouverture de la zone est bouchée », LVI « la terre est comme une colonne de pierre plate ».


Anaximène (vers 585 à 528-24 BC) : La Terre est aplatie suspendue au milieu de l'air condensé, contenu dans la moitié inférieure de la sphère du monde. Le Soleil est aussi aplati, les étoiles sont fixées sur une sphère tournante, solide et invisible, transparente. Une sphère par planète connue.

HIPPOLYTE de Rome (170 à 235 AD), Philosophumena, VI : « Anaximène … l'eau, et quand la compression est poussée encore plus forte, la terre est formée ; et quand elle est compressée au plus haut degré, les pierres sont formées. … . Et que la terre dilatée flotte sur l'air, et pareillement le soleil et la lune et le reste des étoiles; car toutes choses étant de la nature du feu, elles flottent à travers l'étendue de l'espace, sur l'air. Et que les étoiles sont produites de la terre à cause de la brume qui naît de ce globe ; et quand cela est atténué, ce feu est produit, et les étoiles consistent en un feu qui monte. ».

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXV « Anaximène prétend que le soleil est plat comme une lame et affirme qu'il est un peu recourbé. Les stoïciens disent qu'il est d'une forme sphérique, comme le monde et les étoiles », XXXI « les étoiles sont attachées comme des clous à un corps de cristal », LVI « la terre est comparable à une table ».


Stésichore (630 à 555 BC), Pindare (518 à 438) :

Par Plutarque (attention il vécut au 1er siècle et il savait interpréter une éclipse), Du visage/face qui se voit sur le disque de la Lune, nous savons que Stésichore et Pindare pensez que le Dieu le plus brillant lui dérobe sa lumière.

Plutarque (vers 46 à vers 125 AD), Du visage qui se voit sur le disque de la Lune : « 19. … Rien parmi les phénomènes qui se passent autour du soleil ne se ressemble autant que son coucher à une de ses éclipses. Vous me l'accorderez, quand vous vous serez rappelé cette conjonction récente de la lune et du soleil, laquelle ayant commencé aussitôt après midi nous fit voir en plein jour plusieurs étoiles sur différents points du ciel et donna à l'air une teinte semblable à celle du crépuscule. Si vous ne me faites pas cette concession, voici Memnon qui appellera en témoignage contre vous Mimnerme, Cydias, Archiloque, et, outre ceux-ci, Stésichore et Pindare. Ce dernier, particulièrement, déplore que dans les éclipses Le dieu le plus brillant dérobe sa lumière ; que dans le milieu du jour la nuit tombe soudain ; que le soleil s'engage en un sentier de ténèbres épaisses, Memnon citera par-dessus tous Homère, qui dit : ...... La nuit et les ténèbres viennent envelopper les visages humains. Le soleil ne suit plus ses lumineux chemins. Homère, encore, constate que le même phénomène se produit naturellement pour la lune lorsque finit un mois, et que l'autre commence. »


Ve avant J.-C.
(-500 à -401 BC)

La Terre est sphérique.

La Lune est éclairée par le Soleil.

Les Druides (sages : savants théologiens et exerçant la justice) ont des similitudes avec les Pythagoriciens mais aucun lien direct n'est prouvé.
Pythagore (vers 569-606 à 494-7 BC) : La Terre est sphérique. Les Pythagoriciens fonctionnaient en savants élitistes du savoir qui ne doit pas être divulgué hors d'un cercle. Ils prônaient le non usage de l'écriture pour le savoir, tout en mémoire comme une sorte de sélection des capacités intellectuelles, et le cadre secret d'initiation.

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXVI « Pythagore est d'avis que le corps de la lune est une espèce de feu », LI « des pythagoriciens enseignent que l'éclipse de lune est le résultat d'une obstruction de lumière opérée par notre terre ou par celle qui lui est opposée », LII « ils prétendent que la lune nous parait terre, parce qu'elle est habitée comme la nôtre, et qu'elle renferme même des animaux plus considérables et de plus belles plantes », LV « Oecète, philosophe pythagoricien, prétend qu'il y a deux terres, la nôtre et une qui lui est opposée », LVIII « tous les autres prétendent que la terre est immobile ; mais le pythagoricien Philolaüs pense qu'elle se meut autour du feu dans un cercle oblique, de même que le soleil et la lune ».


Parménide d'Élée (520-510 à 460-455 BC) : Disciple de Pythagore. La Terre est sphérique et isolée dans l'espace. La terre est le corps le plus dense et le plus lourd. Elle est située au centre du monde par son propre poids.

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXVII « la grandeur de la lune est égale au soleil, et que c'est de lui qu'elle reçoit la lumière ».


IVe avant J.-C.
(-400 à -301 BC)

La Terre est ronde et l'éclipse de lune est comprise.

Aristote donne la preuve avec la forme de l'ombre de la Terre projetée sur la lune durant les éclipse de lune.

Extraordinaire analyses et intuitions d'Aristote sur la gravitation, l'agglomération.

Un Platonicien (Dion de Syracuse (408 à 354 BC)) laisse son devin (Miltas) manipuler ses troupes sur l'influence d'une éclipse de lune. Dion n'est pas inquiet car il sait très bien que la Lune rentre dans l'ombre de la Terre.
Socrate (470-469 à 399 BC ) :
Platon (428/427 à 348/347 BC), Le Phédon : « Premièrement, reprit Socrate, je suis persuadé que si la terre est au milieu du ciel (de l'air) comme on le dit, elle n'a besoin ni de l'air, ni d'aucun autre appui pour s'empêcher de tomber, mais que le ciel même, qui l'environne également, et son propre équilibre suffisent pour la soutenir ».


Philolaos (vers 470 à 385 BC) : Pour Aristote, les Pythagoriciens avaient remarqué que les éclipses lunaires sont bien plus nombreuses que les éclipses solaires. Ils l'expliquaient en introduisant une deuxième terre située à l'opposé de la nôtre, et que nous ne voyons pas. Cette deuxième terre s'interposait et masquait aussi la lumière du Soleil. Le mécanisme de l'éclipse avec les corps sphériques était compris.

Démocrite (460 à 370 BC) : Sénèque dit que du temps de Démocrite, on ne savait pas encore calculer une éclipse.

Platon (428/427 à 348/347 BC) : La Terre est sphérique car l'ombre de la Terre qui se projette sur la Lune lors des éclipses lunaires est circulaire. Les 7 planètes sont dans l'ordre des cercles, lune, soleil, Vénus, Mercure, Mars, Jupiter, Saturne. La terre est au centre commun des autres cercles. On trouve cet ordre dans La République et l'Epinomis. Dans La République il attribue des couleurs aux différents cercles. Dans Le Timée Platon explique que tout le ciel et tous les corps célestes sont emportées dans le mouvement de la nature, celui des étoiles fixes du huitième cercle. Les corps célestes sont composés de feu, une intelligence les anime. Ils ont deux mouvements, l'un sur eux même et l'autre commun à tous les corps célestes.

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXVI « Platon dit que la Lune se compose en très grande partie de terrestréités », XXX « Platon dit que les étoiles sont, pour la plus grande partie de nature de feu, mais qu'il s'y colle, comme avec de la glu, des particules des autres éléments », XXXIII « le monde est un », LI « Platon, Aristote, et les stoïciens déclarent unanimement que la lune ne se cache régulièrement tous les mois, que parce que rencontrant le soleil, elle se trouve obscurcie par l'éclat de sa lumière. Quant à ses éclipses, elles proviennent de ce qu'elle tombe sur l'ombre de la terre qui se trouve placée entre les deux astres, ou plutôt de ce que cet obstacle intermédiaire interdit tout accès à la lumière de la lune ».


Un élève de Platon, Dion de Syracuse (408 à 354 BC), laisse manipuler ses guerriers par le devin Miltas de son expédition lors de l'éclipse de lune du 9 août 357 BC, en leur faisant croire que l'éclipse est un mauvais présage contre Denys et pas contre Dion. Utilisation des superstitions pour le pouvoir :

Plutarque (vers 46 à vers 125 AD), dans La vie des Hommes illustres, sur Dion de Syracuse (408 à 354 BC) : « XXVI. À la fin du repas, après les libations d'usage et les vœux solennels, la lune s'éclipsa. Ce phénomène n'étonna point Dion, qui connaissait les révolutions périodiques du soleil et de la lune sur l'écliptique, et qui savait que l'ombre qui couvre alors la lune, est l'effet de l'interposition de la terre entre cette planète et le soleil ; mais les soldats en étaient troublés, et il leur fallait quelque éclaircissement qui les rassurât. Le devin Miltas se levant donc au milieu d'eux, leur dit de reprendre courage et de concevoir les meilleures espérances. Par ce signe ajouta-t-il, la divinité fait connaître que ce qu'il y a aujourd'hui de plus brillant souffrira quelque éclipse. Or rien en ce moment n'a plus d'éclat que la tyrannie de Denys, et vous allez la faire éclipser dès que vous serez arrivés en Sicile. Telle est l'explication que Miltas donna de l'éclipse au milieu de l'armée. »


Eudoxe de Cnide (397-390 à 345-337 BC) : « La terre, qui est sphérique, est située au milieu du monde, qui est également sphérique… ».

Aristote (384 à 322 BC) : Chaque élément de la Terre tombe vers son centre.

Traité du ciel, Livre II, XIV, 8 : « Quant à sa forme, il faut nécessairement qu'elle soit sphérique ; car chacune de ses parties ont de la pesanteur jusqu'au centre ; et la partie la plus faible étant poussée par la plus forte, elle ne peut se soulever irrégulièrement comme les flots de la mer… » « mais il vaut mieux admettre ce qui est réel, et affirmer simplement que ce mouvement tient à ce que tout corps pesant se porte naturellement vers le centre… » 12 « si donc la terre a été un jour produite, c'est uniquement de cette façon qu'elle a dû se produire. Ainsi, l'on doit voir clairement qu'au moment de sa génération, la terre a dû être sphérique … D'après toute cette théorie, il faut que sa forme soit nécessairement sphérique, et que tous les corps graves se précipitent vers elle, suivant des angles semblables, et non parallèlement. C'est ce qui doit avoir lieu naturellement pour un corps qui est naturellement sphérique… ».

Traité du ciel, Livre II, XIV, 13 : « On peut encore démontrer la sphéricité de la terre par les phénomènes qui frappent nos sens. Ainsi, si l'on supposait que la terre n'est pas sphérique, les éclipses de lune ne présenteraient par les sections qu'elles présentent, dans l'état actuel des choses ; car la lune, dans ses transformations mensuelles, affecte toutes les divisions possibles, tantôt demi-plein, tantôt en croissant, tantôt pleine aux trois quarts ; mais dans les éclipses, la ligne qui la termine est toujours courbe. Par conséquent, comme la lune ne s'éclipse que par l'interposition de la terre, il faut bien que ce soit la circonférence de la terre, qui, étant sphérique, soit cause de cette forme et de cette apparence. ».

Traité du ciel, Livre II, XIV, 14 : « Bien plus, d'après la manière même dont les astres se montrent à nous, il est prouvé que non-seulement la terre est ronde, mais même qu'elle n'est pas très-grande ; car il nous suffit de faire un léger déplacement, soit au midi, soit au nord, pour que le cercle de l'horizon devienne évidement tout autre. Ainsi les astres qui sont au-dessus de notre tête subissent un changement considérable, et ils ne nous semblent plus les mêmes, selon qu'on va au midi, ou au nord. Il y a certains qu'on voit en Égypte et à Chypre, et qu'on ne voit plus dans les contrées septentrionales… ».

Traité du ciel, Livre II, XIV, 16 : « Et les mathématiciens qui ont essayé de mesurer les dimensions de la circonférence, la portent à quarante fois dix mille stades. ».


IIIe avant J.-C.
(-300 à -201 BC)

On connait le diamètre de la Terre qui est ronde, et on tente de calculer la distance Terre-Lune.

On admet que les rayons du Soleil sont parallèles.

Mesure précise de la circonférence de la Terre par Ératosthène.
Courant Stoïcien (> -301 BC) :
Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, XXVII « Les stoïciens prétendent que la lune est comme le soleil, plus grande que la terre », XXVIII « la lune est comme le soleil de forme sphérique », XXXI « ils prétendent que les étoiles sont de forme sphérique de même que le monde », XXXIII « il n'y a qu'un seul monde qu'ils ont appelé univers », LV « ils n'admettent qu'une terre circonscrite dans des bornes », « Thalès et ses sectateurs assurent qu'il n'y a qu'une terre », LVI « Thalès et les stoïciens assignent à la terre une forme sphérique ».


Aristarque de Samos (310 à 230 BC) : La Terre est ronde. Mise au point d'une méthode d'évaluation de la distance Terre-Lune. La Terre tourne autour du Soleil.

Sur les grandeurs et les distances du soleil et de la lune :
« Hypothèses d'Aristarque
1. La Lune reçoit la lumière du soleil,
2. La terre peut être considérée comme un point, et comme le centre de l'orbite de la lune … en admettant ces six hypothèses, il en résulte que la distance du soleil à la terre est plus grande que 18 fois la distance de la lune, mais qu'elle est moindre que 20 fois cette distance ; et que le diamètre du soleil est en même rapport avec le diamètre de la lune. Mais la proportion du diamètre du soleil à celui de la lune est plus grande que celle de 19 à 3, et plus petite que celle de 43 à 6. On le démontre par le rapport des distances, par la position autour de l'ombre, et parce que l'arc soutendu par la lune est la quinzième partie d'un signe »
« proposition IX lorsque le soleil est entièrement éclipsé, c'est à cause de l'opposition de la Lune »
« Proposition XIV Pour démontrer cette proposition, soit A le centre du Soleil, B celui de la Terre, et C celui de la Lune au moment où l'éclipse est parfaite, lorsque la lune est tombée toute entière dans l'ombre de la terre »
.

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, L « Aristarque place le soleil au nombre des étoiles fixe, il fait mouvoir la lune autour du cercle solaire, et veut qu'au moyen de ces inclinaisons, le disque du soleil s'obscurcisse. ».


Ératosthène (276-73 à 194 BC) : Mesure du diamètre de la Terre par la différence de la dimension des ombres portées entre Alexandrie et Syène et la distance entre les deux villes. Précision d'environ 2%.

Eusèbe de Césarée (260/265 à 339/340 AD), Livre 15, LIII « Ératosthène observe que du soleil à la terre la distance est de 10.480 stades, mais que la lune est éloignée de la terre de 770.080 stades »


Cléomède est le seul auteur antique source qui explique la célèbre mesure de la circonférence terrestre d'Erathosthène. Il explique sa méthode dans « Théorie circulaire des corps célestes » :

Livre 1, Chapitre X « De magnitudine terrae » : « Sur la taille de la terre les physiciens, ou les philosophes naturalistes, ont eu des points de vue différents, mais celles de Posidonius et d'Eratosthène sont préférables aux autres. Ce dernier calcule la taille de la terre par une méthode géométrique ; la méthode de Posidonius est plus simple. L'un et l'autre posent certaines hypothèses et, par des conclusions successives, parviennent à leurs démonstrations.

Posidonius dit que Rhodes et Alexandrie se trouvent sur le même méridien. Les cercles méridiens sont des cercles qui passent à travers les pôles de l'univers et à travers le point qui est au-dessus de la tête de tout individu se trouvant sur la terre. Les pôles sont les mêmes pour tous ces cercles, mais le point vertical est différent pour les différentes personnes. Par conséquent, nous pouvons dessiner un nombre infini de cercles méridiens. Or Rhodes et Alexandrie se trouvent sur le même cercle méridien, et la distance entre les villes est estimée à 5 000 stades. Supposons que ce soit le cas.

Tous les cercles méridiens font partie des grands cercles de l'univers, le divisant en deux parties égales et passant par les pôles. Avec ces hypothèses, Posidonius procède à la division du cercle du zodiaque, qui est égal aux cercles méridiens, car il divise aussi l'univers en deux parties égales, en quarante-huit parties, coupant ainsi chacune des douzièmes parties de celui-ci (les signes du zodiaque) en quatre. Si le cercle du méridien qui passe par Rhodes et Alexandrie est divisé en un même nombre de parties, quarante-huit, comme le cercle du zodiaque, les segments de celui-ci sont égaux aux susdits segments du zodiaque. En effet, lorsque des grandeurs égales sont divisées en même nombre de parties égales, les parties des grandeurs divisées doivent être respectivement égales aux parties. Cela étant, Posidonius poursuit en disant que l'étoile très brillante appelée Canopus se trouve au sud, pratiquement sur le gouvernail d'Argo. Cette étoile n'est pas vue du tout en Grèce ; donc Aratus ne le mentionne même pas dans ses Phaenomena. Mais, en allant du nord au sud, elle commence à être visible à Rhodes et, quand on la voit à l'horizon, elle se couche aussitôt que le ciel univers tourne. Mais quand nous avons navigué de 5000 stades et sommes à Alexandrie, cette l'étoile, quand elle est exactement au milieu du ciel, se trouve à une hauteur au-dessus de l'horizon d'un quart de signe, c'est-à-dire d'une quarante-huitième partie du cercle du zodiaque. Il s'ensuit donc que le segment du même arc cercle méridien qui passe par Rhodes et Alexandrie est une quarante-huitième partie dudit cercle, parce que l'horizon des Rhodiens est éloigné de celui des Alexandrins par un quarante-huitième du cercle du zodiaque. Par conséquent, la partie de la terre sous ce segment est réputée pour être de 5000 stades, les parties (de la terre) sous les autres segments (égaux) (du cercle méridien) mesurent également 5000 stades ; et ainsi on trouve que le grand cercle de la terre mesure 240.000 stades, en supposant que la distance de Rhodes à Alexandrie soit de 5000 stades ; mais sinon, il est dans le même rapport de distance. Telle est la manière dont Posidonius traite la taille de la terre.

La méthode d'Ératosthène dépend d'un argument géométrique et donne l'impression d'être un peu plus difficile à suivre. Mais sa démonstration sera claire si nous posons ce qui suit. Supposons, dans ce cas aussi, d'abord que Syène et Alexandrie soient sur le même cercle méridien, deuxièmement, que la distance entre les deux villes soit de 5000 stades, et troisièmement que les rayons émis par les différentes parties du soleil sur différentes parties de la terre sont parallèles ; car c'est l'hypothèse des géomètres. Quatrièmement, supposons que, comme le prouvent les géomètres, les droites sécantes à des droites parallèles rendent égaux les angles alternes, et cinquièmement que les arcs qui reposent sur des angles égaux sont semblables, c'est-à-dire qu'ils ont la même proportion et le même rapport à leurs cercles propres – c'est un fait prouvé par les géomètres. Chaque fois que des arcs de cercles reposent sur des angles égaux, si l'un d'eux est (disons) un dixième de son cercle propre, tous les autres arcs seront des dixièmes parties de leurs propres cercles.

Quiconque a compris ces faits n'aura aucune difficulté à comprendre la méthode d'Ératosthène, qui est celle-ci. Syène et d'Alexandrie, dit-il, sont sur le même cercle méridien. Puisque les cercles méridiens sont de grands cercles dans le ciel univers, les cercles de la terre qui se trouvent sous eux sont nécessairement d'aussi grands cercles. Ainsi, quelle que soit sa taille, cette méthode montre que le cercle sur la terre qui passe par Syène et Alexandrie, sera de la taille du grand cercle de la terre. Maintenant Ératosthène affirme, et c'est le fait, que Syène se trouve sous le tropique d'été. Quand le soleil, est dans le Cancer au solstice d'été, il est exactement au milieu du ciel, les gnomons des cadrans ne projettent aucune ombre, la position du soleil est exactement verticale au-dessus d'eux ; on dit que c'est vrai dans un espace de trois cents stades de diamètre. Mais à Alexandrie, à la même heure, les styles des cadrans solaires projettent des ombres, parce qu'Alexandrie est plus au nord que Syène. Les deux villes sont situées sous le grand cercle méridien, si nous tirons un arc de l'extrémité de l'ombre à la base du style du cadran solaire à Alexandrie, l'arc sera un segment d'un grand cercle dans le scaphé (hémisphérique) du cadran solaire, puisque le scaphé du cadran solaire se trouve sous le grand cercle (du méridien). Si maintenant nous concevons des lignes droites produites à partir de chacun des styles à travers la terre, ils se rencontreront au centre de la terre. Depuis lors le cadran solaire à Syène est verticalement sous le soleil, si nous concevons une ligne droite venant du soleil au-dessus du style du cadran solaire, la ligne qui va du soleil au centre de la terre sera une ligne droite qui passe par le style. Si maintenant nous concevons une autre ligne droite tirée vers le haut à partir de l'extrémité de l'ombre du cadran solaire à Alexandrie, à travers le sommet du style vers le soleil, cette ligne droite et la droite précitée seront parallèles puisqu'ils sont droits des lignes venant de différentes parties du soleil à différentes parties de la terre. Sur ces lignes droites parallèles, il tombe la ligne droite tirée du centre de la terre au style d'Alexandrie, de sorte que les angles alternés qu'elle produit sont égaux. Un de ces angles est celui formé au centre de la terre, à l'intersection des lignes droites qui ont été tirées des cadrans solaires au centre de la terre ; l'autre est au point d'intersection du sommet du style à Alexandrie et la ligne droite tirée de l'extrémité de son ombre au soleil à travers la pointe (le sommet) où il rencontre le style. Maintenant sur ce dernier angle se trouve l'arc porté aux alentours de l'extrémité de l'ombre du style à sa base, tandis que sur l'angle au centre de la terre se trouve l'arc allant de Syène à Alexandrie. Mais les arcs sont similaires, puisqu'ils sont sur des angles égaux. Quel que soit le rapport, par conséquent, l'arc dans le scaphé du cadran solaire a son propre cercle, l'arc allant de Syène à Alexandrie a ce rapport à son propre cercle. Mais l'arc dans le scaphé se trouve être un cinquantième de son cercle propre. Donc la distance de Syène à Alexandrie doit nécessairement être une cinquantième partie du grand cercle circonférence de la terre. Et cette distance est de 5000 stades ; donc le grand cercle circonférence complet mesure 250.000 stades. Telle est la méthode d'Ératosthène. »


The measurement of the circumference of the earth, Cleomedes, On the orbits of the Heavenly Bodies I, 10 – pages 149 à 153.
IIe avant J.-C.
(-200 à -101 BC)

On sait calculer la distance Terre-Lune et les conditions d'une éclipse.

On peut toujours utiliser les croyances et superstitions pour contrôler les peuples.

Les Romains font du bruit durant les éclipses de Lune à cause de superstitions. Paul-Émile connaissait la configuration géométrique mais par croyance il pratiqua des sacrifices pour la divination et la Divinité

Hipparque (190 à 120 BC) : Il calcule des conditions d'une éclipse, parallaxe de la Lune, distance Terre-Lune.

Polybe (200-206 à 124-120 BC) : La connaissance de l'astronomie est indispensable aux hommes de guerre à l'époque de POLYBE.

Histoire générale, Livre IX, XVII (Traduction Félix BOUCHOT) : « Enfin Nicias, général athénien, pouvait sauver l'armée qui avait combattu autour de Syracuse ; il avait choisi pour échapper à l'ennemi la partie de la nuit la plus favorable. Déjà il était en sûreté, quand une éclipse de lune vint l'effrayer, et, regardant ce phénomène comme un mauvais présage, il fit suspendre la marche. La conséquence fut que la nuit suivante, au moment où il allait poursuivre sa route, les ennemis l'ayant aperçu, chefs et soldats tombèrent entre les mains des Syracusains. Cependant, s'il avait interrogé quelques hommes éclairés sur cette éclipse, non-seulement il n'aurait pas pour elle laissé se perdre le temps propice à la fuite, il aurait pu même la faire tourner à son avantage et profiter de l'ignorance de l'ennemi : car l'ignorance d'autrui est pour les habiles un précieux élément de succès. ».

Histoire générale, Livre IX, XVII (Traduction bibliothèque militaire) : « Nicias, général des Athéniens, avait fort bien pris son temps pendant la nuit pour faire revenir son armée saine et sauve de devant Syracuse, et s'était retiré dans un lieu sûr d'où il me pouvait être découvert par les ennemis. Mais, la lune s'étant alors éclipsée, une vaine superstition lui fit craindre que cela ne fût le présage de quelque malheur. Il suspendit sa marche. La nuit suivante il voulut la continuer, mais les ennemis, l'ayant aperçu, vinrent fondre sur lui, et l'armée et les chefs furent obligés de se rendre aux Syracusains. Cependant s'il eût seulement consulté des gens éclairés sur cette éclipse, il n'en fallait pas davantage, je ne dis pas pour ne point laisser échapper le temps de poursuivre sa marche, mais pour faire servir même cet événement à son dessein, à cause de l'ignorance des ennemis ; car l'ignorance de ceux avec qui l'on a affaire est pour les hommes habiles le chemin qui conduit le plus sûrement aux heureux succès. C'est là ce qui rend la connaissance de l'astronomie indispensable aux hommes de guerre. ».


Polybe (200-206 à 124-120 BC) : Grand historien Grec pense que la crainte superstitieuse des Dieux des Romains était un avantage sur les autres peuples car elle peut être utilisée pour contrôler le peuple car il n'y a pas que des sages (connaissances et savoir).

Histoire générale, Livre VI, LVI : « … Mais la principale supériorité des Romains sur les autres peuples me paraît consister dans l'opinion qu'ils se font de la divinité. Ce qui pour les autres hommes devient souvent blâmable, me semble être le fondement même de la puissance romaine, je veux dire la crainte superstitieuse des dieux. La dévotion a pris parmi eux de tels développements, et pénétré si profondément dans la vie privée comme dans les affaires publiques, qu'on ne saurait rien imaginer au-delà. Peut-être beaucoup de gens s'en étonneront ils. Je crois, moi, que les anciens Romains, en agissant ainsi, ont eu en vue le peuple. S'il était possible qu'un État se composât seulement de sages, peut-être tout cela serait-il inutile; mais comme toute multitude est pleine de légèreté et de passions déréglées, qu'un penchant aveugle l'entraîne à la colère et à la violence, il ne reste plus qu'à l'effrayer par des terreurs invincibles et par cet appareil de fictions redoutables. Aussi, ce n'est pas, je m'imagine, au hasard, et sans motifs sérieux, que les anciens ont répandu parmi la multitude toutes ces doctrines sur les dieux et tous ces récits sur les enfers ; et c'est un tort, une imprudence que de les rejeter comme on fait aujourd'hui. En effet, sans parler des autres conséquences de l'irréligion , confiez à quelques Grecs chargés du maniement de fonds publics un ta lent ; eussiez-vous dix cautions, dix signatures et vingt témoins , il manquera probablement à sa parole ; chez les Romains, ceux même qui ont en leur pouvoir, soit pendant leur magistrature , soit dans les ambassades, une grande somme d'argent, n'ont besoin que d'un serment pour ne pas forfaire à l'honneur ; enfin, tandis qu'ailleurs il est rare de trouver un homme qui s'abstienne de puiser dans les trésors de l'État et qui soit pur de toute fraude , chez les Romains il l'est de trouver un citoyen coupable de ce crime. ».

Autre traduction par THUILLIER, Livre VI, Chapitre IX, « Mais ce qui a le plus contribué aux progrès de la République Romaine, c'est l'opinion que l'on y a des Dieux; & la superstition qui est blâmée chez les autres peuples, est à mon sens tout ce qui la soutient. Elle s'est acquis une si grande autorité sur les esprits, & elle influe de telle sorte dans les affaires tant particulières que générales, que cela passe tout ce qu'on peut imaginer. Bien des gens en pourroient être surpris. Pour moi je ne doute pas que les premiers qui l'ont introduite, n'aient eu en vue la multitude. Car s'il étoit possible qu'un Etat ne fût composé que de gens sages, peut-être que cette institution n'eût pas été nécessaire : mais comme le peuple n'a nulle consistance, qu'il est plein, de passions déréglées, qu'il s'emporte sans raison & jusqu'à la violence, il a fallu le retenir par la crainte de choses qu'il ne voit pas & par tout cet attirail des fictions effrayantes. C'est donc avec grande raison que les anciens ont répandu parmi le peuple qu'il y avoit des supplices à craindre dans les enfers, & l'on a grand tort dans notre siècle de rejeter ces sentiments. ».


Dans « la Vie de Paul Émile le Macédonien » (Lucius Æmilius Paullus Macedonicus, vers 230 BC à 160 BC), Plutarque (vers 46 à vers 125 AD) relate que les Romains avaient coutume de faire du bruit et d'allumer flambeaux et torches :

XVIII « ... Quand la nuit fut venue, et que les troupes, après leur repas , ne songeaient qu'à s'aller reposer, tout à coup la lune, qui était dans son plein et fort élevée, s'obscurcit, perdit peu à peu sa lumière, et après avoir changé plusieurs fois de couleur, elle finit par s'éclipser entièrement. Les Romains, suivant leur coutume, se mirent à frapper avec un grand bruit sur des vases d'airain pour rappeler sa lumière , et ils élevèrent vers le ciel une grande quantité de torches et de flambeaux allumés. Les Macédoniens ne firent rien de semblable; tout leur camp était saisi d'horreur et d'épouvante; et il se répandit même un bruit sourd que ce phénomène annonçait la mort du roi. Paul Émile n'était pas entièrement neuf sur ces matières; il avait quelques connaissances des anomalies de l'écliptique, qui font que la lune, après certaines révolutions réglées , se plonge dans l'ombre de la terre , et se cache à nos yeux jusqu'à ce qu'ayant traversé l'espace obscurci par cette ombre, elle reçoive de nouveau sa lumière de celle du soleil; mais comme il rapportait tout à la Divinité, qu'il aimait les sacrifices et pratiquait la divination, dès qu'il vit la lune reprendre sa clarté, il lui sacrifia onze jeunes taureaux. Dès la pointe du jour, il immola à Hercule jusqu'à vingt bœufs sans obtenir des signes favorables; enfin à la vingt et unième victime, il en eut qui lui promettaient la victoire s'il se tenait sur la défensive. Ayant donc voué à ce dieu une hécatombe et des jeux sacrés, il ordonne aux capitaines de ranger l'armée en bataille. Ensuite, pour éviter que ses soldats n'eussent le soleil en face, en combattant le matin, il attendit qu'il eût baissé vers le couchant; et pendant cet intervalle il se reposa dans sa tente , qui était ouverte sur la plaine et sur le camp des ennemis. »

Ie avant J.-C.
(01/01/-100 à 31/12/-1 BC)

On sait prédire mais il y a des superstitions populaires. Tintamarres et vacarmes pour couvrir les chants magiques adressés à la Lune.

Débat d'un non-superstitieux / grand client de la divination entre Marcus Cicéron et son frère Quintus (officier supérieur de César). Il cite le druide Divitiac (son hôte) capable de prédire l'avenir.

Cicéron fait dire à Tubéron que les légionnaires romains sont des hommes grossiers et ignorants.

La Fortune associée au sort, divination par Cicéron et César.

Les âmes des hommes sont immortelles pour les Gaulois.

Jules César exploite la superstition des Celto-Germains pour livrer bataille.

Tibulle (Albius Tibullus, de 55-50 à 19-18 BC) : Ce poète élégiaque romain nous donne un indice sur la raison de faire du bruit à l'airain durant une éclipse de lune. Dans son Élégie IX du livre I, il explique qu'une magicienne / vieille dame peut arrêter le cours de la Lune / faire descendre la lune (lunam deducere) du ciel en charmant (chant magique ou sortilège en magie). Seul le bruit de l'airain que les romains frappaient en tintamarre durant une éclipse de lune pouvait couvrir le son de ce chant magique. (Voir aussi Sénèque ci-après).

« Num te carminibus, num te pollentibus herbis
Devovit tacito tempore noctis anus ?
Cantus vicinis truges traducit ab agris,
Cantus et iratæ detinet anguis iter.
Cantus et e curru Lunam deducere tentat ;
Et faceret, si non æra repulsa sonent.
Quid queror, heu! misero carmen nocuisse ? quid herbas
Forma nihil magicis utitur auxiliis
Sed corpus tetigisse nocet, sed longa dedisse »


2 traductions, interprétations :

(1) « … Est-ce d'une vieille Magicienne que tu tiens l'art de charmer ? Le dois-tu à ses chants nocturnes, à ses puissants breuvages ? Sa voix dépouille les campagnes de leurs récoltes : elle commande, et le serpent irrité reste immobile : elle ose essayer de suspendre la lune en son cours, et la lune serait arrêtée, si le bruit de l'airain sacré ne rompait le charme … Mais quoi ! j'attribue l'amour de Marathus aux Puissances Magiques ! Que parlais-je d'enchantements et de breuvages ? Ton Amant brûle … mais c'est qu'il a touché ton corps ; c'est qu'il t'a donné de longs baisers ; c'est le souvenir de ta délicieuse jouissance qui le consume… ».

(2) « … Quelque vieille aurait-elle, avec ses enchantements et ses herbes puissantes, jeté sur toi un sort dans le silence de la nuit ? Les chants magiques attirent la moisson du voisin ; ils arrêtent dans sa marche le serpent irrité; ils essayent même d'arracher la Lune de son char, et en viendraient à bout sans le retentissement de l'airain sous la main qui le frappe. Mais pourquoi accuser de ton malheur les enchantements et les herbes ? La beauté n'a pas besoin d'appeler la magie à son secours. Ce qui te nuit, c'est de l'avoir touchée, c'est de lui avoir donné de longs baisers, c'est d'avoir enlacé tes genoux dans les siens. »


Marcus Cicéron Marcus Tullius Cicero (106 à 43 BC) : L'homme sait prédire les éclipses. La connaissance des astres conduit à la connaissance des Dieux et la piété. Cicéron était très sceptique sur la divination et l'astrologie, il n'y croyait pas et déplorait l'influence sur le peuple mais il s'affichait comme un croyant du culte romain. Dans le livre 1 « De la République » il fait dire à Quintus Aelius Tubero que les légionnaires romains sont des hommes grossiers et des ignorants face à l'éclipse de Pydna. Dans son traité sur la divination, il analyse toutes ces croyances avec un sens très critique appelant ses lecteurs à réfléchir de manière rationnelle avant de croire. Il dénonce ces croyances entretenues par les philosophes stoïciens.

De la nature des Dieux, Livre II : LXI « Mais quoi ! l'esprit humain n'a-t-il pas même pénétré dans le ciel ? De tous les animaux, il n'y a que l'homme qui ait observé le cours des astres, leur lever, leur coucher ; qui ait déterminé l'espace du jour, du mois, de l'année; qui ait prévu les éclipses du soleil et celles de la lune ; qui les ait prédites à jamais, marquant leur grandeur, leur durée, leur temps précis. Et c'est dans ces réflexions que l'esprit humain a puisé la connaissance des Dieux. Connaissance qui produit la piété, la justice, toutes les vertus, d'où résulte une heureuse vie, semblable à celle des Dieux, puisque dès-lors nous les égalons, à l'immortalité près, dont nous n'avons nul besoin pour bien vivre. ».


Traité de la Divination, Livre I (dans ce livre le frère cadet de Marcus Cicéron, Quintus Tullius Cicero, officier supérieur romain durant la guerre des Gaules contre Ambiorix, expose les faits divinatoires sans aucun sens critique car il y adhère et très client). En XI, il fait probablement allusion à l'éclipse du 3 mai 63 BC visible en pleine nuit à Rome (ou 27 octobre 63 BC dont la fin est visible en début de soirée), année de son consulat :

Livre Premier, I Quintus : « C'est une ancienne opinion dont l'origine remonte jusqu'aux temps héroïques, et que confirme l'assentiment du peuple romain et de toutes les nations, qu'il existe parmi les hommes une certaine divination, c'est-à-dire un pressentiment, une science des choses futures. … Il est certain du moins que je ne connais aucun peuple, à quelque degré qu'il soit de civilisation et d'instruction, ou de férocité et de barbarie, qui n'admette l'existence des signes de l'avenir, et la faculté chez quelques hommes de les comprendre et de les interpréter. … Parmi ces peuples, les Chaldéens, ainsi nommés de la Chaldée, et non de leur profession, passent pour avoir créé, à la suite d'une observation assidue des astres, la science qui enseigne à connaître la destinée des hommes, et à prédire l'avenir de chacun d'après le moment de sa naissance. On croit aussi que les Égyptiens acquirent le même art à la suite des temps, et après une succession de siècles presque innombrables. Les Ciliciens, les habitants de la Pisidie, et leurs voisins, les Pamphy, liens que j'ai administrés comme proconsul, pensent que, les signes les plus certains de l'avenir sont le vol et le chant des oiseaux. Quelle colonie la Grèce envoya-t-elle jamais en Éolie, dans l'Ionie, en Asie, en Sicile ou en Italie, sans l'avis de l'oracle d'Apollon Pythien, ou de l'oracle de Dodone, ou de celui de Jupiter Ammon ? Quelle guerre osa-t-elle jamais entreprendre sans le conseil des Dieux ? ».

XI, Quintus : « Toi-même, pendant ton consulat, lorsque tu parcourus les sommets neigeux de l'Albane, épanchant un lait pur dans les fêtes Latines, tu observas les révolutions rapides, le concours des constellations, leur éclat inusité, et les feux irréguliers des comètes, et tu prévis que bientôt le carnage ensanglanterait Rome. Quel triste présage apportèrent les féries, quand la lune, de lumineuse devenant tout à coup obscure, disparut au milieu du ciel étoilé ; quand, plus tard, le disque du soleil, s'arrêtant dans sa course enflammée, s'éteignit dans un obscur horizon ; lorsqu'un citoyen romain périt au milieu d'un jour serein , frappé par la foudre terrible, ou enfin lorsque la lourde masse de la terre s'ébranle ! alors d'effrayants fantômes montrèrent pendant la nuit leurs formes variées , annonçant la guerre et les dissensions. Des devins furieux semèrent leurs oracles et leurs lugubres menaces en tous lieux. Ainsi tout ce qui est arrivé au peuple romain apporté par le cours éternel des destins, le père des Dieux l'annonçait au ciel et à la terre par des signes répétés et éclatants. ».

XL « … Aussi voyons-nous dans nos annales que les rois étaient augures, et que plus tard les particuliers, revêtus du même sacerdoce, gouvernèrent la république par l'autorité de la religion. ».

XLI « Les nations barbares elles-mêmes n'ont pas négligé les diverses sortes de divination. La Gaule a ses druides, parmi lesquels j'ai connu Divitiac I'Éduen, votre hôte et votre panégyriste, qui prétendait connaître les causes naturelles, science appelée physiologie par les Grecs, et prévoir l'avenir, partie par les augures, partie par conjecture. En Perse, les mages sont augures et devins; et, comme vous le faisiez vous-mêmes autrefois aux Nones, ils s'assemblent dans un temple pour se consulter et converser entre eux. Personne ne peut être roi de Perse s'il n'a étudié la science et la doctrine des mages… ».

LVI, Quintus : « Comme tout arrive par la loi du destin (ce qu'on prouvera ailleurs), … Il ne faut donc pas s'étonner si les devins pressentent ce qui n'existe encore nulle part. ... À l'exemple de ceux qui connaissent et prédisent longtemps d'avance le lever, le coucher, les révolutions du soleil, de la lune et des autres astres, les observateurs du cours des choses, ceux qui par une longue étude ont noté l'ordre et l'enchainement des faits, prévoient toujours, ou si c'est trop dire, le plus souvent, ou si c'est encore trop, parfois du moins, ce qui doit arriver. Voilà les principaux arguments tirés du destin, qui prouvent l'existence de la divination. ».

LVII, Quintus : « … Ainsi nous lisons dans Héraclîde de Pont que les habitants de Céos [île de Kéa, Cyclade] observent chaque année avec grand soin le lever de la Canicule (Sirius), et qu'ils conjecturent alors si l'année sera malsaine ou salubre. Lorsque cette étoile leur parait obscure et nébuleuse, cela dénote à leur avis un air épais, lourd et dangereux à respirer ; si au contraire elle se lève pure et scintillante, c'est pour eux le signe que l'air sera pur, léger, et par conséquent salubre… ».

LVIII « Voilà, poursuivit Quintus, ce que j'avais à dire sur la divination. Maintenant je déclare protester contre les sortilèges, les vendeurs de bonne aventure, et ceux qui évoquent les mânes; gens que consultait votre ami Appius. « Je méprise les augures du pays (les Marses, aussi bien que les aruspices de village, les astrologues de place, les pronostiqueurs d'Isis, et les interprètes de songes. Nous ne devons voir en eux que des fainéants, des fous et des nécessiteux, des hommes sans art, sans étude, aussi superstitieux qu'impudents. Ils ne savent où aller, et ils veulent guider les autres. Ils demandent une obole en retour des trésors qu'ils nous promettent : qu'ils en déduisent l'obole, et qu'ils nous donnent le reste. » Voilà ce que dit Ennius, lui qui peu de vers auparavant reconnaît l'existence des Dieux, mais en ajoutant qu'ils ne s'inquiètent point de ce que font les hommes. Pour moi, convaincu qu'ils s'en occupent, qu'ils nous avertissent, qu'ils nous dévoilent l'avenir, j'admets la divination, tout en rejetant les abus, fruits de l'ignorance, de l'orgueil et de l'imposture. Quintus ayant ainsi parlé: Vous êtes venu bien préparé, lui dis-je......... ».


Traité de la Divination, Livre II (dans ce livre Marcus Cicéron répond à son frère Quintus avec un sens critique et démonte la divination et la superstition) :XXXXXXXXXXXXXXXXX

Association de la Fortune (ou Déesse Fortuna) à la divination : Livre II, VI Marcus à Quintus « ... La divination est donc, selon vous, le pressentiment des choses entièrement soumises à la fortune. », VII « Cependant la fortune existe, dites-vous; donc on ne peut admettre aucun pressentiment des choses fortuites. Mais si, niant la fortune, vous prétendez que tout ce qui arrive a été fatalement déterminé de toute éternité, changez aussi votre définition de la divination que vous appelez un pressentiment des choses fortuites. Car s'il n'est point de fait, d'accident, d'événement dont l'ordre n'ait été déterminé de toute éternité, qu'est-ce que la fortune ? et sans elle, qu'est-ce que la divination, que vous appelez le pressentiment des choses fortuites ? Mais vous disiez en même temps que le destin renferme tout ce qui arrive et tout ce qui doit arriver. Le destin ! laissez aux vieilles femmes [prophétesses] ce mot plein de superstition. ».


De la République, Livre 1 : Marcus Cicéron (106 à 43 BC) fait dialoguer plusieurs personnages historiques comme Scipion Émilien, Quintus Aelius Tubero et Caius Sulpicius Gallus. Il fait dire à Tubéron que les légionnaires romains sont des hommes grossiers et ignorants en relatant l'éclipse de lune de Pydna.

« XV … lorsque mon père était consul en Macédoine, au camp, par une nuit claire, toute l'armée fut saisie d'une panique superstitieuse, parce que la lune, qui était alors dans son plein et toute brillante, s'était soudain éclipsée. Gallus qui était alors lieutenant de mon père, une année environ avant d'être nommé lui-même consul, n'hésita point à déclarer le lendemain aux légions qu'il n'y avait point la de prodige ; que ce phénomène s'était produit et se reproduirait à des intervalles déterminés, en vertu d'une loi régulière qui le ramènerait chaque fois que le soleil se trouverait dans une position telle que la lune ne serait plus éclairée de ses rayons. En vérité, s'écria Tubéron ! Pouvait-il espérer se faire comprendre d'hommes grossiers, et à ce point ignorants ? Il l'a fait, dit Scipion, et avec une grande... [Lacune de deux pages] Ce n'était point un orgueilleux étalage de sa science, et son discours était d'accord avec la dignité de son caractère. Il avait réellement obtenu un grand résultat, en délivrant ces esprits troublés de leur vaine superstition et de leur terreur. ».


Diodore de Sicile (90 à ?? BC) : Description des gaulois.

Livre V (Traité des Iles, contient une description des gaulois) : « … Les Gaulois invitent aussi les étrangers à leurs festins, et ne leur demandent qui ils sont, et quelles affaires les attirent, qu'après qu'ils ont mangé (47) ; mais dans leurs repas mêmes, les convives ont l'habitude, pour peu qu'une dispute de paroles s'engage entre eux, de se lever sur-le-champ et de se provoquer réciproquement en combat singulier (48), tant ils font peu de cas de leur vie. Ce mépris de la mort tient à ce que les Gaulois sont fortement attachés à la doctrine de Pythagore qui enseigne que les âmes des hommes sont immortelles, et que chacun doit, après un certain nombre d'années déterminé, revenir à la vie, l'âme se revêtant à cette époque d'un autre corps (49). C'est aussi d'après cette opinion que dans les funérailles quelques-uns ont adopté l'usage d'écrire des lettres à leurs amis défunts, et de les jeter au milieu du bûcher comme si elles devaient être lues par le mort à qui elles sont adressées. ».


Jules César ou Gaius Iulius Caesar (de 100-102 à 44 BC) : Proconsul de la Gaule de 58 à 50 BC.

En 58, César a probablement exploité la superstition divinatoire des Germains (en fait Celtes) d'Arioviste. Ceux-ci ne pouvaient soi-disant pas vaincre en livrant bataille avant la nouvelle lune. Sur cette information de prisonniers ennemis -d'une escarmouche de la veille-, César n'hésite pas à ruser et engager toutes ses forces immédiatement le lendemain. Les [Celto]Germains qui n'avaient pas répondu la veille, sont alors obligés de s'engager malgré ces mauvais et déstabilisants présages. Le lieu et la date de la bataille sont incertains mais proches de l'automne puisque César hiverne ses légions juste après cette victoire écrasante sur Arioviste. La bataille s'est déroulée avant l'une de ces nouvelles lunes d'automne : date Julienne BC des nouvelles lunes 19/08/58, 17/09/58, 17/10/58, 16/11/58, 15/12/58. Le lieu était probablement dans la plaine de l'Ochsenfeld (proche de Mulhouse).
La « Fortune » est aussi invoquée dans le texte suite au triple bon tirage au sort de l'exécution de Procillus. On déduit de ce texte qu'au moment des faits, César ne connaissait pas cette superstition des [Celto]Germains par rapport aux sorts et à la nouvelle lune. On peut aussi se demander pourquoi des guerriers décrits auparavant comme particulièrement terribles et effroyables prennent si promptement la fuite… Dans le livre 1, César explique qu'Arioviste était le roi des Germains mais en fait, le sens de « Germains » est vaste. Arioviste était un Celte d'outre-Rhin car son nom et sa tactique sont celtiques.

b0058-Aug-19 13:32, b0058-Sep-18 04:43, b0058-Oct-17 22:12, b0058-Nov-16 07:46, b0058-Dec-15 23:04

La Guerre des Gaules, Livre 1, L : « … Le lendemain, César continuant la même tactique fit sortir ses troupes des deux camps, se porta un peu en avant du camp principal et rangea son armée, offrant la bataille à l'ennemi. Vers midi, l'ennemi ne s'était pas encore présenté : César fit rentrer les troupes dans les camps. Alors enfin Arioviste envoya une partie de ses forces à l'attaque du petit camp. On combattit jusqu'au soir avec acharnement, en se faisant beaucoup de mal de part et d'autre. Au coucher du soleil, Arioviste fit rentrer son détachement. Des prisonniers interrogés par César sur les motifs qui empêchaient Arioviste de livrer bataille répondirent que l'usage était chez les [Celto]Germains de faire décider par les mères de famille [prophétésses], au moyen du sort et de la divination, s'il est ou non à propos de combattre. Elles avaient déclaré que les [Celto]Germains ne pouvaient vaincre en livrant bataille avant la nouvelle lune.

Le jour d'après, César laissa dans ses deux camps une garde suffisante et rangea devant le plus petit, en face des Germains, tous les auxiliaires, voulant par-là faire nombre et déguiser aux yeux de l'ennemi l'infériorité numérique des légionnaires : après quoi il s'avança lui-même, avec ses légions formées sur trois lignes, jusqu'au camp d'Arioviste. Alors les Germains ne purent faire autrement que de sortir ; ils se mirent en bataille par nations et à intervalles égaux, savoir: les Harudes, les Marcomans, les Triboques, les Vangions, les Némètes, les Séduses, les Suèves ; et, pour s'ôter toute espérance de retraite, ils entourèrent toute leur ligne de rhèdes et de charrettes, où ils placèrent les femmes : celles-ci, les yeux en pleurs et les mains étendues, suppliaient les hommes allant au combat de ne pas les livrer en esclavage aux Romains.

LIII. César mit à la tête de chaque légion ou l'un de ses légats ou son questeur, afin que partout les troupes eussent un témoin de leur bravoure : lui-même engagea l'action par l'aile droite, en face de laquelle l'ennemi lui paraissait le moins fort. Au signal donné, les nôtres chargèrent avec un tel élan, et, de son côté, l'ennemi vint si rapidement à eux, qu'ils n'eurent pas le temps de lancer les piles. Laissant donc l'arme de jet, ils attaquèrent à l'épée : mais les Germains soutinrent le choc en formant aussitôt la phalange selon leur tactique. On vit alors beaucoup de nos hommes sauter sur les phalanges, écarter avec la main les boucliers et frapper d'en haut l'ennemi. La gauche des Germains fut enfoncée et mise en fuite, mais leur droite nous écrasait de sa supériorité numérique ; ce que voyant, le jeune P. Crassus, commandant général de la cavalerie, qui n'était pas retenu comme les autres chefs parmi les combattants, envoya les troupes de la troisième ligne au secours de notre aile en danger.

L'affaire ainsi rétablie, les ennemis ne tardèrent pas à tourner le dos de toutes parts et ne cessèrent de fuir que sur la rive du Rhin, éloignée d'environ cinq milles du champ de bataille. Là quelques-uns, se liant à leurs forces, essayèrent de passer le fleuve à la nage ; d'autres se sauvèrent dans des barques que le hasard leur offrit. De ce nombre fut Arioviste, qui trouva une nacelle tout à propos attachée au rivage. Tout le reste tomba sous les coups de notre cavalerie. … C. Valerius Procillus, lié d'une triple chaîne et entraîné par ses gardes, fut délivré par César lui-même, qui poursuivait l'ennemi à la tête de la cavalerie. Ce fut pour César une satisfaction aussi grande que celle de la victoire même, de voir l'homme le plus distingué de la province gauloise, son hôte et son ami, tiré des mains de l'ennemi et rendu à son affection, comme si la fortune n'avait pas voulu troubler par une telle perte la joie d'une si belle journée. Procillus raconta qu'on avait consulté par trois fois le sort, lui présent, pour savoir si on le brûlerait sur-Ie-champ ou si on renverrait son supplice à un autre temps, et que chaque fois le sort avait décidé en sa faveur. M. Mettius fut également retrouvé et ramené à César. »
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Ier
(1 à 100 AD)

Toujours des croyances et superstitions sur les éclipses de lune. Les magiciennes par leurs chants avaient le pouvoir de faire redescendre la lune sur la terre…

Les hommes sont délivrés des croyances par la compréhension et l'intelligence selon Pline l'Ancien.

Lucain dresse la liste des présages, calamités et prodiges sinistres de la fuite de Pompée devant César.

La célèbre comète de César.

Sénèque (Lucius Annaeus Seneca, de 4-1 BC à 65 AD) : Dans l'acte II de sa tragédie HIPPOLYTE, Sénèque fait entrer en scène une éclipse de lune avec des personnages persuadés qu'une magicienne l'enchantait pour la faire redescendre sur terre. La réaction des superstitieux de l'époque consistait à couvrir le chant magique en faisant tintamarre et vacarme avec un airain ou autres récipients métalliques adaptés.

HIPPOLYTE, Acte II, Le Chœur :
« Formosos solitae claudere fontibus
Et somnis facient insidias tuis
Lascivae nemorum deae,
Montivagique Panes.
Aut te stellifero despiciens polo
Sidus, post veteres Arcadas editum,
Currus non poterit flectere candidos.
Et nuper rubuit ; nullaque lucidis
Nubes sordidior vultibus obstitit.
At nos solliciti lumine turbido,
Tractam Thessalicis carminibus rati,
Tinnitus dedimus. Tu fueras labor,
Et tu causa morae : te dea noctium
Dum spectat, celeres sustinuit vias. »


« Dans les bois solitaires, quand le soleil est au mi lieu de sa course, craignez les attaques des naïades amoureuses, qui se plaisent à retenir au fond de leurs fontaines les plus beaux jeunes gens. Les folâtres déités des bois, et les faunes qui habitent les montagnes, tous surprendront pendant votre sommeil ; ou bien la lune, cet astre dont le peuple d'Arcadie a devancé l'existence, vous contemplant du haut des cieux, n'aura plus la force de conduire son char argenté. Dernièrement elle devint rouge, sans que son disque fût obscurci par aucun nuage. Inquiets de la voir changer de couleur, persuadés que les enchantements de quelque Thessalienne la forçaient à quitter le ciel et à descendre sur la terre, nous fîmes retentir les airs du son de l'airain. Vous seul avez causé son trouble et ralenti sa marche. Tandis qu'elle vous contemplait, la déesse des nuits oubliait de poursuivre sa course. »


On retrouve cette croyance évoquée chez plusieurs auteurs. Les superstitieux croyaient que les magiciennes avaient le pouvoir par leurs chants magiques (enchantements), de faire redescendre la lune sur la terre. Le but était de couvrir les voix des magiciennes en faisant beaucoup plus de bruits, en hurlant, en employant des instruments bruyants comme des airains, chaudrons. Les Romains pouvaient aussi allumer des torches et des flambeaux qu'ils élevaient vers le ciel pour rappeler la lumière de la lune (voir le récit de Plutarque, la vie de Paul-Émile le Macédonien XVIII).


Pline l'Ancien ou Gaius Plinius Secundus (+23 à +79 AD) : Les éclipses sont des phénomènes avec les ombres projetées. Le Soleil est immense, beaucoup plus grand que la terre. Pline décrit aussi très bien les croyances et superstitions associées aux passages et morphologies des comètes lorsqu'il évoque la célèbre comète de César (Livre 2 des Histoires naturelles). Cette comète -visible depuis mai-juin 44 BC par les Chinois- apparaissait aux romains en plein jour avec un noyau très brillant (à partir de la 11ème heure du jour solaire), en fin d'après-midi avant le coucher du Soleil, durant les jeux de Vénus Genitrix (autour du 20 juillet 44 BC et durant 7 jours). Pline rapporte les paroles d'Auguste, fils de César, qui donne sa position dans une région du ciel au septentrion, c'est-à-dire au nord, proche de la constellation de la Petite Ourse. Elle fut interprétée comme l'âme de César qui s'élève dans le ciel, devenu immortel, divinisé. Cette comète apparait sur des monnaies de l'époque. Elle est représentée en étoile chevelue à 8 branches, avec une queue le long de l'une d'entre elles. Pline raconte même qu'Auguste a fait édifier un temple pour César divinisé par cette comète (l'étoile de Jules Sidus Iulium). C'est le temple du Divin César sur le forum romain. Cette comète est mentionnée par plusieurs autres auteurs antiques. Une étude de reconstitution des paramètres de l'orbite est traitée par John T. Ramsey et A. Lewis Licht, dans leur ouvrage de 1997 : The Comet of 44 B.C. and Caesar's Funeral Games.

Histoire Naturelle, Livre II, VI : « … Quant à ses éclipses et à celles du soleil, le phénomène le plus merveilleux qu'offre la contemplation de la nature entière et qui a quelque chose de miraculeux, elles sont les indices de la grandeur de ces astres et de l'ombre projetée. ».

VII « Il est manifeste que le soleil est caché par l'interposition de la lune, et la lune par l'interposition de la terre ; effets réciproques dans lesquels la lune enlève à la terre les mêmes rayons que la terre enlève à la lune. L'interposition de la lune amène de soudaines ténèbres, et à son tour l'interposition de la terre obscurcit la lune; la nuit elle-même n'est pas autre chose que l'ombre de la terre. La figure de l'ombre est semblable à un cône renversé, dont la pointe seule atteint la lune sans dépasser la hauteur de cet astre, car nul autre astre n'éprouve d'éclipse en même temps ; or, une figure de cette espèce va toujours en s'effilant davantage, et l'espace diminue les ombres : on peut s'en convaincre par les oiseaux qui s'élèvent à une grande hauteur. Donc la limite de l'ombre est la fin de l'air et le commencement de l'éther ; au-dessus de la lune tout est pur, et rempli par une lumière durable. Quant à nous, nous voyons les astres la nuit, comme les autres lumières qui se détachent dans les ténèbres. C'est aussi pour cela que la lune s'éclipse pendant la nuit. Les éclipses du soleil et de la lune ne sont pas réglées et mensuelles, à cause de l'obliquité du zodiaque et des sinuosités que j'ai dit compliquer la révolution de la lune ; d'où il résulte que les mouvements de ces deux astres ne se correspondent pas toujours dans les fractions de degrés. ».

VIII « De telles considérations emportent l'intelligence humaine dans les cieux, et de là, comme du haut d'un observatoire, nous découvrons les dimensions des trois plus grands corps de la nature. En effet, le soleil tout entier ne pourrait pas être caché à la terre par l'interposition de la lune, si la terre était plus grande que celle-ci. L'immensité du troisième corps, du soleil, ressort par la comparaison, et il n'est pas nécessaire d'en demander les dimensions au témoignage des yeux ou aux conjectures de l'intelligence, ni de dire : Il est immense, car une ligne d'arbres plantés dans l'étendue d'autant de milles qu'on voudra donnera des ombres parallèles, comme si l'astre répondait à tous les points de cette ligne. Il est immense, car à l'équinoxe il paraît, au même moment, vertical pour tout l'espace qui s'étend d'un tropique à l'autre. Il est immense, car pour ceux qui habitent en deçà du tropique l'ombre est projetée à midi vers le nord, à l'heure du lever vers le couchant ; ce qui ne pourrait se faire s'il n'était beaucoup plus grand que la terre. Il est immense, car à son lever il dépasse en largeur le sommet du mont Ida, qu'il déborde amplement à gauche et à droite, malgré la distance énorme qui l'en sépare. Mais ce qui démontre indubitablement la dimension du soleil, ce sont les éclipses de lune, de même que les éclipses du soleil ont démontré la petitesse de la terre. En effet, il y a trois figures d'ombres : si le corps opaque est égal au corps éclairant, l'ombre a la forme d'un cylindre prolongé indéfiniment ; si le corps opaque est plus grand que le corps éclairant, l'ombre a la forme d'un cône droit, dont la partie inférieure est la plus étroite, et qui se prolonge également indéfiniment ; si le corps opaque est plus petit que le corps éclairant, l'ombre a la forme d'un cône qui se termine par une pointe, et telle est l'apparence de l'ombre de la terre dans l'éclipse de lune. Il ne reste donc aucune raison de douter que le soleil ne l'emporte en grandeur sur la terre, et la nature même semble l'indiquer par des témoignages muets : pourquoi, en effet, pendant une moitié de l'année, le soleil s'éloigne-t-il de nous ? C'est pour refaire par la fraîcheur des nuits la terre, qu'il embraserait sans aucun doute, et que même il embrase en certaines parties, tant sont grandes ses dimensions. ».

IX les savants « Génies puissants et élevés au-dessus de l'humanité, ils ont découvert la loi qui régit ces grandes divinités, et ils ont délivré de ses craintes l'esprit misérable des hommes, qui dans les éclipses, tantôt croyaient voir une in fluence malfaisante ou une espèce de mort des astres, crainte qui, comme on sait, a, pour l'éclipse du soleil, troublé Stésichore et Pindare, poètes sublimes, et tantôt attribuaient l'obscurcissement de la lune à des maléfices, et lui venaient en aide par un bruit dissonant. Redoutant ce phénomène, dont il ignorait la cause, Nicias, général des Athéniens, n'osa pas faire sortir la flotte du port de Syracuse, et ruina la puissance de sa patrie. Redoublez de génie, interprètes du ciel, vous dont l'intelligence, embrassant la nature, a inventé des théories qui ont créé un lien entre les dieux et les hommes ! À la vue de ce spectacle, à la vue des labeurs (puisque c'est le nom qu'on a voulu donner aux éclipses), des labeurs réguliers auxquels les astres sont soumis, quel mortel ne pardonnerait à la nécessité sous laquelle il est né ? … ».


Sur la comète de César, Livre 2 :

« XXII. (xxiv.) Il reste peu de chose à dire du monde. Dans le ciel même, des étoiles naissent soudainement ; il y en a plusieurs espèces. Les Grecs appellent comètes, les Romains étoiles chevelues, des astres qui inspirent la terreur par une crinière couleur de sang, et qui semblent hérissés sur le sommet. On appelle pogonies ceux dont la crinière est disposée à la partie inférieure sous la forme d'une longue barbe. Les aconties sont lancées comme un javelot ; elles indiquent des événements d'un accomplissement très-prochain : telle est celle dont le César Titus Imperator, dans son cinquième consulat (an de J. C. 77), a fait le sujet d'une pièce de vers admirable. C'est la dernière de ce genre qu'on ait vue. Les comètes plus courtes et allongées en pointe ont été appelées xiphies ; ce sont les plus pâles de toutes ; elles ont le reflet d'un glaive, et sont dépourvues de rayons. Les discoïdes, d'une forme indiquée par leur nom, ont la couleur de l'ambre, et ne projettent que peu de rayons par leurs bords. Les pithées ont la figure de tonneaux, et présentent dans leur partie concave une lueur fumeuse. Les cératies ont l'apparence d'une corne : telle fut celle qui apparut quand la Grèce coalisée livra la bataille de Salamine (av. J. C. 480). Les lampadies imitent les torches ardentes. Les hippées imitent la crinière d'un cheval, vivement agitée, et tournoyant sur elle-même. Il y a aussi des comètes blanches, à chevelure argentée, d'un éclat tellement radieux que l'on peut à peine y fixer les yeux ; elles offrent, sous une apparence humaine, l'image d'un dieu. Il y en a aussi qui sont comme hérissées de poils et enveloppées d'une espèce de nuage. Il est arrivé une fois que la chevelure s'est changée en lance ; ce fut dans la 108e olympiade, l'an 398 de Rome. Le plus court espace de temps noté durant lequel elles ont été visibles est de 7 jours, le plus long de 80.

XXIII. Parmi les comètes les unes se meuvent comme les planètes, les autres demeurent immobiles. Presque toutes sont dans la région septentrionale du ciel ; elles en occupent une partie qui n'est pas fixe, et surtout la partie blanche, qui a reçu le nom de voie lactée. Aristote rapporte qu'on en voit souvent plusieurs à la fois, observation que personne autre n'a faite, à ma connaissance ; et il ajoute que ce phénomène indique des vents violents et de fortes chaleurs. Les comètes se montrent aussi dans les mois d'hiver et vers le pôle du midi, mais là sans aucun éclat. Il y a eu une comète fatale aux peuples de l'Éthiopie et de l'Égypte, et connue sous le nom de Typhon, qui fut un roi de ces temps anciens ; d'une apparence ignée, d'une forme contournée en spirale, d'un aspect effrayant, moins une étoile qu'une espèce de nœud enflammé. Quelquefois les planètes et les autres astres se montrent garnis de cheveux. Les comètes n'apparaissent jamais à l'occident. Ce sont des astres pleins de présages funestes, et qui ne se contentent pas de légères expiations, témoin les troubles civils sous le consul Octavius (an de Rome 678 ; avant J. C. 76), et derechef la guerre de Pompée et de César (avant J. C. 49) ; témoin encore, de notre temps, l'empoisonnement qui fit succéder Néron à l'empereur Claude (an de Rome 707, de J. C. 54) ; témoin enfin le règne de ce prince, durant lequel l'influence en fut presque continuelle et funeste. On pense que la diversité des effets qu'elles produisent dépend des parties vers lesquelles elles s'élancent, de l'étoile dont elles ressentent l'action, des formes qu'elles imitent, et des lieux où elles font éruption. On assure que, présentant la forme d'une flûte, elles sont un signe d'art musical ; de mœurs infâmes, paraissant dans les parties honteuses des constellations ; d'esprit et de science, quand elles sont en trine aspect ou en quadrature avec quelqu'un des astres permanents ; et qu'elles versent des poisons, étant dans la tête du Dragon du nord ou du midi. Rome est le seul lieu de l'univers qui ait élevé un temple à une comète, celle que le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui. Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant les jeux qu'il célébrait en l'honneur de Vénus Genitrix, peu de temps après la mort de son père César, et dans le collège institué pour cela par ce dernier ; il exprima en ces termes la joie qu'elle lui causait : « Pendant la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours une comète dans la région du ciel qui est au septentrion. Elle commençait à paraitre vers la onzième heure ; elle eut beaucoup d'éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. Suivant l'opinion générale, cet astre annonça que l'âme de César avait été reçue au nombre des divinités éternelles ; c'est à ce titre qu'une comète fut ajoutée à sa statue, que peu de temps après nous consacrâmes dans le forum. » Tel fut du moins son langage public ; mais dans l'intimité il se félicitait de l'apparition de cette comète, née, disait-il, pour lui, et dans laquelle il naissait à son tour : à vrai dire, ce fut un bonheur pour la terre. Il y a des auteurs qui pensent que les comètes sont des astres durables, qui ont leur propre orbite, mais qui ne sont visibles que lorsque le soleil les a abandonnés ; d'autres, au contraire, supposent qu'elles sont le produit du concours fortuit de l'humidité et de la force ignée, et que, en conséquence, elles se dissolvent.

XXIV. (xxvi.) Hipparque, dont nous avons déjà parlé (chap. 9 et 10), Hipparque, qu'on ne louera jamais assez, car personne plus que lui n'a fait sentir que l'homme a des affinités avec les astres et que nos âmes sont une partie du ciel, a observé une étoile nouvelle différente des comètes, et née de son temps. Le jour où il la vit briller, le mouvement qu'il y aperçut excita des doutes dans son esprit ; il se demanda si cela n'arrivait pas souvent, et si les étoiles que nous croyons fixes n'étaient pas mobiles elles-mêmes : alors il osa, chose audacieuse même pour un dieu, dresser pour la postérité le catalogue des étoiles, et en faire, pour ainsi dire, l'appel nominal. À cet effet, il inventa des instruments pour déterminer avec précision la position et la grandeur de chacune; il donna ainsi les moyens de reconnaître non- seulement si elles mouraient ou naissaient, mais encore si quelques-unes traversaient le ciel ou s'y mouvaient, et semblablement si elles croissaient ou diminuaient, laissant à tous le ciel en héritage, s'il se trouvait quelqu'un capable de recueillir la succession. ... »
à la suite Pline parle des météores…


Lucain ou Marcus Annaeus Lucanus (+39 à +65 AD) : Dans « la Pharsale », son récit de la guerre civile opposant Jules César à Pompée le Grand de 49 BC à la bataille de Pharsale d'août 48 BC, l'écrivain romain dresse la liste des signes, présages, calamités et prodiges sinistres de la guerre civile, et que les partisans de Pompée ont a redoutés de la puissance de César. Nous avons dans la partie finale du livre 1, un catalogue complet des croyances et superstitions délirantes avec la description de l'action des augures, devins et autres prophètes.

La Pharsale, livre 1 : « … Et toi, Rome, au premier bruit de la guerre te voilà déserte ; on n'ose se confier pour une seule nuit à tes murs. Pardonnons-leur ces frayeurs mortelles ; Pompée fuyait, qui n'eût pas tremblé ? Pour ne laisser même aux esprits consternés aucun espoir dans l'avenir, le sort manifesta sa colère par les plus terribles présages. Les dieux firent éclater au ciel, sur la terre et sur les mers mille prodiges effrayants.

On vit dans la nuit obscure des astres inconnus, le ciel embrasé d'obliques lueurs traversant le vide et l'immensité des airs ; l'astre qui change les empires, la comète déployer sa redoutable chevelure. Au milieu d'une sérénité trompeuse, on vit sous mille formes diverses se succéder les éclairs étincelants, tantôt semblables à un javelot, tantôt à la lumière éparse d'une torche. La foudre, sans nuage et sans bruit, partit des régions du nord et tomba sur le Capitole. Les moindres étoiles accoutumées à briller durant les heures muettes de la nuit, apparurent au grand jour. La lune, dont le disque réfléchissait alors la pleine image du soleil, pâlit, comme frappée de l'ombre de la terre. Le soleil lui-même, au plus haut de sa course, enveloppant son char d'une noire vapeur, plongea le monde dans les ténèbres et fit désespérer du jour. Moins sombre fut la nuit qui enveloppa Mycène, la ville de Thyeste, quand le soleil recula d'horreur vers son berceau. Vulcain courroucé ouvrit les gueules de l'Etna, mais au lieu de lancer sa flamme vers le ciel, il inclina sa cime béante, et répandit sa lave du côté de l'Italie. Charybde roula une mer de sang ; les chiens de Sylla poussèrent des hurlements lamentables. Le feu de Vesta ravi aux autels se partage en s'élevant, comme la flamme du bûcher des enfants d'Œdipe. La terre s'ébranle sur sa base, et du sommet chancelant des Alpes s'écroulent des monceaux de neiges. Thétys couvre de ses eaux grandissantes les sommets de l'Atlas et ceux de Calpé. Les dieux indigètes pleurent, et les lares expriment par leur sueur l'état où Rome est réduite, Les offrandes des dieux tombent dans le temple. Les oiseaux sinistres souillent le jour, les bêtes sauvages quittent les forêts et font hardiment de Rome leur repaire. La langue des bêtes fait entendre des paroles humaines ; les femmes enfantent des monstres, et la mère est épouvantée de l'enfant qu'elle a mis au jour. Les sinistres prédictions de la prêtresse de Cumes se répandent dans le peuple. Les ministres sacrés de Bellone et de Cybèle errants et furieux, les membres déchirés, les cheveux épars, glacent les peuples par leurs cris lugubres. Les urnes funéraires gémissent ; un bruit horrible d'armes et de voix se fait entendre dans les forêts inaccessibles ; les fantômes hantent les villes ; les peuples voisins de Rome abandonnent les campagnes ; l'effroyable Érinnis courait autour des murs, secouant sa torche allumée et sa chevelure de serpents. Telle l'Euménide excitait la Thébaine Agave ou conduisit le glaive du cruel Lycurgue ; telle par la volonté de Junon, Mégère épouvantait Hercule que Pluton n'a pu faire pâlir. On entendit le son des trompettes, et un bruit égal aux clameurs des combattants dans la fureur de la mêlée. L'ombre de Sylla sortit de la terre et rendit d'effrayants oracles ; les laboureurs épouvantés virent au bord de l'Anio Marius briser sa tombe, et lever sa tête du sein des morts. On crut devoir, selon l'antique usage, recourir aux devins d'Étrurie. Arons, le plus âgé d'entre eux, retiré dans les murs solitaires de Luca, lisait l'avenir dans les directions de la foudre, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes. D'abord, il demande qu'on jette dans les flammes le fruit monstrueux que la nature égarée forme dans un sein qu'elle condamne à la stérilité. Il ordonne aux citoyens tremblants d'environner les murs de Rome, et de les purifier par des lustrations. Tandis que les sacrificateurs en parcourent les dehors, accompagnés de la troupe inférieure des prêtres vêtus de la robe gabienne. Après eux, marche à la tête des vestales, le front ceint des bandelettes sacrées, la prêtresse qui seule a droit de voir Minerve Troyenne. Sur leurs pas, s'avancent les dépositaires des oracles et des livres des Sibylles, qui, tous les ans, vont laver la statue de Cybèle dans les faibles eaux de l'Almon. Ensuite venaient les augures, gardiens des oiseaux sacrés, et les chefs qui président dans les fêtes aux sacrifices des festins ; et les prêtres d'Apollon et ceux de Mars qui portaient à leur cou les boucliers mystérieux, et le grand prêtre de Jupiter qu'on distinguait au voile attaché sur sa tête majestueuse.

Tandis qu'ils suivent à pas lents les vastes détours de l'en ceinte de Rome, Arons ramassa les feux de la foudre, et la terre les reçoit dans son sein avec un triste et profond murmure. Il consacre le lieu où il les a cachés ; il fait amener au pied des autels un taureau superbe et commence les libations. La victime, impatiente, se débat longtemps pour se dérober au sacrifice ; mais les prêtres se jetant sur ses cornes menaçantes, lui font plier le genou et présentent sa gorge au couteau. Cependant, au lieu d'un sang vermeil, un noir poison coule de sa plaie ; Arons lui-même en pâlit d'horreur ; il observe la colère des dieux dans les entrailles de la victime, et la couleur l'en épouvante ; il les voit couvertes de taches livides et souillées d'un sang corrompu. Le foie nage dans cette liqueur impure, le poumon est flétri, le cœur abattu, l'enveloppe des intestins déchirée et sanglante, et, ce qu'on ne vit jamais en vain dans les flancs des animaux, du côté funeste, les fibres enflées palpitent, du côté propice elles sont lâches et sans vigueur. Dès qu'Arons a reconnu à ces marques les présages de nos calamités, il s'écrie : « O dieux ! dois-je révéler au monde tout ce que vous me laissez voir ? Non, Jupiter, ce n'est pas à toi que je viens de sacrifier, j'ai trouvé l'enfer dans les flancs de ce taureau. Nous craignons d'horribles malheurs, mais nos malheurs passeront nos craintes. Fasse le ciel que ces signes nous soient favorables, que l'art de lire au sein des victimes soit trompeur, et que Tagès qui l'inventa nous en ait imposé lui-même. »

C'est ainsi que le vieillard étrusque enveloppa ses prédictions d'un nuage mystérieux. Mais Figulus, qu'une longue étude avait admis aux secrets des dieux, à qui les sages de Memphis l'auraient cédé dans la connaissance des étoiles et dans celle des nombres qui règlent les mouvements célestes, Figulus éleva sa voix : « Ou la voûte céleste, dit-il, se meut au hasard, et les astres vagabonds errent au ciel sans règle et sans guide : ou, si le destin préside à leur cours, l'univers est menacé d'un fléau terrible. La terre va-t-elle ouvrir ses abîmes ? Les cités seront-elles englouties ? Verrons-nous les campagnes stériles ? les airs infectés ? Les eaux empoisonnées ? Quelle plaie, grands dieux ! quelle désolation prépare votre colère ? De combien de victimes un seul jour verra la perte ! Si l'étoile funeste de Saturne dominait au ciel, le Verseau inonderait la terre d'un déluge semblable à celui de Deucalion, et l'univers entier disparaîtrait sous les eaux débordées. Si le soleil frappait le Lion de sa lumière, c'est d'un incendie universel que la terre serait menacée ; l'air lui-même s'enflammerait sous le char du dieu du jour. Ni l'un ni l'autre n'est à craindre. Mais toi qui embrases le Scorpion à la queue menaçante, terrible Mars, que nous réserves-tu ? L'étoile clé mente de Jupiter est à son couchant, l'astre favorable de Vénus luit à peine, le rapide fils de Maïa languit ; Mars, c'est toi seul qui occupes le ciel. Pourquoi les astres ont-ils abandonné leur carrière, pour errer sans lumière dans le ciel ? Pourquoi Orion qui porte un glaive, brille-t-il d'un si vif éclat ? La rage des combats va s'allumer ; le glaive confond tous les droits ; des crimes qui devraient être inconnus à la terre obtiennent le nom de vertus. Cette fureur sera de longue durée. Pourquoi demander aux dieux qu'elle cesse ? La paix nous amène un tyran ! Prolonge tes malheurs, ô Rome ! traîne-toi d'âge en âge à travers des ruines. Il n'y a plus de liberté pour toi qu'au sein de la guerre civile. »

Ces présages avaient jeté l'épouvante dans le peuple. De plus terribles l'accablent encore. Telle des sommets du Pinde descend la bacchante pleine des fureurs du dieu d'Ogygie, telle à travers la ville consternée s'élance une matrone révélant par ces mots le Dieu qui l'oppresse : « Où vais-je, ô Péan ! sur quelle terre au-delà des cieux suis-je entraînée ? Je vois le Pangée et ses cimes blanches de neiges, et les vastes plaines de Philippes au pied de l'Hémus. Phébus, dis-moi, quelle est cette vision insensée ? Quels sont ces traits, quelles cohortes romaines en viennent aux mains ? Quoi ! une guerre et nul ennemi ? Où suis-je ailleurs emportée ? Me voici aux portes de l'Orient où la mer change de couleur dans le Nil des Lagides. Ce cadavre mutilé qui gît sur la rive du fleuve, je le reconnais. Je suis transportée aux Syrtes trompeuses, dans la brûlante Lybie, où la cruelle Érynnis a jeté les débris de Pharsale. Maintenant je suis emportée par-dessus les cimes nuageuses des Alpes, plus haut que les Pyrénées dont le sommet se perd dans les airs. Maintenant je reviens dans ma patrie. La guerre impie s'achève au sein du sénat. Les partis se relèvent, je parcours de nouveau l'univers. Montre-moi de nouvelles terres, de nouvelles mers, Phébus, j'ai déjà vu Philippes. » Elle dit, et tombe épuisée sous le dernier effort de sa fureur. »
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Tacite ou Publius Cornelius Tacitus (vers 55-58 AD à 117-120 AD) : Historien romain il publia Historiae vers 109 AD. Sur les astroLogues :

Histoires, Livre 1 : « XXII. … Othon … Il était poussé aussi par les astrologues, qui annonçaient, d'après l'observation des astres, une révolution nouvelle et une année glorieuse pour Othon : espèce d'hommes funeste [les astrologues] aux princes qu'ils trahissent, aux ambitieux qu'ils trompent, et qui, toujours proscrite, se main tiendra toujours dans Rome. La chambre secrète de Poppée avait été hantée par beaucoup d'astrologues, la pire espèce d'hôtes dans la maison conjugale d'un empereur. L'un d'eux, nommé Ptolémée, qui suivit Othon en Espagne, lui avait prédit d'abord qu'il survivrait à Néron ; se prévalant de l'accomplissement de la prédiction, il lui avait persuadé ensuite qu'il serait appelé à l'empire. Il se fondait sur les bruits qui couraient dès lors, et sur les conjectures des politiques, qui supputaient la vieillesse de Galba et la jeunesse d'Othon ; mais celui-ci faisait honneur de la prédiction à l'habileté de l'astrologue, et la prenait pour un avertissement du ciel, par cette manie de l'esprit humain qui croit plus volontiers ce qu'il comprend le moins. Ptolémée ne manquait pas aussi de l'exciter au crime, et, en de pareils desseins, du vœu au crime le passage est facile. ».


Valère-Maxime (début premier siècle) : Les gaulois croyaient à la métempsycose, comme les Pythagoriciens.

Livre II, VI, X Traduction Frémion 1863 : « 10. En quittant Marseille, je rencontre cette ancienne coutume des Gaulois. On dit qu'ils se prêtaient souvent entre eux des sommes d'argent remboursables dans l'autre monde, parce qu'ils étaient persuadés que nos âmes sont immortelles. Je les traiterais d'insensés, si cette opinion des Narbonnais (Gaulois) n'était pas aussi celle du philosophe grec Pythagore. 11. La philosophie des Gaulois enseigne l'avarice et l'usure; celle des Cimbres et des Celtibères respire l'activité et le courage. Ils tressaillaient d'allégresse dans les combats, espérant y sortir de la vie avec gloire et félicité. Étaient-ils malades, ils se désolaient comme des gens condamnés à une mort honteuse et misérable. Les Celtibères regardaient aussi comme un opprobre de Survivre dans une bataille à celui qu'ils avaient promis de défendre au péril de leur vie. Admirons les nobles sentiments de ces deux peuples et dans leur dévouement au salut de la patrie, et dans leur constante fidélité envers leurs amis. ».


Quinte-Curse (probablement 1er siècle AD) : Quinte-Curse est un historien romain connu pour son « Histoire d'Alexandre le Grand ». Dans son récit de la bataille de Gaugamèles, il décrit avec ses connaissances du 1er siècle de notre ère (lune cachée par la terre), l'effroi provoqué par l'éclipse de lune du 20 septembre 331 BC. Il livre aussi son avis (de son époque) sur l'exploitation des superstitions.

Livre IV, Chapitre X : « 38. … La cavalerie combattit ce jour-là d'une manière distinguée, et principalement Ariston de Paionia ; il porta un coup de javeline à la gorge à Stropate, ; Général de la cavalerie perse ; et le poursuivant dans sa fuite à travers les ennemis, il le renversa de son cheval, et, malgré sa résistance, lui coupa la tête, qu'il apporta glorieusement aux pieds du roi.

X. 39. Après avoir campé deux jours en ce lieu, le roi fit signifier le départ pour le jour suivant. Mais vers la première veille de la nuit la lune s'éclipsant perdit d'abord l'éclat de sa lumière ; puis elle s'éteignit entièrement, comme si elle émit souillée et teinte de sang : et les soldats, déjà inquiets des approches d'une action si périlleuse, furent pénétrés d'un profond sentiment de religion, et par là même de quelque frayeur. Ils se plaignirent qu'on les traînât contre la volonté des dieux aux extrémités de la terre. Ils ajoutèrent que les rivières s'opposaient à leur marche, et que les astres leur refusaient leur ancienne clarté ; qu'ils ne trouvaient plus que des terres dévastées et des déserts ; que c'était pour satisfaire la vanité d'un seul homme que tant de milliers d'hommes versaient leur sang : et qu'il osaient dédaigner sa patrie, désavouer son père Philippe, et prétendre ridiculement aux honneurs divins. Déjà la sédition était sur le point d'éclater, lorsqu'Alexandre, qui ne s'épouvantait de rien, fit venir dans sa tente grand nombre de chefs et d'officiers, et ordonna aux devins égyptiens, qu'il croyait très versés dans la connaissance du ciel et des astres, de déclarer ce qu'ils en pensaient. Eux, qui savaient assez que les révolutions des temps remplissaient exactement les périodes prescrites, et que la lune s'éclipse quand elle est tellement cachée par la terre qu'elle ne reçoit plus la lumière du soleil, ne voulurent point divulguer leur science : mais ils assurèrent d'ailleurs, que le soleil émit pour les grecs, et la lune pour les Perses ; et que, toutes les fois que celle-ci s'éclipsait, c'était pour ces peuples le présage de quelque calamité : ils citèrent là-dessus d'anciens exemples des rois de Perse , qui avaient eu les dieux contre eux dans des batailles selon le présage de quelques éclipses de lune. Rien de plus efficace pour mener la multitude [cohue, désordre] que la superstition ; d'ailleurs emporté, impétueuse, inconstante, dès qu'elle est préoccupée d'une vaine image de religion, elle obéit bien mieux à des devins qu'à ses chefs ; aussi les réponses des égyptiens, ayant été répandues parmi les troupes, ramenèrent l'espoir et la confiance dans les cœurs abattus.

X. 40. Le roi, croyant devoir profiter de cette fermentation des esprits, décampa à la seconde veille : il avait à sa droite le Tigre, et à sa gauche les montagnes qu'on appelle Gordèennes. »
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IIe
(101 à 200 AD)

Toujours des sensibilités aux présages astronomiques, comète, éclipse de lune...
Dion Cassius ou De Cassius Dio Cocceianus (vers 155 à >235 ?) : Historien romain de langue grecque. Il est l'auteur de l'Histoire Romaine de la fondation à la dynastie des Sévères, en 80 livres. Il est connu pour fournir beaucoup de détails et relate présages et superstitions. Dans le livre 65 qui relate l'année 69 AD et l'accession de l'empereur de débauches et brutalités Vitellius, il évoque des présages et une éclipse de lune.

Dans ces morceaux choisis, il évoque Vitellius (empereur romain du 19 avril au 22 décembre 69 AD), Vespasien (empereur romain du 22 décembre 69 à au 23 juin 79 AD), Aliénus (général romain de Vitellius), Crémone (ville proche de la bataille de Bedriacum des 14 avril et 24 octobre 69 AD), Primus (sénateur d'origine gauloise, vainqueur des armées de Vitellius pour Vespasien durant la bataille de Crémone), Mucien (légat gouverneur romain de Syrie, soutient de Vespasien).

Livre LXV : « 8. Au milieu de ces occupations [de Vitellius], il lui arriva des présages funestes. On aperçut une comète ; la lune s'éclipsa deux fois contre l'ordre des temps, car elle s'obscurcit le quatrième et le septième jour. On vit deux soleils à la fois, l'un du côté de l'Orient, l'autre du côté de l'Occident, l'un faible et pâle, I'autre brillant et fort. On remarqua dans le Capitole des indices nombreux et graves du départ des dieux, les soldats de garde cette nuit-là racontèrent que le temple de Jupiter s'était ouvert de lui-même avec un si grand bruit que quelques-uns des gardes en étaient morts de peur. »

« 9. Vespasien avait eu des présages et des songes lui annonçant de loin l'empire, qui seront rapportés dans sa vie ; … Telle était l'irritation des soldats contre Vitellius et leur désir de piller, car ils n'agissaient ainsi que pour saccager l'Italie, et ce fut, en effet, ce qui eut lieu. »

« 10. …. Aliénus se rendit a Crémone et l'occupa le premier, mais, voyant ses troupes énervées par le régime de Rome et amollies par l'oubli de la discipline, tandis que, chez ses adversaires, les corps étaient exercés et les esprits pleins d'ardeur, il fut effrayé ; puis, des propositions amicales lui ayant été faites de la part de Ρrimus, il convoqua ses soldats, et, leur représentant la faiblesse de Vitellius et la force de Vespasien, ainsi que les mœurs de l'un et de l'autre, il les décida à changer de parti. Les soldats alors arrachèrent de leurs enseignes les images de Vitellius, et jurèrent de se mettre sous les ordres de Vespasien ; mais, quand ils se furent dispersés et retirés sous leurs tentes, ils furent saisis de repentir, et, se réunissant tout à coup en hâte et en grand tumulte, ils proclamèrent de nouveau Vitellius empereur, et mirent Αliénus dans les fers comme coupable de les avoir trahis, sans respect pour sa dignité de consul : tant sont grands les excès de ce genre, surtout dans les guerres civiles. »

« 11. Le trouble, déjà grand, produit par cette affaire dans l'armée de Vitellius, fut encore augmenté par une éclipse de lune survenue durant la nuit : non-seulement l'astre s'obscurcit (ce qui, pour des esprits troublés, ne laisse pas que d'inspirer la crainte), mais encore il se montra sanglant, teint en noir et autres couleurs sinistres. Malgré cela, loin de changer de résolution ou de céder, [ils envoyèrent, le lendemain, en réponse aux messages de Ρrimus pour les amener à un accord, l'exhorter, à leur tour, à embrasser la cause de Vitellius ; … »

« 14. … Αu lever du Soleil, des soldats de la troisième légion, celle qu'on appelait la Gallica, dont les quartiers d'hiver sont en Syrie, mais qui se trouvait alors par hasard dans le parti de Vespasien, ayant tout à coup salué cet astre, selon leur coutume, les soldats de Vitellius, s'imaginant que Μucien était arrivé, changèrent de résolution, et, vaincus par le seul cri de leurs ennemis, prirent la fuite : tant il suffit quelquefois des moindres choses pour inspirer une folle terreur a des hommes déjà fatigués. … »

IIIe
(201 à 300 AD)
IVe
(301 à 400 AD)

Les cris lors des éclipses de lune sont sacrilèges.

Le livre des prodiges de Julius OBSEQUENS, ou catalogue d'interprétations délirantes par l'incompréhension des phénomènes.
Saint Ambroise ou Ambrosius Mediolanensis (vers 340 à 397) : Né vers 340, il était le fils du préfet du prétoire des Gaules. Il sera évêque de Milan de 374 à 397.

Sermon 4 ad populum : « M'étant informé ce que signifiaient ces cris extraordinaires que vous faisiez sur le soir il y a quelques temps, on me répondit que vous prétendiez par-là donner du soulagement à la Lune dans son éclipse. Alors je me raillai de cette folie, et je fus surpris au même-temps de voir que vous étiez assez bons Chrétiens pour prêter secours à Dieu. Car, vous criez de peur qu'il ne perdit la Lune si vous fussiez demeurés dans le silence, vous imaginant qu'il ne la pouvait soulager, quoiqu'il en soit le créateur, si vous ne l'eussiez secourue. C'est bien fait à vous que d'aider ainsi la divinité dans la conduite du ciel : mais si vous le voulez encore mieux faire, je vous conseille de veiller toutes les nuits ; car combien de fois pensez-vous que la lune a éclipsé tandis que vous dormiez, sans que pour cela elle soit tombée du ciel ? Pensez-vous qu'elle éclipse toujours vers le soir, et qu'elle n'éclipse jamais le jour ? Selon vous elle n'a coutume d'éclipser que vers le soir, lorsque vous avez le ventre plein et la tête chargea du vin que vous avez bu ; elle ne travaille que lorsque le vin vous travaille ; elle n'est troublée par les enchantements que lors que vos yeux le sont par le vin. Comment donc étant ivres pouvez-vous voir ce qui se passe dans le ciel à l'égard de la lune, vous qui ne voyez pas ce qui se passe en vous-mêmes sur la terre ? Voilà justement ce que dit le sage : Que les fous changent comme la lune. Vous changez comme la lune lorsque son mouvement vous rendant fous et insensés, de Chrétiens que vous étiez, vous devenez sacrilèges ; car c'est commettre un sacrilège contre le créateur que d'attribuer des faiblesses à la créature. Vous changez comme la lune, puisque de fidèles vous devenez infidèles. Si lorsque la lune éclipse, dit l'auteur du Sermon 215 du temps, qui est parmi ceux de saint Augustin, vous voyez quelqu'un crier, avertissez-le qu'il commet un grand péché s'il est dans cette pensée sacrilège qu'il la peut la soulager par ses cris contre les maléfices, ne considérant pas que c'est par l'ordre de Dieu qu'elle éclipse en certains temps. »


Saint Augustin d'Hippone ou Aurelius Augustinus Hipponensis (354 à 430) : Il fut un théologien chrétien romain nommé évêque d'Hippone (nord-est de l'Algérie). Comme Saint éloi il évoque les cris lors des éclipses de lune, le culte aux sources et aux arbres.

Évoqué dans la vie de Saint Éloi : Augustinus, Sermones, 41, SERMO CCLXV 265. De christiano nomine cum operibus non christianis

« 5 [Ethnicarum superstitionum reliquiae. Superstitio in feria quinta.] Et licet credam quod illa infelix consuetudo, quae de Paganorum profana observatione remansit, iam nobis castigantibus et de locis istis fuerit, Deo inspirante, sublata; tamen si adhuc agnoscatis aliquos illam sordidissimam turpitudinem de hinnicula vel cervula exercere, ita durissime castigate, ut eos poeniteat rem sacrilegam commisisse. Et si, quando luna obscuratur, adhuc aliquos clamare cognoscitis, et ipsos admonete denuntiantes eis quod grave sibi peccatum faciunt, quando lunam, quae Deo iubente certis temporibus obscuratur, clamoribus suis a maleficiis sacrilego ausu se defensare posse confidunt. Et si adhuc videtis aliquos ad fontes aut ad arbores vota reddere, et, sicut iam dictum est, sortilegos etiam et divinos vel praecantatores inquirere, phylacteria etiam diabolica et characteres, aut herbas, vel succos sibi aut suis appendere; durissime tanta eorum peccata increpantes dicite, quia quicumque fecerit hoc malum, perdit Baptismi sacramentum. Et quia audivimus quod aliquos viros vel mulieres ita diabolus circumveniat, ut quinta feria nec viri opera faciant, nec mulieres lanificium; coram Deo et sanctis Angelis eius contestamur, quia quicumque hoc observare voluerint, nisi per prolixam et duram poenitentiam tale sacrilegium emendaverint, ubi arsurus est diabolus, ibi et ipsi damnandi sunt. Isti enim infelices et miseri, qui in honore Iovis in quinta feria opera non faciunt, non dubito quod ipsa opera die dominico facere nec erubescunt nec metuunt. Et ideo quoscumque tales esse cognoveritis, durissime castigate; et, si emendare noluerint, nec ad colloquium nec ad convivium vestrum eos venire permittite. Si vero ad vos pertinent, etiam flagellis caedite; ut vel plagam corporis timeant, qui de animae suae salute non cogitant. Nos enim, fratres charissimi, cogitantes periculum vestrum, paterna vos sollicitudine admonemus. Si nos libenter auditis, et nobis facietis gaudium, et vos feliciter pervenietis ad regnum. Quod ipse praestare dignetur, qui cum Patre et Spiritu sancto vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen. »

Sermon 215 : « Si quando Luna obscuratur si quos acclamare cognoscitis , ipsos admonete, denunciantes, quod grave fibi peccatum faciunt, quando Lunam, quae Deo jubente certis temporibus obscuratur, clamoribus suis a maleficiis sacrilego ausu se defensare posse confidunt. »

« Si, quand la lune s'obscurcit, vous voyez encore quelques personnes pousser de grands cris, avertissez-les et dites-leur qu'elles pèchent gravement lorsqu'elles pensent que la lune, qui par l'ordre de Dieu s'obscurcit à certaines époques, pourra être délivrée par leur secours, c'est-à-dire leur audace sacrilège, des maléfices des démons. »


Julius Obsequens (milieu du 4e siècle AD ?, 1er siècle AD ?) : Julius Obsequens est un écrivain romain dont on ne connait pas la biographie de manière précise. Il était probablement très crédule. Il est connu par son « Livre des Prodiges » qui dresse la liste dans l'histoire de Rome, des différents prodiges, miracles, interprétations des superstitions et croyances populaires. Tous ces faits - sans doute réels mais inexplicables pour eux à l'époque- sont extraits et compilés de passages d'ouvrages d'autres auteurs antiques. De nombreux phénomènes atmosphériques ou célestes sont relatés. Ce livre peut nous apparaitre parfois comme un catalogue des interprétations délirantes, par mauvaises associations de faits à des croyances.

L'exemple délirant cité ci-dessous possède même probablement une erreur concernant la phase de la Lune. Il explique que la lune a disparue durant une nouvelle lune. Or, la lune n'est pas observable durant une nouvelle lune puisqu'elle se lève et se couche très proche et avec le Soleil. C'est la partie non éclairée par le soleil qui nous fait face. Il s'agit plus probablement d'une éclipse de lune durant la pleine lune. La date approximative peut être déduite par l'information des consuls Gaius Coelius Caldus et Lucius Domitius Ahenobarbus qui suggère une date proche de 94 BC, comme les éclipses totales de lune du 28 janvier 95 BC, ou du 23 mai 92 BC ou encore du 16 novembre 92 BC par exemple. Vulsiniis (la ville de Bolsena actuelle, nouvelle Velzna) était une cité étrusque. De même, Faesulis (Fésules) est l'actuelle Fiesole proche de Florence.

« CXI. Sous les consuls C. Coelius et L. Domitius. On offrit un sacrifice novemdial à l'occasion d'une pluie de pierres tombée chez les Volsques. À Vulsinies, la lune, alors nouvelle, disparut tout à coup, et ne reparut que le lendemain à la troisième heure. Il naquit une fille morte, ayant deux têtes, quatre pieds, quatre mains, et dont les parties sexuelles étaient doubles. Un oiseau incendiaire fut aperçu et tué. Chez les Vestiniens, il plut des pierres dans une métairie. Un météore igné apparut dans le ciel, et le ciel lui-même sembla embrasé. Du sang sortit de terre, et se coagula. Des chiens rongèrent publiquement des pierres et des tuiles. À Fésules, on vit en plein jour une grande multitude de fantômes en vêtements de deuil, le visage pâle, se promener par troupes au milieu des sépulcres. Les princes d'Espagne, en état de révolte, furent punis, par Nasica, du dernier supplice, et l'on détruisit leurs villes. »

« Prodigiorum Liber : C. Caelio L. Domitio coss. [A.U.C. 660 / 94 B.C.]

51. Novemdiale sacrum fuit quod Volsca gente lapidibus pluerat. Vulsiniis luna nova defecit et non nisi postero die hora tertia comparuit. Puella biceps, quadripes, quadrimana, gemina feminae natura mortua nata. Avis incendiaria visa occisaque. In Vestinis in villa lapidibus pluit. Fax in caelo apparuit et totum caelum ardere visum. Terra sanguine manavit et concrevit. Canes saxa tegulas vulgo roserunt. Faesulis ingens multitudo inter sepulcra lugubri veste, pallida facie interdiu ambulare gregatim visa. Per Nasicam Hispaniae principes qui rebellabant supplicio consumpti urbibus dirutis. »


Circonstances de l'éclipse calculées pour la ville de Bolsena en heure UT GMT :

Éclipse totale de lune du 28 janvier 95 BC : début partielle 00h53 à +59°, début totalité 01h55 à +50°, fin totalité 03h24 à +35°, fin partialité 04h27 à +23° de hauteur.

Éclipse totale de lune du 23 mai 92 BC : début partielle 16h42, début totalité non observable 17h44, fin totalité 19h22 à +8°, fin partialité 20h24 à +16° de hauteur.

Éclipse totale de lune du 16 novembre 92 BC : début partielle 01h28 à +49°, début totalité 02h26 à +39°, fin totalité 04h05 à +22°, fin partialité 05h03 à +12° de hauteur.

Éclipse annulaire du Soleil 29 juin -93 mais partielle vers Rome (on ne peut pas voir la lune) : https://eclipse.gsfc.nasa.gov/SEsearch/SEsearchmap.php?Ecl=-00930629

Ve
(401 à 500 AD)

Après 476 : Période du haut Moyen Âge
VIe
(501 à 600 AD) - Haut Moyen Âge

Combat de l'église contre les restes d'un culte celto-gaulois, que des gallo-romains ont continués de pratiquer.

Les grands cris durant une éclipse de lune sont condamnés en un péché considérable.

Interdiction des fêtes du solstice d'été (Saint-Jean).

Interdiction de prier auprès des fontaines et adresser des vœux aux arbres.

Interdiction des sacrifices et manger leur viande.

Césaire d'Arles ou Caesarius Arelatensis (vers 470/71 à 542/43?) : Évêque d'Arles de 502 à 543, vicaire du Saint-Siège en Gaule en 513, Saint de l'église, il a prêché plusieurs sermons rigoristes avec une influence et véritable autorité en Gaule. Il combat très sévèrement les restes d'un culte celto-gaulois que les gallo-romains ont continués de pratiquer. Il présente ce culte comme un reste du paganisme (terme complexe selon les époques et qui regroupe ceux qui ne sont ni chrétiens ni juifs, non baptisés, philosophies et croyances rejetées par l'église, adorateurs de faux dieux, magie et superstition, sans l'erreur, dans l'antiquité tardive les philosophes Grecs sont des païens, paysans).

SERMON LVI : Sur la confession des péchés…

« 2. C'est encore aujourd'hui ce même serpent qui parle à l'un par les devins, les observateurs des astres, et par les Manichéens ; et qui lui dit de ne pas confesser son péché. Est-ce que l'homme pèche, dit-il, par ces astrologues ? … »


SERMON LXVI : Sur le nom de Chrétien, avec des œuvres qui ne seraient par chrétiennes.

« 3. … Remarquez -bien, M. F., qu'en recourant à l'Église dans sa maladie, on a l'avantage de recouvrer la santé du corps, et d'obtenir le pardon de ses péchés : puis donc que l'on trouve ces deux avantages dans l'Église, d'où vient qu'il y en a d'assez aveugles et d'assez insensés, pour avoir recours aux enchanteurs, aux arbres, aux fontaines, à des charmes et à des caractères diaboliques, aux auspices, aux devins, ou aux sorciers ? Aveugles, dis-je encore une fois, qui ne voient pas que c'est multiplier leurs maux.

4. … de s'appliquer à ne dire que des choses bonnes et honnêtes ; qu'ils ne doivent se servir de leur langue, que pour louer Dieu, et non pour l'offenser et se blesser eux-mêmes par des calomnies, des médisantes, des chansons grossières et déshonnêtes, non plus qu'à passer les saints jours de Fêtes à danser en rond. L'usage des bals et de ces bruits éclatants qu'on y mêle, nous est resté du paganisme ; et ceux qui font assez malheureux, assez aveugles, pour ne pas rougir, ni avoir la moindre honte de faire de ces sortes de bals, de clameurs et de danses, jusques devant les églises des Saints ; quoiqu'ils viennent à l'église comme chrétiens, ils en sortent païens. Jugez vous-mêmes, M. F., quelle espèce de chrétien est celui qui, venant prier à l'église, laisse-là la prière, et s'en va tenir effrontément les propos sacrilèges des païens. Je vous le demande, M. T. C. F., convient-il que de la bouche d'un chrétien, où entre et repose le corps de J. C. il en sorte des chansons déshonnêtes, qui sont un poison diabolique ?

5. Je crois bien que, par la miséricorde de Dieu, nos réprimandes ont fait cesser dans ce pays-ci cette déplorable coutume, qui nous est restée des vaines observances du paganisme. Si vous connaissez néanmoins quelqu'un, qui fût encore adonné à ces pratiques si ridicules et si honteuses, comme d'avoir recours à de jeunes poulains, ou à des faons de biches, châtiez-les, corrigez les si sévèrement, qu'ils se repentent enfin d'avoir commis ces sacrilèges. De même, si vous saviez quelqu'un, qui observât encore de faire de grands cris dans le temps d'une éclipse de lune, avertissez-les que cette pratique est un péché considérable. Quelle idée de prétendre se préserver de quelque maléfice par cette pratique sacrilège ! Ne savez- vous pas que c'est par un ordre marqués de Dieu, que la lune s'éclipse en certains temps ? En voyez-vous d'autres faire des vœux aux fontaines, ou aux arbres; consulter les devins, les sorciers, les enchanteurs, comme je l'ai dit ; s'attacher à eux-mêmes, ou à ceux qui leur appartiennent, des talismans, des charmes, des herbes, ou des jus et expressions d'herbes ? Reprenez-les très sévèrement de ces péchés qui sont très considérables, et dites-leur bien affirmativement que, quiconque les commet, perd le sacrement de Baptême.
Nous avons appris nous-mêmes qu'il y a des hommes et des femmes, si livrés à l'illusions du démon, qu'ils ne travaillent point du tout, ni les uns ni les autres la cinquième férie (le Jeudi). Je les averties devant Dieu et devant les Saint Anges, que s'ils ne font une pénitence longue et sérieuse de ce sacrilège, et qu'ils ne s'en corrigent pas, ils seront condamnés au même feu qui dévore le démon, et le dévorera à jamais. Quel aveuglement, quelle déplorable stupidité de ne pas travailler le Jeudi en l'honneur de Jupiter ! Ces mêmes personnes ne seraient-elles pas mêmes assez imprudentes, assez téméraires, pour faire leurs ouvrages le jour de Dimanche. Reprenez, dis-je, très sévèrement tous ceux que vous sauriez être attachés à ces fortes de pratiques ; et s'ils ne se corrigent pas, ne les admettez ni à vos conversations, ni à votre table ; et s'ils vous appartiennent, châtiez-les même, afin que, s'ils ne sont pas touchés du salut de leurs âmes, les coups au moins leur impriment de la crainte, et les retiennent. … »


SERMON LXXVII : Du payement des dixmes.

« … en un mot d'empêcher que qui que ce soit n'ait la témérité de suivre cette détestable coutume qui nous est restée des superstitions du paganisme, d'aller pendant la nuit, ou le matin de la Fête de Saint Jean-Baptiste, se baigner dans les fontaines, les marais, ou dans les rivières. Ce qui arrive dans ces bains sacrilèges, c'est que non seulement on y donne la mort à son âme, mais, ce qui est sans ressource, très souvent on y est étouffé, et on y meurt. Qu'ils craignent donc au moins la mort du corps, s'ils ne sont pas touchés du salut de leur âme. J'espère de la miséricorde de Dieu, que par vos avis, la fermeté de vos réprimandes et la crainte de vos châtiments, très-peu, ou peut-être même personne, n'osera à l'avenir commettre ce crime. … »


SERMON LXXVIII : Sur les augures.

« I. … Je vous ai souvent avertis avec empressement, et conjuré en toute instance, de n'observer aucunes des superstitions sacrilèges du paganisme ; … de n'avoir aucun recours aux devins, aux sorciers, ni aux magiciens, et de ne les consulter ni sur vos maladies, ni sur quelque sujet que ce puisse être : que personne n'emploie les enchanteurs ; quiconque y aurait recours, perdrait le sacrement de son Baptême, redeviendront aussitôt sacrilège et païen, et périront éternellement, à moins qu'il ne sasse de grandes aumônes, et une pénitence bien longue et bien humiliante.
N'observez pas non plus les augures, c'est-à-dire, lorsque vous êtes en voyage, ne faites point attention au cris ou au chant de certains oiseaux, et ne soyez pas si téméraires, que d'annoncer sur ce chant des événements futurs, à la manière des démons. C'est encore une autre superstition à éviter, que d'observer le jour que l'on part de chez soi et le jour qu'on y revient. … ne faites seulement pas attention à certaines manières d'éternuer aussi ridicule que sacrilèges…

3. Mais comment donc faire, direz-vous ; car nous éprouvons que les augures, les magiciens et les devins nous disent vrai assez souvent ? L'écriture ne va pas à l'encontre ; mais elle nous défend de les croire, quand même ils nous diraient vrai…

5. … abandonnons absolument, renonçons sincèrement à ces pratiques sacrilèges, et recourons de toute la plénitude de notre cœur à la miséricorde de notre Dieu. Car avoir confiance à ces sortes de maléfices, aux magiciens, aux devins, aux aruspices, ou aux charmes et caractères, ou à quelque espèce d'augure que ce soit, il ne servirait de rien alors de jeûner, de prier, de se trouver continuellement à l'église…. Par conséquent, des chrétiens, qui par la grâce de Dieu, ne veulent pas se rendre dignes des supplices éternels, ne doivent ni prier auprès des fontaines, ni adresser des vœux aux arbres.
Ce serait même, sans contredit, participer à ces sacrilèges, si, ayant dans son champ, dans son bien de campagne, ou près de sa maison, quelques-uns de ces arbres, ou de ces autels, ou quel qu'espèce que ce soit de ces objets d'observation superstitieuses ; où des hommes misérablement aveuglés vont faire et acquitter des vœux, si, dis-je, on les laissait subsister, si on ne les coupait et les détruisait pas.
Mais quel nom donner à cette autre superstition extravagante, selon laquelle, lorsque ces sortes d'arbres viennent à tomber, personne n'oserait en mettre le bois dans son feu ? Jusqu'où va l'aveuglement et la stupidité des hommes ! Ils respectent un arbre mort, et ils méprisent les commandements du Dieu vivant ; ils n'osent mettre au feu les branches de cet arbre, et ils se précipitent eux-mêmes en enfer. …

6. Il m'est encore revenu que quelques-uns, par simplicité, ou par ignorance, ou peut-être même, et plus vraisemblablement, poussés par la gourmandise, n'appréhendaient pas et n'avaient pas honte de manger des viandes souillées, qui s'offrent encore, selon l'usage des païens, en sacrifices, ou plutôt en sacrilèges. Je vous avertis aujourd'hui et je vous conjure en la présence de Dieu et devant ses Saints Anges, de ne point assister à ces festins diaboliques qui se font à un autel, ou auprès des fontaines ou quel qu'arbre que ce soit. »


Autre traduction et interprétation : Césaire d'Arles, Sermon XIII. Trad. D. Norberg, Manuel pratique de latin médiéval, Paris, 1980 :

« J'ai beau être persuadé que, guidés par Dieu, vous avez su corriger et faire disparaître de ces lieux cette coutume funeste, reste du culte impie des païens, toutefois si vous connaissez encore des gens qui se chargent de la plus repoussante des souillures en se déguisant en vieille femme ou en cerf, réservez-leur un châtiment si sévère qu'ils se repentent d'avoir commis un sacrilège. Et si vous savez que certains ont gardé l'habitude de pousser des hurlements quand la lune est à son déclin, tancez-les eux-aussi, en leur montrant qu'ils commettent un péché grave en s'imaginant qu'ils peuvent, par leurs hurlements ou leurs maléfices d'une audace sacrilège, secourir la lune qui s'obscurcit aux temps fixés selon la volonté de Dieu. Et si vous voyez encore quelques-uns adresser des vœux aux fontaines ou aux arbres ou interroger, comme nous l'avons dit, des magiciens, des devins ou des enchanteurs, ou suspendre à leur cou, ou au cou de leurs proches, des amulettes diaboliques, des caractères magiques, des herbes ou des pièces d'ambre, blâmez-les avec la dernière sévérité, en leur disant que ceux qui commettent ce péché perdent le sacrement du baptême. Nous avons aussi entendu dire qu'il y a des hommes et des femmes à ce point aveuglées par le diable que le cinquième jour de la semaine les hommes ne travaillent pas dans les champs et les femmes ne filent pas la laine, et nous affirmons devant Dieu et ses anges que ceux qui agissent ainsi seront, s'ils ne corrigent pas cette idolâtrie si grave par une longue et dure pénitence, condamnés à brûler là où le diable brûlera. Car ces malheureux, ces misérables qui en l'honneur de Jupiter s'abstiennent de travailler le cinquième jour s'adonnent certainement aux mêmes travaux le dimanche, sans honte et sans inquiétude. Châtiez-donc très sévèrement tous ceux qui à votre connaissance vivent ainsi. S'ils ne veulent pas se corriger, ne leur parlez pas et ne mangez pas avec eux. S'ils vous appartiennent, vous devez même les fouetter afin que ceux qui ne pensent pas au salut de leur âme craignent au moins la meurtrissure de leur corps. Nous autres, cher frères, nous vous avertissons avec la sollicitude d'un père, connaissant bien notre propre péril. Si vous voulez nous écouter, vous nous causerez une grande joie, et vous parviendrez heureusement au Royaume des Cieux. Que celui qui vit et règle avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles daigne nous accorder ce don. Amen. »

VIIe
(601 à 700 AD) - Haut Moyen Âge

Toujours une lutte acharnée de l'église chrétienne contre les superstitions et pratiques héritées des cultes celto-gaulois et gallo-romain. La lunaison et les éclipses sont citées.

La résistance et le défi des païens contre Saint Éloi : « Jamais, Romain que tu es, … tu ne pourras détruire nos coutumes, mais nous célébrerons toujours nos solennités comme nous l'avons fait jusqu'à ce jour, et il n'y aura aucun homme qui puisse jamais nous défendre ces jeux antiques, et qui nous sont si agréables. »
Saint Éloi, évêque de Noyon, (588 à 660) : Né à Chaptelat à environ 10 km au nord de Limoges, de parents catholiques aux prénoms d'origine gallo-romaine Eucherius et Terrigia. Il est l'une des plus grandes figures du 7e siècle par ses fonctions d'orfèvre, de trésorier du roi Dagobert, puis d'évêque à Noyon en 641 (dans l'Oise), considéré guérisseur miraculeux. En tant qu'évêque, il a combattu fermement le paganisme pour la conversion au christianisme. Il évangélisa le nord de la Gaule et une partie de la Belgique contre l'immoralité et les superstitions, non sans une vive résistance et le défi des locaux.

Vie de Saint Éloi par Saint Ouen (son ami évêque de Rouen) Vita Eligii episcopi noviomagensis :

Sources : https://books.google.fr/books?id=eqFfAAAAcAAJ ou https://books.google.fr/books?id=ETBOAQAAMAAJ avec notes à partir de n°35 https://books.google.fr/books?id=ETBOAQAAMAAJ&pg=PA711

[Les entre crochets en italique sont des compléments de compréhension du texte ajoutés par David ROMEUF]

Livre 2, Chapitre II, Comment Saint Éloi fut ordonné évêque :

« … Il fut donné pour pasteur à ces contrées, parce que les habitants de ce pays étaient encore, en grande partie, enveloppés des ténèbres du paganisme et adonnés à de vaines superstitions ; et, semblables aux bêtes sauvages, ils n'avaient pu recevoir jusqu'alors la parole du salut. … »


Livre 2, Chapitre XV, Comment il évangélisait le peuple, et des termes dans lesquels il l'exhortait :

« … méprisez les devins et les sorciers; … Mais avant tout, je vous en supplie, n'observez aucune des coutumes sacrilèges des païens ; ne consultez pas les graveurs de talismans, ni les devins, ni les sorciers, ni les enchanteurs, pour aucune cause ou maladie que ce soit ; ne pensez pas même à les interroger, car celui qui le ferait perdrait aussitôt la grâce du sacrement de baptême; n'observez pas également les augures ni les sternutations [évoquer Dieu lorsqu'on éternue, interprété comme des présages] ; ne faites point attention au chant des oiseaux que vous avez pu entendre dans votre chemin ; mais, soit que vous soyez en voyage, ou que vous fassiez quelque autre chose, signez-vous au nom du Christ, et dites l'oraison dominicale avec foi et dévotion, et l'ennemi ne pourra vous nuire en rien. Qu'aucun chrétien n'observe quel jour où il sortira d'une maison et quel jour il y rentrera [jour heureux ou malheureux / matu anmatu du calendrier gaulois de Coligny ?], parce que Dieu a fait tous les jours ; que nul ne fasse attention au premier jour de la lune ou à ses éclipses ; que nul ne fasse aux calendes de janvier [solstice d'hiver, Saturnales, Janus] des choses défendues, ridicules, antiques et déshonnêtes [vetulas aut cervolos : se déguiser en vieille femme, se déguiser et imiter cerf ou biche en carnaval], ou des danses, ni de tenir table ouverte pendant la nuit [croyance païenne de retrouver toute l'année l'abondance des festins nocturnes des fêtes de Janvier, avec des présents mutuels que l'on pense de bon augure], ni de se livrer aux excès du vin ; que nul chrétien ne s'adonne aux femmes impudiques et ne cède à leur chant de sirène, parce que ce sont des œuvres diaboliques ; que nul, à la fête de Saint-Jean [célébration du solstice d'été] ou à certaines solennités des saints, ne s'exerce à observer les solstices, les danses, les caroles et les chants diaboliques ; que nul ne pense à invoquer les noms des démons, comme Neptune, Pluton, Diane, Minerve ou le Génie, ou de croire aux autres absurdités de ce genre ; que nul ne garde le repos au jour de Jupiter [le Jeudi était considéré comme un jour très heureux pour les païens alors que les catholiques imposaient le dimanche comme jour du seigneur], à moins que ce ne soit en même temps la fête de quelque saint, ni le mois de mai [fête celtique de Beltaine ?], ni aucun autre temps, ni les jours des créneaux, ni des murs [jours de la fondation des villes], ou aucun autre jour, si ce n'est le jour du Seigneur ; que nul chrétien ne fasse des vœux dans les temples, ou auprès des pierres, des fontaines, des arbres ou des enclos [des collines, exemple ex-voto source des roches et arbres sacrés cueillette du gui, chêne Jupiter, Olivier à Minerve… les enclos consacrés par une clôture], ni d'allumer des flambeaux le long des chemins et dans les carrefours ; que nul n'attache des billets au cou ou d'un homme ou de quelque animal [défixion de la magie antique comme les tablettes defixio de malédiction ou envoûtement], quoique cette action soit pratiquée par des clercs, et que l'on dise que c'est une chose sainte, et que ces papiers contiennent des leçons divines, parce que cela n'est pas pour eux le remède du Christ, mais le venin du diable ; que personne ne pense à faire des lustrations [purification avec l'eau], ni des enchantements sur les herbes [remèdes avec le suc, incantations en récoltant au clair de lune], ni ne fasse passer ses troupeaux par le creux d'un arbre ou à travers un trou fait dans la terre [purification magique contre les maladies. Comme pour Beltaine ?] ; que nulle femme ne suspende de l'ambre à son cou et n'en mette dans telle ou telle teinture, ou autre chose, en invoquant Minerve ou d'autres fausses divinités [censés protéger et aider, phylactère jugé diabolique], mais que son désir, dans toutes ses œuvres, soit de posséder Jésus Christ et de se confier de tout son cœur en la vertu de son nom ; que personne ne pousse de grands cris quand la lune pâlit [éclipse, vinceluna chez les romains pour couvrir de bruit les enchantements magiques contre la lune et l'aider. pratiqué chez les gaulois ?], parce que cela arrive en certain temps par l'ordre de Dieu ; que personne ne craigne donc qu'il lui arrive quelque chose à la nouvelle lune, parce que Dieu a fait ainsi la lune, afin de marquer les temps et de tempérer les ténèbres de la nuit, et non pour empêcher personne de se livrer à ses travaux, ou pour rendre les hommes fous, comme les sots le pensent, eux qui croient que les démoniaques souffrent à cause de la lune ; que personne n'appelle le soleil ou la lune ses maîtres, parce que ce ne sont que les créatures de Dieu, et qu'elles servent aux besoins de l'homme par l'ordre de Dieu ; que nul ne croie au destin, à la fortune ou à un quadrat de géniture [représentation carrée astrologique du ciel], qu'on appelle vulgairement une naissance, ni qu'il dise : « Que tel sa naissance l'a fait, tel il sera » [Astrologie horoscope], parce que Dieu veut le salut de tous les hommes, et qu'ils parviennent tous à la connaissance de la vérité, et dispense toutes choses dans sa sagesse, comme il l'a fait quand il a créé le monde. Chaque fois que vous tomberez dans quelque infirmité, n'allez point trouver les enchanteurs, les devins, les sorciers et les charlatans, etc. , et ne faites pas des cérémonies diaboliques aux fontaines, aux arbres et aux endroits où deux chemins aboutissent, mais que celui qui est malade se confie en la seule miséricorde de Dieu, et reçoive, avec foi et dévotion, l'eucharistie du corps et du sang du Christ, qu'il demande fidèlement l'huile bénite par l'Église, et en soigne son corps au nom du Christ et d'après la parole de l'apôtre : « La prière de la foi sauvera « l'infirme », et le Seigneur le soulagera, et il recevra non seulement la guérison du corps, mais encore celle de l'âme, et il aura accompli en lui-même ce que le Seigneur promet dans son Évangile quand il dit : « Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l'obtiendrez.» Avant toutes choses, en quelque endroit que vous soyez, soit dans votre maison, soit en chemin, soit à table, ne prononcez jamais aucune parole déshonnête ou luxurieuse, parce que, comme le Seigneur l'a prédit dans son Évangile : « Les hommes rendront compte au jour du jugement de toutes les paroles oiseuses qu'ils auront dites sur la terre ». Opposez-vous aux jeux, aux chansons, aux danses diaboliques des gentils ; que nul chrétien ne fasse ces choses, parce que, par-là, il s'exposerait à devenir païen. Il ne convient pas d'entendre des chants diaboliques sortir d'une bouche chrétienne où Jésus-Christ est reçu dans son sacrement, et à qui il convient de toujours louer Dieu. C'est pourquoi, mes frères, repoussez de toutes vos forces toutes ces inventions des ennemis, et fuyez avec une grande horreur les sacrilèges dont je vous ai parlé ; ne vénérez aucune créature, si ce n'est pour Dieu et ses saints ; laissez là les fontaines et coupez les arbres qu'on appelle sacrés ; enlevez, ôtez ces figures de pied que l'on place dans les carrefours [croyance aux divinités du voyage, protection des voyageurs, représentations de Mercure ou équivalent en bois] et, partout où vous en trouverez, jetez-les au feu, et soyez bien persuadés que vous ne serez sauvés que par l'innocence et la croix du Christ ; car cela est si vrai, que considérez ces hommes égarés, si l'arbre auquel ils rendaient leurs vœux vient à être coupé, ils n'osent en mettre le bois au feu. Voyez combien est grande la folie des hommes, de rendre des honneurs à un arbre insensible et sans vie, et de mépriser les préceptes du Dieu tout-puissant. Que nul n'adore donc le ciel, les astres, la terre, ni aucune autre créature, excepté Dieu, parce que lui seul a créé et disposé dans leur ordre toutes ces choses. Assurément le ciel est élevé, la terre est grande, la mer est immense, les astres sont beaux ; mais il est nécessairement plus beau et plus grand celui qui a créé toutes ces choses et tout ce que nous voyons. Les différentes productions de la terre, la beauté des fleurs, la diversité des fruits, les diverses espèces d'animaux, et tout ce qui habite la terre, ou les eaux, ou les airs, la prudence de l'abeille, l'impétuosité du vent, la rosée des nues, le fracas du tonnerre, la vicissitude des temps, le retour alternatif des jours et des nuits, tout cela est si incompréhensible pour l'esprit humain ! Si donc, il en est ainsi de tout ce que nous voyons, que nul ne puisse le comprendre, comment pourrions-nous nous faire une idée des choses célestes que nous ne voyons pas ? et à quel prix ne devons-nous pas les estimer ? Mais quel est l'auteur de tout cela, qui, par sa volonté, a tout créé, et par l'arbitre duquel tout est gouverné ? Craignez-le donc, mes frères, par-dessus toutes choses ; adorez-le entre tout ; aimez-le par-dessus tout, et il vous fera miséricorde : ne désespérez donc jamais de sa clémence. »


Livre 2, Chapitre XIX, De la puissance de sa parole et de la délivrance des démoniaques :

« À un certain temps de là, comme on célébrait la fête du bienheureux Pierre, apôtre, dans un village du diocèse de Noyon, et non loin de cette ville [à l'Abroye]. Éloi se rendit en cet endroit, et il y prêchait avec une grande constance, comme il en avait toujours la coutume, la parole de Dieu, et exhortait surtout le peuple à rejeter tous les divertissements abominables des démons, et les danses et les rondes insensées ; et il disait qu'il fallait abandonner toutes ces vaines superstitions. Quelques-uns des principaux habitants de ce lieu écoutaient sa prédication avec une très grande impatience, soit parce qu'il voulait détruire leurs fêtes, soit parce qu'il voulait anéantir leurs coutumes qu'ils croyaient légitimes. Alors quelques hommes méchants (et ils étaient principalement de la suite d'Erchenoald, qui en ce temps-là était préfet du palais et rival d'Éloi, mais non dans le bien) s'entendirent ensemble, et formèrent le projet entre eux que, s'il s'opposait davantage à leurs folles pratiques, ils se jetteraient à l'instant sur lui et le tueraient. Ce qu'Éloi ayant su, animé d'un grand désir du martyre, il se leva aussitôt et recommanda à tous ceux qui l'accompagnaient que personne ne le suivit, à l'exception de deux clercs et d'un diacre. Il vint donc au milieu de la foule du peuple, et se tenant devant la basilique, et sur un lieu élevé, il commença à parler avec véhémence et d'une manière encore plus forte, reprenant le peuple de ce qu'il fuyait les avertissements salutaires pour s'attacher aux talismans du diable. La foule, violemment émue à ce discours, lui répondit par des injures et, le menaçant de la mort, lui disait : « Jamais, Romain que tu es, malgré que tu nous en reprennes souvent, tu ne pourras détruire nos coutumes, mais nous célébrerons toujours nos solennités comme nous l'avons fait jusqu'à ce jour, et il n'y aura aucun homme qui puisse jamais nous défendre ces jeux antiques, et qui nous sont si agréables. » Alors, Éloi voyant qu'il n'avançait à rien et que les divertissements reprenaient avec plus de force, ému d'indignation, il appela, du fond de son cœur, le Seigneur Jésus, disant : « Je prie, Seigneur, votre miséricorde de remplir maintenant de la rage des démons, pour l'exemple et la terreur d'un grand nombre, ceux qui, avec tant d'audace et d'orgueil, osent aller contre vos saints avertissements, et obéissent plus aux séductions du diable qu'à vos préceptes, afin que l'on puisse connaître par-là ceux dont ils font les œuvres, et afin que votre saint nom soit glorifié avec encore plus de zèle par ceux qui croient en vous. » Aussitôt un grand nombre de ces hommes, et surtout ceux qui étaient de la suite d'Erchenoald, et qui, méprisant la parole divine, se préparaient à porter leurs mains sacrilèges sur Eloi, furent saisis par l'esprit immonde et entrèrent en fureur de diverses manières. Tout le peuple, excepté les personnes de la suite d'Eloi, fut rempli d'une grande frayeur ; et se jetant aux pieds de l'homme de Dieu, il embrassait ses genoux, redoutant de souffrir de semblables tourments et promettant de suivre en tous points et sans aucune dissimulation ce qu'il leur ordonnerait. Cet homme bienheureux leur répondit : « Ne craignez pas, vous autres, mais glorifiez plutôt le juste jugement de Dieu, parce qu'il est digne de remarque en effet que ceux qui s'opposent à sa volonté, étant livrés à ceux qu'ils aiment en ce monde, comprennent quels sont les maîtres au culte desquels ils se sont asservis ; mais vous, si vous voulez obéir volontiers aux préceptes du Christ, ne craignez rien, parce que vous serez toujours à l'abri des atteintes de ces larroneaux [petits larrons, petits voleurs].» Ensuite, comme beaucoup l'imploraient pour ceux qui étaient tourmentés par le démon, il ne voulut pas prier sur le champ pour eux, et il dit : « Laissez-les encore, laissez-les : qu'ils éprouvent, qu'ils éprouvent, et qu'ils sachent enfin ceux qu'ils doivent avoir en horreur, et à qui ils avaient obéi jusqu'à ce jour. » Un an s'étant donc ainsi écoulé, lorsque l'anniversaire de la fête de saint Pierre fut revenu, il ordonna qu'on lui amenât en présence du peuple tous ces hommes tourmentés du démon ; il pria d'abord, et ensuite, ayant exorcisé de l'eau, il leur en donna pour remède, et ils furent aussitôt délivrés des attaques du diable, et leur nombre se montait à plus de cinquante. Après leur avoir annoncé la voie du salut, et après les avoir ainsi corrigés et châtiés, il les renvoya sains et guéris. »


VIIIe
(701 à 800 AD) - Haut Moyen Âge

Les Carolingiens de 751 à 987 AD

En 743 : Interdiction de la pratique d'hurler vinceluna durant une éclipse lunaire.
Bède le Vénérable (672/673 à 735) : Un pénitentiel est attribué à ce moine anglo-saxon. Ces livres répandus surtout par les moines celtes établissaient des tarifs de pénitence à l'usage des confesseurs. Le christianisme celtique emprunte aux églises d'Orient et Romaine avec des souvenirs de l'époque druidique.

Des augures ou divination (vers 720) fixe un tarif pour les clameurs lorsque la lune s'obscurcie :

« C. XXX. De auguriis vel divinationibus. [Reg. II. 363—365.]

§. 1. (Egb. IV. 13. 14.) Qui augurias vel divinationes perpetrant, V annos peniteant. Emissores vero tempestatum VII annos.
Les augures ou ceux qui se rendent coupables de divinations, 5 années de pénitence. Ceux qui prédisent l'avenir 7 années.

§. 2. (Egb. VII. 6.) Mulier si divinationes vel incantationes diabolicas fecerit, l annum peniteat vel III quadragesimas vel quadraginta dies juxta qualitatem culpe peniteat.
Une femme qui fait des prédictions ou des incantations au diable, 1 année de pénitence ou 3 fois quarante jours ou quarante jours de pénitence selon la nature de la faute.

§. 3. (Egb. VIII. 1. 3. 4.) Auguria vel sortes, que dicuntur falsa sanctorum vel divinationes, qui eas observaverit vel quarumcunque scripturarum inspectione promittit vel votum voverit ad arborem vel ad quamlibet rerum excepto ad ecclesiam, si clerici vel laici hoc faciunt, excommunicentur ab ecclesia, vel clericus III annos peniteat, laicus II vel I et semis. Noli exercere, quando luna obscuratur, ut clamoribus suis ac maleficiis sacrilego usu se defendere posse confidunt. Caraios et divinos precantatores, philacteria etiam diaholica vel herbas aut succino suis vel sibi impendere vel V feria in honorem Jovis seu Kalendis Januarii secundum paganicam causam honorare ac colere voluerit, si clericus est, V annos, si laicus, III annos poeniteat. »
Ne te comporte pas, lorsque la lune s'obscurcit, comme [ceux qui] croient pouvoir se protéger par leurs invocations et leurs maléfices, selon un usage sacrilège. (Traduction de François Ploton-Nicollet, Professeur à l'Ecole nationale des chartes)


Un captitulaire (acte législatif émanant d'un roi franc Carolingien) interdit la pratique superstitieuse de « vinceluna » durant une éclipse de Lune. Les gens hurlaient littéralement « Victoire à la Lune », « Sois victorieuse, ô Lune ! », traduisant une lutte de la Lune contre un agresseur ennemis et l'angoisse des gens face à l'issue du phénomène contre cet astre bienfaisant. Ce capitulaire de l'année 743, liste et condamne 30 croyances et pratiques superstitieuses et païennes du nord de la Gaule, au moment de leur conversion par Charlemagne. Il s'agit de pratiques courantes préchrétiennes qui perduraient. Le manuscrit est conservé à la bibliothèque du Vatican. Il est édité dans le Karlomanni Principis Capitulare.

FORMA ABRENUNTIATIONIS DIABOLI INDICULUS SUPERSTITIONUM ET PAGANIARUM

1. De sacrilegio ad sepulchra mortuorum.
Des sacrilèges commis auprès des sépultures.

2. De sacrilegio super defunctos id est dadsisas.
Des sacrilèges commis au-dessus des défunts, cela se nomme dadsisas.

3. De spurcalibus in februario.
Des obscénités accomplies en février.

4. De casulis id est fanis.
Des petites maisons : cela se nomme fanis.

5. De sacrilegiis per aecclesias.
Des sacrilèges commis dans les églises.

6. De sacris siluarum quae nimidas vocant.
Du culte des forêts que l'on nomme Nimidas.

7. De hiis quae faciunt super petras.
De ce que l'on fait au-dessus des pierres.

8. De sacris Mercurii, vel Iovis.
Des cultes de Mercure et de Jupiter.

9. De sacrificio quod alicui sanctorum.
Des sacrifices offerts à l'un des saints.

10. De filacteriis et ligaturis.
Des phylactères et des cordons en bandages.

11. De fontibus sacrificiorum.
Des sacrifices aux fontaines.

12. De incantationibus.
Des incantations.

13. De auguriis vel avium vel equorum vel bovum stercora vel sternutationes.
Des présages tirés soit des excréments ou des oiseaux ou des chevaux ou des bœufs, ou des éternuements.

14. De divinis vel sortilegis.
Des devins ou des sortilèges.

15. De igne fricato de ligno id est nodfyr.
Du feu allumé par frottement du bois, cela se nomme nodfyr.

16. De cerebro animalium.
De la cervelle des animaux.

17. De observatione paganorum in foco vel in incoatione rei alicuius.
Des présages païens tirés du foyer ou avant d'entreprendre quelque affaire.

18. De incertis locis que colunt pro sanctis.
Des lieux mal famés que l'on honore comme sacrés.

19. De petendo quod boni vocant sanctae Mariae.
De la demande que les fidèles adressent des invocations à sainte Marie.

20. De feriis quae faciunt Iovi vel Mercurio.
Des fêtes en l'honneur de Jupiter ou de Mercure.

21. De lunae defectione quod dicunt vinceluna.
De l'éclipse de lune que l'on nomme Vinceluna.

22. De tempestatibus et cornibus et cocleis.
Des tempêtes et des cornes et des limaces.

23. De sulcis circa villas.
Des sillons tracés autour des habitations.

24. De pagano cursu quem yrias nominant scisis pannis vel calciamentis.
De cette course païenne qu'ils appellent Yrias, vêtements ou chaussures déchirés.

25. De eo quod sibi sanctos fingunt quoslibet mortuos.
De ce que certains font, pour eux-mêmes, de défunts quelconques, des saints.

26. De simulacro de consparsa farina.
Des images faites de farine répandue.

27. De simulacris de pannis factis.
Des images faites de tissus.

28. De simulacro quod per campos portant.
De l'image qu'ils portent à travers la campagne.

29. De ligneis pedibus vel manibus pagano ritu.
Des pieds et des mains faits de bois suivant le rite païen.

30. De eo quod credunt quia femine lunam comendet, quod possint corda hominum tollere iuxta paganos.
Sur le fait qu'ils croient que les femmes doivent rendre un culte à la lune pour pouvoir ravir le cœur des hommes, selon les usages des païens. (Traduction de François Ploton-Nicollet, Professeur à l'Ecole nationale des chartes).


VINCELUNA dans Glossarium mediae et infimae latinitatis , DU CANGE. Niort : L. Favre, 1883-1887.

Quelques détails et explications sur les superstitions listées :

- à partir de la page 222 de l'Histoire des Carolingiens;

- à partir de la page 326 des « Annales de l'Académie Royale d'Archéologie de Belgique », 1857, Volume 14.

IXe
(801 à 900 AD) - Haut Moyen Âge

Interdiction de vociférer durant une éclipse de lune.
Raban MAUR (780 à 856) : Ce moine bénédictin germanique produit une homélie XLII « contra eos qui in lunae defectu clamoribus se fatigabant » « Contre ceux qui se fatiguent en clameurs durant une éclipse de lune » :

Homélie 42 : « on entendait les mugissements des cornes comme si on appelait à la guerre, les grognements de porcs, on voyait des gens qui jetaient des flèches et des traits vers la lune, d'autres, qui jetaient en tous sens des feux dans le ciel. Ils affirmaient que je ne sais quels monstres menaçaient la lune et que s'ils ne l'aidaient pas elle serait dévorée. D'autres enfin brisaient dans le même but les vases qu'ils avaient chez eux ».


Les monstres évoqués étaient probablement les loups mythologiques Sköll (poursuit le Soleil) et Hati (poursuit la lune). On reconnait aussi la pratique du tintamarre et vacarme pour à l'origine couvrir les chants magiques contre la Lune.

Xe
(901 à 1000 AD) - Moyen Âge central
XIe
(1001 à 1100 AD) - Moyen Âge central
XIIe
(1101 à 1200 AD)- Moyen Âge central
XIIIe
(1201 à 1300 AD)- Moyen Âge central
XIVe
(1301 à 1400 AD)- Moyen Âge tardif
XVe
(1401 à 1500 AD)- Moyen Âge tardif et Renaissance, époque moderne
XVIe
(1501 à 1600 AD)- La Renaissance, époque moderne

Les Incas pratiquaient des sacrifices humains à l'occasion des éclipses.

Ajustement Grégorien du 4 au 15 octobre 1582.

Juan Polo de Ondegardo (1510 à 1575) : Ondegardo était un chroniqueur espagnol qui étudia les croyances et les coutumes des Indiens. Il était Encomendero, à la tête de l'institution d'une colonie espagnole au Pérou Inca. Dans le Récit des rites et lois des Incas, il décrit les croyances, superstitions et sacrifices pratiqués par les Incas.

Récit par Polo de Ondegardo « À l'époque des Incas, il y avait une autre forme de contribution aussi lourde et onéreuse que toutes les autres. Dans chaque province, ils possédaient une maison appelée Aclla-huasi, qui signifie « la maison des élus », où l'ordre était respecté : il y avait un gouverneur dans chaque province dont le seul devoir était de s'occuper des affaires de ces maisons, dont le titre était Apu-panaca. Sa juridiction s'étendait sur un hunu, ce qui représente dix mille Indiens, et il avait le pouvoir de sélectionner toutes les filles qui lui paraissaient prometteuses, à l'âge de huit ou neuf ans, sans aucune limite quant au nombre choisi. Elles ont été mise dans cette maison en compagnie d'une centaine de Mama-cunas, qui y résidaient, où elles ont appris toutes les réalisations propres aux femmes, tels que coudre, tisser, fabriquer les boissons utilisées par les Indiens; et leur travail, au mois de février, à la fête de Raymi, fut conduit à la ville de Cuzco. Elles ont fait l'objet d'une surveillance stricte jusqu'à l'âge de 13 ou 14 ans, afin d'être vierges au moment de leur arrivée à Cuzco, où elles se sont rassemblés massivement de toutes les provinces à la mi-mars. L'ordre de distribution était le suivant : Les femmes étaient emmenées au service du soleil et placées dans les temples, où elles étaient gardées vierges. Dans le même ordre, les femmes étaient consacrées au service de Pacha-maman et d'autres choses dans leur religion. Ensuite, d'autres ont été sélectionnés pour les sacrifices offerts au cours de l'année, qui ont été nombreux. À ces occasions, ils ont tué les filles et il était nécessaire qu'elles soient vierges; en plus de les offrir à des saisons spéciales, telles que pour la santé de l'Inca, pour les succès à la guerre, pour une éclipse totale de soleil, lors de tremblements de terre et à de nombreuses autres occasions suggérées par le diable. ... Le nombre de femmes réservées à ces usages était très grand et elles ont été sélectionnées sans distinction d'appartenance, mais simplement parce qu'elles avaient été choisies de la sorte par l'Apu-panaca et que les parents ne pouvaient les excuser ni les racheter dans n'importe quelles circonstances. Les domaines étaient réservés au soutien des maisons des élus, et cet hommage aurait été ressenti plus que tout autre s'il n'y avait pas eu la conviction que les âmes des filles sacrifiés allaient jouir d'un repos infini, raison pour laquelle parfois elles s'offraient volontairement au sacrifice. ... »


Polo de Ondegardo est aussi l'auteur de textes d'Instructions contre les cérémonies et les rites des Indiens (1585, source du texte p 565). Il décrit les adorations au Soleil et à la Lune. Des offrandes et sacrifices humains pour le Soleil et la Lune.

Chapitre 1 : Des idolâtries
1. Il est courant que presque tous les Indiens adorent des guacas, des idoles, des ravins, des rochers ou de grosses pierres, des collines, des sommets de montagnes, des sources, des fontaines; et, finalement, tout ce qui est naturel parait remarquable et différencié des autres.
2. Item, il est courant d'adorer le soleil, la lune, les étoiles, les étoiles du matin et du soir, les chèvres [Pléiades] et les autres étoiles.
...
4. Les montagnards aiment particulièrement la foudre, le tonnerre, la foudre, ...
Chapitre 2 : Des sacrifices et des offrandes
... 7. Quand l'année est stérile à cause du manque de pluie, ou trop, de la glace et de la grêle, et finalement, quand il n'y a pas de tempête, ils demandent généralement l'aide de guacas, du soleil, de la lune et des étoiles, en pleurant et en leur offrant sacrifices de suif, de coca, etc. Et dans le même but, ils confessent généralement le sortilège et le jeûne; et envoyez sa femme, ses enfants ou ses serviteurs jeûner, pleurer et faire comme lui.
8. Dans certaines régions, en particulier dans les Andes, ils sacrifient les guacas, collines ou tonnerre et éclairs, ainsi qu'un homme ou un enfant, tuant et faisant couler le sang, ou faisant d'autres cérémonies. Ils sacrifient aussi souvent leur propre sang, ou celui d'un autre, en adorant les guacas et les idoles pour les apaiser avec ce sacrifice. Notez que, tout comme jadis, sacrifier des enfants ou des hommes pour des tâches de la plus haute importance, telles que la pestilence ou la mort, ou d'autres tâches importantes, il est également parfois utilisé à cette fin dans les régions où ce genre de sacrifice cruel dure encore.
...
Chapitre 4 : Des sorciers et des rituels
... 7. Pour connaître les choses à venir ou dire où se trouvent ce qui a été perdu ou ce qu'ils ont volé, les sorciers utilisent divers animaux tels que béliers, cobayes, oiseaux, poissons, serpents, crapauds, et dans les asaduras et les entrailles ils interprétent les présages mauvais ou bon. Ils brûlent aussi généralement le suif, le cobaye, la coca, le tabac (qu'ils appellent sayre); élément, chaquira ou coquillages de la mer et autres choses pour deviner les événements à venir ...
Chapitre 5 : Les rites des Indiens. Des présages et des abus
3. Lorsque le soleil ou la lune sont éclipsés, ou ressemblent à une comète ou brillent dans les airs, ils crient et pleurent souvent et poussent les autres à crier et pleurer, et les chiens aboient ou hurlent et pour cela, ils les pilonnent. Ils entourent généralement leurs maisons en procession nocturne avec des faisceaux de feu et font d'autres cérémonies pour ne pas avoir le mal qu'ils craignent et qu'ils considèrent comme un mauvais présage.
Ils ont aussi un mauvais présage, et que c'est mourir ou causer de graves dommages, quand ils voient l'arc du ciel, et, parfois, pour de bon, le vénèrent beaucoup et n'osent pas le regarder; ou puisqu'ils le regardent, ils n'osent pas le pointer du doigt, sachant bien qu'ils vont mourir, et cette partie où il leur semble que le pied de l'arc tombe, ils l'ont comme un lieu horrible et craintif, comprenant qu'il y a une guaca ou quelque chose d'autre digne de la peur et le respect.
4. Lorsque de la grêle, de la neige ou en cas de grosse tempête, ils crient, comprenant qu'ils seront corrigés; ils font aussi des sacrifices et d'autres superstitions ...


Version plein texte : COMPLEMENTOS DEL CONFESIONARIO, INSTRUCCION CONTRA LAS CEREMONIAS Y RITOS QUE USAN LOS INDIOS CONFORME AL TIEMPO DE SU INFIDELIDAD, mscperu.org ;


XVIIe
(1601 à 1700 AD)- La Renaissance, époque moderne

Les Incas faisaient grand bruit lors des éclipses de Lune. Il pratiquaient des sacrifices humains.

Inca Garcilaso de la Vega (né Gómez Suárez de Figueroa, 1539 à 1616) : Cet écrivain-historien chroniqueur publia en 1609, Comentarios reales de los incas. Dans cet ouvrage, il décrit les coutumes, les traditions et l'histoire de l'ancien Pérou, principalement la période Inca. Garcilaso de la Vega connaissait trés bien les Incas puisque lui-même métis d'une mère Inca et d'un père espagnol. Ainsi il décrit trés précisement les croyances et superstitions des Incas par rapport au éclipses et aux événements astronomiques.

Livre 2, XXIII De ce qu'ils croyaient des éclipses du soleil et de la lune : « Ils comptaient par lunes les mois de leur année , qu'ils appelaient Quilla , à le prendre d'une nouvelle lune à l'autre; et il n'y avait point de mois qui n'eût son nom particulier, de même que la lune, dont le croissant servait à compter les demi-mois , et les quartiers formaient les semaines; mais ils n'avaient point de noms pour en spécifier les jours. A l'égard des éclipses du soleil et de la lune, ils les observaient avec admiration , mais ils n'en pénétraient pas la cause. Quand le soleil s'éclipsait, ils disaient qu'il était fâché contre eux pour quelque faute qu'ils avaient commise, puis que son aspect en était tout troublé, comme le visage d'un homme qui est en colère; et là-dessus ils pronostiquaient, à la manière des astrologues , qu'il leur arriverait bientôt quelque grand malheur. Ils faisaient la même prédiction dans l'éclipse de la lune : ils la croyaient malade quand elle paraissait noire, et ils comptaient qu'elle mourrait infailliblement si elle achevait de s'obscurcir; qu'alors elle tomberait du ciel, qu'ils périraient tous, et que la fin du monde arriverait. Ils en avaient une telle frayeur, qu'aussitôt qu'elle commençait à s'éclipser, ils faisaient un bruit terrible avec des trompettes, des cornets, des atabales et des tambours; ils attachaient outre cela des chiens, et ils leur donnaient de grands coups pour les faire aboyer, dans l'espérance que la lune, qu'ils croyaient avoir de l'affection pour ces animaux, à cause de quelque service signalé qu'elle en avait reçu autrefois, aurait pitié de leurs cris, et qu'elle s'éveillerait de l'assoupissement que sa maladie lui causait.
Mais quelque extravagant que fût ce conte, il n'approchait pas de ce qu'il s'imaginaient à l'égard des taches noires qui paraissaient sur la lune. Du moins la première fable avait je ne sais quelle conformité avec celle des anciens gentils, qui feignaient que Diane aimait les chiens et la chasse, au lieu que celle-ci était tout-à-fait brutale et contre le sens commun. Ils disaient donc que le renard devenu amoureux de la lune, à cause de sa grande beauté, s'avisa un jour de monter au ciel pour s'accoupler avec elle, et qu'il l'embrassa si étroitement, qu'à force de la serrer et de la baiser, il lui fit les taches qu'on y remarque. C'est une fable si sotte et si ridicule, qu'après celle-là je ne crois point qu'on en doive chercher d'autres pour faire voir l'impertinence et la folie de ces barbares. D'ailleurs, pendant que la lune était ainsi malade, ils excitaient les enfants et les jeunes garçons à l'invoquer, les larmes aux yeux, à faire de grands cris, à l'appeler Mama Quilla, c'est-à-dire mère lune, et à la prier de ne se point laisser mourir, de peur que sa mort ne fût cause de leur perte universelle. Les hommes et les femmes répondaient confusément à ces cris, et faisaient un bruit si étrange qu'il n'est pas possible de s'en imaginer un pareil.
Selon que l'éclipse était grande ou petite, ils jugeaient de l'état de sa maladie. Quand elle reprenait peu à peu sa lumière, ils disaient qu'elle commençait à se bien porter; que le Pachacamac qui soutenait l'univers l'avait guérie, et qu'il lui commandait expressément de ne pas mourir, de peur que tout le monde ne pérît. Mais lorsqu'elle revenait à son éclat ordinaire, ils se réjouissaient tous de sa guérison, et ils la remerciaient très humblement de ce qu'elle n'était point tombée, comme je l'ai vu pratiquer moi-même plusieurs fois. Ils appelaient le jour Punchan, la nuit Tuta, et le matin Pacari, outre qu'ils avaient des noms particuliers pour désigner les autres parties du jour et de la nuit, comme le lever de l'aurore, la mi-nuit et l'heure de midi.
Ils rendaient beaucoup d'honneur à l'arc-en-ciel, tant pour la beauté de ses couleurs que parce qu'elles venaient du soleil ; ce qui fut cause que les rois Incas le prirent pour leur devise. Ils s'imaginaient que les taches noires qu'on remarque dans cet assemblage d'étoiles, que les astrologues appellent vulgairement la voie de lait, représentaient la figure d'une brebis qui allaitait un agneau. Ils voulaient même quelquefois me les montrer, et ils me disaient : Ne voyez-vous pas la tête de la brebis, voyez-vous bien l'agneau, et le corps de tous les deux ? Mais quelque peine qu'ils prissent pour me les faire voir, je ne découvrais jamais que des taches noires.
Ils imprimaient toutes ces figures dans leur imagination, et ils ne tiraient des pronostics que du soleil, de la lune, et des comètes. Ils croyaient que les dernières présagaient la mort des rois, et la destruction des royaumes et des provinces, comme nous le verrons ailleurs. Cependant leurs pronostics ordinaires étaient fondés sur les songes et les sacrifices, plutôt que sur les étoiles et les impressions de l'air. Mais les prédictions qu'ils tiraient des songes étaient si effroyables que pour ne pas scandaliser les ames faibles, je suis contraint de les passer sous silence. Quant à la planète de Vénus, parce qu ils la voyaient, tantôt le matin, et tantôt le soir, ils disaient que le soleil, en qualité de roi des étoiles, ordonnait que celle-ci, comme la plus belle de toutes, se tînt toujours auprès de lui, et qu'elle marchât devant ou derrière, selon qu'il le jugeait à propos.
Lorsqu'ils voyaient que le soleil se couchait, et qu'il semblait se précipiter dans la mer, qui dans toute l'étendue du Pérou se trouve du côté de l'ouest, ils disaient qu'il y entrait au pied de la lettre; que la violence de sa chaleur y dessèchait la plus grande partie des eaux, et qu'il plongeait sous la terre, qu'ils croyaient être sur l'eau, pour sortir le lendemain par les portes de l'orient, ce qu'ils ne disaient que du coucher du soleil, sans parler de celui de la lune, ni des autres étoiles. On peut inférer de toutes ces choses que les Incas, qui les croyaient bonnement, n'étaient pas fort habiles en astrologie. Passons à la médecine, et voyons de quelle manière ils la pratiquaient. »


26 juillet 1609 Julien (5 août 1609 Grégorien) : l'Astronome anglais Thomas HARRIOT dessine les premières cartes de la Lune à l'aide d'un télescope de sa conception, 4 mois avant Galilée.
Thomas Harriot : the first telescopic astronomer , Allan CHAPMAN, Journal of the British Astronomical Association, vol.118, no.6, p.315-325 ;




XVIIIe
(1701 à 1800 AD)- La Renaissance, époque contemporaine, siècle des Lumières
XIXe
(1801 à 1900 AD)- époque contemporaine
XXe
(1901 à 2000 AD)- époque contemporaine

Superstitions en Chine pour les éclipses de Lune en 1906.
Description des superstitions en Chine par P. Allain - éclipse de Lune du 4 août 1906. Dans la mythologie chinoise, l'éclipse de Lune était appréhendée comme un chien Tiangou dévorant la Lune. Elle était néfaste et pouvait apporter famine et maladie. Les chinois sonnaient des cloches pour l'éloigner:

Circonstances de l'éclipse calculées pour Shanghai :

Début partialité à 11:11 UT GMT à +5° de hauteur.
Début totalité à 12:09 UT GMT à +16° de hauteur.
Milieu totalité à 13:00 UT GMT à +24° de hauteur.
Fin totalité à 13:51 UT GMT à +31° de hauteur.
Fin partialité à 14:49 UT GMT à +38° de hauteur.


RELATION DE CHINE Du P. Allain — Une éclipse de lune. — Superstitions. — Zi-ka-wei, 6 août. — Nous avons eu ici, le 4 août, un événement qui fait toujours sensation en la vieille Chine, une éclipse de lune. Elle était totale, le ciel n'était pas chargé, et l'on a pu en jouir de sept heures et demie à dix heures et demie. J'ignore ce que les savants y ont découvert de nouveau. Un profane, comme je suis, n'a vu qu'un rond rougeâtre et sans éclat. A l'Observatoire, où je fus naturellement, je remarquai que la lune était entourée d'un cercle d'étoiles... Mais pour les Chinois, c'est bien autre chose. Les mandarins, une semaine auparavant, avaient lancé des proclamations, invitant le peuple à se livrer aux démonstrations ordinaires pour sauver la lune. Dans la croyance populaire au moins, une éclipse n'est que la rencontre de l'astre des nuits avec un monstre, son ennemi, qui va le dévorer, si on ne le secourt à temps. Dragon, mastodonte, éléphant, je ne sais ; toujours est-il qu'il faut effrayer ce monstre et lui faire lâcher prise. Donc dans la nuit, de toutes parts retentissaient coups de fusils, pétards (de vraies bombes !), voire même canons, et sans discontinuer les tam-tams de tous les villages. A la campagne, la scène a quelque chose de divertissant, car les bruits sont espacés ; mais, en ville, pour peu que le concert dure deux ou trois heures, on a vite fait des voeux pour obtenir grâce et obliger le monstre à lâcher sa proie. Vous pensez bien que je n'ai pas attendu le dénouement sub Jove. J'ai vu le plus beau, qui était vers neuf heures, et le matin me suis précipité à ma fenêtre pour chercher une ombre de fraîcheur : l'astre s'en allait lentement, triomphalement, plus éclatant que jamais, sans paraître aucunement fatigué de la lutte, vers le lieu de repos que la Providence lui a préparé. Le Chinois croit-il vraiment à cette fable du Monstre dévorant la lune ? Je n'oserais dire non ; mais il est bien probable aussi que ce phénomène, annoncé même par les savants chinois, et longtemps à l'avance, n'est pas sans lui inspirer quelque crainte. Il s'agit surtout, je pense, de conjurer de grands malheurs. Les événements extraordinaires de la nature font toujours une impression sur les païens, et le plus souvent sont un mauvais présage. La foudre, les éclipses, tout signe moins ordinaire dans le ciel ou sur la terre... suffisent pour épouvanter des esprits dominés par la superstition. Oh ! qu'une âme bien chrétienne est plus libre ! La foudre gronde, on invoque sainte Barbe, l'on fait le signe de la Croix pour prier Dieu de ne pas nous frapper, et puis l'on est en paix. Quand on voit toutes ces superstitions chinoises, on songe malgré soi aux superstitions romaines, et l'on remarque que l'homme, qui ne connaît pas le vrai Dieu, est en tout temps et en tout lieu, au fond du moins, le même, et que le démon emploie les mêmes moyens pour retenir les âmes en les effrayant. Les phénomènes naturels, ceux au moins qui ont un caractère extraordinaire ou monstrueux, produisent le même effet... Mais, si compliqué que fût la pratique des superstitions romaines, les Célestes l'ont dépassée sinon par le ridicule (ce qui pourrait être aussi), du moins par la variété des cérémonies, je crois... — Rien de plus à vous dire, sinon que si j'avais un livre sur les cérémonies romaines, la comparaison m'intéresserait — d'ailleurs sans profit pour la science.


XXIe
(2001 à 2100 AD)

Tableau des éclipses de Lune historiques :

Date de l'éclipse lunaire
Texte
27 août 413 BC Expédition de Sicile : La fuite des Grecs est retardée par la superstition sur une éclipse de Lune. La flotte Athénienne de Nicias (politicien et général Athénien) sera détruite le 16 septembre 413 BC par les Syracusains. C'est le désastre de l'Assinaros (de l'ordre de 200 navires, 40.000 hommes).

THUCYDIDE dans « Histoire de la guerre du Péloponnèse » Livre 7, page 705 (239) traduction CH. ZEVORT 1869, « Les généraux athéniens, voyant qu'une nouvelle armée était venue renforcer l'ennemi, que leurs propres affaires, loin de s'améliorer, empiraient chaque jour sous tous les rapports, et surtout que les maladies ruinaient les troupes, regrettèrent de n'être pas partis plus tôt. Comme d'ailleurs Nicias ne faisait plus la même opposition et se bornait à demander que la résolution ne fût pas divulguée, ils firent prévenir toutes les troupes le plus secrètement possible d'avoir à se tenir prêtes à lever le camp et à s'embarquer au premier signal. Les préparatifs terminés, ils allaient mettre à la voile quand la lune s'éclipsa ; car elle était alors au plein. La plupart des Athéniens, inquiets de ce phénomène, prièrent les généraux de différer. D'un autre côté, Nicias, qui attachait aux présages et à tous les faits de ce genre une importance exagérée, déclara que toute délibération sur le départ devait être ajournée jusqu'à ce qu'il se fût écoulé, suivant l'indication des devins, trois fois neuf jours. Les Athéniens, retenus par-là, prolongèrent encore leur séjour. ». LI « Les Syracusains, informés de ces détails, eurent l'œil plus ouvert encore à ne laisser aucun relâche aux Athéniens, puisque ceux-ci reconnaissaient eux-mêmes et prouvaient suffisamment par leurs projets de départ qu'ils n'avaient plus dès lors la supériorité ni sur terre ni sur mer; autrement ils n'auraient pas songé au départ. »

Dans THUCYDIDE, HISTOIRE DE LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE, TRADUCTION NOUVELLE ET INTRODUCTION PAR JEAN VOILQUIN, on trouve la note 180 : Nicias s'était toujours entouré de prêtres, devins, haruspices dans lesquels il avait, étant pieux, une absolue confiance. Son devin le plus raisonnable Stilbidès étant mort, ses confrères considérèrent, avec la multitude, l'éclipse comme un présage contraire au départ. L'expédition eut le malheur de manquer d'un Thalès de Milet pour prédire et expliquer l'éclipse, comme ce sage le fit pour celle de soleil le 28 mai 585, ou d'un Périclès pour jeter un manteau sur les yeux d'un pilote effrayé et lui demander pourquoi il tremblait, quand un objet plus volumineux que le manteau lui cachait la lumière du soleil. Aucun stratège n'eut la présence d'esprit de faire remarquer aux troupes que « le devin se trompait sur le présage de l'éclipse de lune ; il aurait dû savoir que pour une armée qui veut faire retraite, la lune qui cache sa lumière est un présage favorable ». (Fustel de Coulanges, La Cité Antique.) Ainsi la piété de Nicias, poussée jusqu'à la superstition, comme dans le peuple sans instruction, fut fatale à tout le corps expéditionnaire. Constatons cependant que des armées lacédémoniennes ont été plusieurs fois arrêtées par de semblables scrupules religieux, par exemple dans le cas du secours à porter aux Epidauriens. Ce rôle de la divination a été considérable à Athènes, avec la politique insensée de l'Assemblée du peuple, il n'a pas peu contribué au désastre final.

Circonstances de l'éclipse calculées pour Syracuse en Sicile :

Début partialité 19:14 UT GMT à +17° de hauteur.
Début totalité 20:33 UT GMT à +30° de hauteur.
Milieu de l'éclipse à 20:55 UT GMT à +32° de hauteur.
Fin de la totalité à 21:17 UT GMT à +35° de hauteur.
Fin de la partialité à 22:36 UT GMT à +14° de hauteur.

9 août 357 BC Le rassemblement des hommes de Dion de Syracuse sur l'ile de Zakynthos (Zante) afin de traverser la mer pour prendre Syracuse contre le tyran Denys le jeune de Syracuse. Contrairement à ses hommes, Dion de Syracuse n'a pas eu la moindre crainte de l'éclipse partielle de lune car il était un élève de Platon qui savait que la lune entrait dans l'ombre de la Terre par sa forme projetée circulaire. Le devin prophète de l'expédition, Miltas, parvint par le discours à retourner ce présage craint des guerriers contre la tyrannie de Denys le jeune. Pour le devin Miltas, ce présage s'adressait contre Denys le jeune de Syracuse et pas contre Dion. Les hommes furent convaincus par le devin Miltas et le lendemain ils prirent le large… Nous avons là le cas d'un Platonicien rationnel (Dion) qui utilise et laisse faire un devin superstitieux (Miltas) pour manipuler ses guerriers.

Plutarque dans La vie des Hommes illustres, sur Dion de Syracuse : « XXV. Ses troupes rassemblées dans l'ile de Zacynthe, ne formaient que près de huit cents hommes, mais tous déjà connus par plusieurs guerres importantes, tous singulièrement fortifiés par de rudes exercices, supérieurs à tous les autres soldats par leur expérience et leur audace, très capables enfin d'enflammer le courage des troupes plus nombreuses que Dion espérait trouver en Sicile, et de les animer à combattra avec la plus grande valeur. Cependant, quand on leur annonça que c'était pour la Sicile et contre Denys que cet armement était destiné, ils furent saisis d'étonnement et perdirent courage. … Mais Dion, dans le discours qu'il fit, leur exposa tout ce que la tyrannie avait de faible, ... Alcimène, le premier des Grecs par sa naissance et par sa réputation, leur ayant parlé après Dion, ils consentirent à partir. On était alors ou milieu de l'été ; les vents étesiens régnaient sur la mer, et la lune était dans son plein. Dion, ayant fait préparer un sacrifice magnifique pour Apollon, se rendit en pompe au temple de ce dieu, avec ses soldats couverts de toutes leurs armes. Après le sacrifice il leur donna un grand festin dans le lieu de l'ile où se faisaient les exercices. … et si ses amis de Sicile ne lui fournissaient pas tous les secours nécessaires pour en assurer le succès.

XXVI. à la fin du repas, après les libations d'usage et les vœux solennels, la lune s'éclipsa. Ce phénomène n'étonna point Dion, qui connaissait les révolutions périodiques du soleil et de la lune sur l'écliptique, et qui savait que l'ombre qui couvre alors la lune, est l'effet de l'interposition de la terre entre cette planète et le soleil ; mais les soldats en étaient troublés, et il leur fallait quelque éclaircissement qui les rassurât. Le devin Miltas se levant donc au milieu d'eux, leur dit de reprendre courage et de concevoir les meilleures espérances. Par ce signe ajouta-t-il, la divinité fait connaître que ce qu'il y a aujourd'hui de plus brillant souffrira quelque éclipse. Or rien en ce moment n'a plus d'éclat que la tyrannie de Denys, et vous allez la faire éclipser dès que vous serez arrivés en Sicile. Telle est l'explication que Miltas donna de l'éclipse au milieu de l'armée. Quant aux abeilles qu'on vit auprès des vaisseaux, et dont un essaim alla se poser sur celui que montait Dion, le devin dit en particulier à lui et à ses amis, qu'il craignait que ses actions, qui lui attireraient certainement beaucoup de gloire, après avoir jeté de l'éclat pendant peu de temps, ne finissent bientôt par se flétrir. On dit que les dieux envoyèrent aussi au tyran plusieurs signes extraordinaires. Un aigle enleva la pique d'un de ses gardes, et après l'avoir portée très haut dans les airs, la laissa tomber dans la mer. L'eau de la mer qui baigne la citadelle de Syracuse fut douce et potable pendant un jour ; tous ceux qui en burent y trouvèrent cette douceur. Il naquit à Denys des cochons qui, bien conformés dans tout le reste, n'avaient point d'oreilles. Les devins, consultés sur ces divers prodiges, dirent que le dernier était un signe de dés obéissance et de révolte : qu'il annonçait que les sujets du tyran n'écouleraient plus ses ordres. Ils expliquèrent la douceur des eaux de la mer, du changement heureux que la situation triste et pénible des Syracusains allait éprouver. Ils déclarèrent enfin, sur le premier prodige, que l'aigle étant le ministre : de Jupiter, et la pique le symbole de la domination et de la puissance, c'était un signe que le plus grand des dieux se préparait à renverser, à faire disparaître la tyrannie. Voilà ce que rapporte Théopompe.

XXVII. Les soldats de Dion s'embarquèrent sur deux vaisseaux de charge, suivis d'un troisième d'une grandeur médiocre, et de deux galères à trente rames. … Après douze jours de navigation par un vent doux et frais ; ils se trouvèrent le treizième au cap de Pachyne, en Sicile. »


Circonstances de l'éclipse de lune partielle calculées pour l'ile de Zante :

Début de l'éclipse invisible.
Milieu de l'éclipse partielle à 17 :55 UT GMT à +2° de hauteur.
Fin de l'éclipse partielle à 18 :43 UT GMT à +10° de hauteur.

20 septembre 331 BC La Bataille de Gaugamèles (ou d'Arbèles, Erbil) qui signe le 1er octobre 331 BC la victoire d'Alexandre le Grand sur l'empire Perse de Darius III.

Alexandre consulte en secret le devin Aristandre sur l'éclipse de Lune, qui ne lui conseille pas de livrer bataille pendant la nuit contre l'avis de ses capitaines. Il sera reconnu roi de toute l'Asie et offre de magnifiques sacrifies aux dieux.

Plutarque dans « la Vie d'Alexandre » : 58 « ... Le grand combat qu'Alexandre livra contre Darius n'eut pas lieu à Arbelles, comme la plupart des historiens l'ont dit, mais à Gaugamèles, …. Il y eut au mois de Boëdromion, vers le commencement de la fête des mystères à Athènes, une éclipse de lune ; et l'onzième nuit après l'éclipse, les deux armées étant en présence, Darius tint la sienne sous les armes, et parcourut les rangs à la clarté des flambeaux. Pendant que les Macédoniens reposaient, Alexandre fit, avec Aristandre son devin, des sacrifices secrets dans sa tente, et immola des victimes à la Peur. »

59 « Ses plus anciens officiers, et en particulier Parménion, en voyant la plaine située entre le mont Niphate et les monts Gordyens tout éclairée par les flambeaux des Barbares, étonnés de la multitude innombrable des ennemis, et frappés de ce mélange confus de voix inarticulées, de ce tumulte, de ce bruit effroyable qui se faisait entendre de leur camp comme du sein d'une mer agitée, s'entretenaient entre eux de la difficulté qu'il y aurait à repousser en plein jour une armée si formidable. Ils allèrent donc trouver Alexandre après qu'il eut fini ses sacrifices et lui conseillèrent d'attaquer les ennemis pendant la nuit, pour dérober aux Macédoniens, à la faveur des ténèbres, ce que le combat aurait de plus effrayant. Alexandre lent répondit ce mot devenu depuis si célèbre: « Je ne dérobe pas la victoire. » Quelques personnes ont trouvé cette réponse vaine et puérile et n'approuvent pas qu'Alexandre se soit joué d'un danger si grand. D'autres y ont vu une noble confiance sur le présent, et une sage prévoyance de l'avenir, qui ôtait à Darius, après sa défaite, le prétexte de reprendre courage et de tenter encore la fortune, en accusant de cette seconde déroute la nuit et les ténèbres, comme il avait attribué la première aux montagnes, aux défilés et au voisinage de la mer. Il sentait bien que ce ne serait jamais le défaut d'armes et de soldats qui obligerait Darius, maître d'une si grande puissance et d'un empire si vaste, à ne plus faire la guerre; et qu'il n'y renoncerait que lorsqu'une victoire remportée sur lui par la force seule et en plein jour, en le convainquant de sa faiblesse, aurait abattu sa fierté et détruit ses espérances. Quand ses officiers se furent retirés, il se coucha dans sa tente; et, contre sa coutume, il dormit, dit-on, toute la nuit du sommeil le plus profond. Lorsque ses capitaines se rendirent le lendemain de très bonne heure à sa tente, ils furent fort surpris de le trouver endormi et donnèrent d'eux-mêmes aux troupes l'ordre de prendre leur repas. Enfin, comme le temps pressait, Parménion entra, et, s'étant approché de son lit, il l'appela deux ou trois fois par son nom ; et, après l'avoir réveillé, il lui demanda comment il pouvait dormir si tard, comme s'il avait déjà vaincu, et qu'il ne fût pas sur le point de donner la plus grande bataille qu'il eût jamais livrée. « Eh ! quoi, lui répondit Alexandre en souriant, ne regardez-vous pas déjà comme une victoire de n'avoir plus à courir de côté et d'autre à la poursuite de Darius, comme lorsqu'il fuyait à travers de vastes campagnes qu'il ravageait sous nos yeux ? »

Circonstances de l'éclipse de lune calculées pour Arbèles :

Début partialité 16:46 UT GMT à +19° de hauteur.
Début totalité 17:52 UT GMT à +30° de hauteur.
Milieu 18:24 UT GMT à +36° de hauteur.
Fin totalité 18:56 UT GMT à +40° de hauteur.
Fin partialité 20:03 UT GMT à +48° de hauteur.

19 mars 219 BC

ou

1er septembre 218 BC
Cette éclipse relatée par POLYBE dans le livre V des « Histoires » est l'événement par lequel nous connaissons la superstition néfaste des Celtes envers les éclipses de Lune. Le récit met en scène les Celtes d'Asie Mineure [Anatolie, Turquie] (Gaulois Tectosages / Aigosages qui est l'un des 3 peuples formant les Galates, installés à proximité de la ville d'Ankara actuelle, originaire de l'expédition des celto-gaulois de Brennos et Acichorius vers la Macédoine et Thrace en 279 BC), Attale Ier roi de la cité de Pergame (Bergama au nord et à la longitude de la ville d'Izmir actuelle), Achéus (Achaïos II) Général commandant les armées séleucides en Anatolie contre Attale Ier pour reprendre les territoires conquis et l'assiéger. Attale 1er s'était allié avec les Celto-Gaulois Aigosages afin de l'aider à reprendre les territoires de l'Eolide et l'Ionie conquis par Achéus. Attale avait une confiance toute relative des Gaulois et il les reconduisit en direction de leur Thrace orientale originelle, rive de l'Hellespont. Le texte situe temporellement l'éclipse durant ou après le siège de Selge « Dans le temps qu'Achéus était occupé au siège de Selge, … » et avant le printemps « Chapitre XVII Au printemps suivant, Antiochus… » de la bataille de Raphie.

POLYBE, Histoires, Livre V : « LXXVII. Achéus, après avoir soumis Milyade et la plus grande partie de la Pamphylie, courut à Sardes, combattit Attale sans relâche, menaça Prusias et se rendit dangereux et redoutable à tous les peuples qui habitent en deçà du Taurus. En effet, tandis qu'Achéus était occupé du siège de Selge, Attale, à la tête des Gaulois Tectosages, avait parcouru toutes les villes de l'Éolide et celles des pays voisins qui s'étaient livrées par crainte à Achéus. La plupart se donnèrent à lui volontairement et même avec reconnaissance : quelques-unes seulement ne cédèrent qu'à la force. Les premières qui se soumirent furent Cumes, Smyrne et Phocée ; puis Égée et Temnis en firent autant. Effrayés à son approche [d'Attale], les habitants de Téos et de Colophon envoyèrent à leur tour des ambassadeurs pour remettre entre ses mains leurs personnes et leur ville. Il les admit aux mêmes conditions que par le passé, reçut des otages et traita avec une bienveillance particulière les députés de Smyrne, pour prix de la fidélité qu'ils lui avaient montrée. De là, continuant sa marche, il [Attale] traversa le Lycus, atteignit les frontières des Mysiens et arriva bientôt devant Carse. Sa présence [d'Attale] frappa de terreur cette ville, et la garnison des deux murs ; il reçut l'une et l'autre des mains de Thémistocle, à qui Achéus avait confié la garde de ces lieux. De là il [Attale] ravagea le territoire d'Apie, franchit le mont Pélécas et campa sur les bords du Mégiste [le Büyük Menderes actuel, ou Méandre ?].

LXXVIII. Alors survint une éclipse de lune. Les Gaulois [guerriers], qui conduisaient à leur suite dans des chariots leurs femmes et leurs enfants et se plaignaient depuis longtemps des fatigues de la marche, considérèrent cet accident comme un mauvais augure et refusèrent d'aller plus avant. Bien qu'il n'eût tiré que peu de services de soldats qui marchaient à part, campaient isolément et étaient d'une désobéissance et d'un orgueil intolérables [Il parle des guerriers celtes], le roi Attale 1er s'inquiéta beaucoup de cette résistance. Il craignait d'un côté que, s'unissant à Achéus, ils n'attaquassent ses domaines ; et de l'autre il s'inquiétait de l'opinion qu'on aurait de lui s'il faisait envelopper et massacrer des troupes qu'on croyait n'être venues en Asie que sur sa parole. Aussi, profitant du prétexte qu'ils lui donnaient, il promit aux Gaulois de les conduire aux lieux d'où il les avait tirés, de leur distribuer des terres fertiles où ils demeureraient et de leur accorder par la suite tout ce qu'ils lui demanderaient de juste et de possible. Il mena donc les Tectosages jusqu'à l'Hellespont [Détroit des Dardanelles, route de la Thrace orientale], et après avoir traité avec bonté les habitants de Lampsaque, d'Alexandrie et les Iliens, qui lui avaient gardé leur foi, il se rendit à Pergame [actuelle Bergama Turque] avec son armée. »


Circonstances de l'éclipse calculée pour Izmir (Turquie) 19 Mars -218 :

Début de la partialité : 23h06 UT GMT à +51° de hauteur.
Début totalité : 00h19 UT GMT à +43° de hauteur.
Milieu : 00h42 UT GMT à +40° de hauteur.
Fin totalité : 01h05 UT GMT à +37° de hauteur.
Fin Partialité : 02h19 UT GMT à +24° de hauteur.


Circonstances de l'éclipse calculée pour Izmir (Turquie) 1er septembre -217 :

Début de la partialité : 14h37 UT GMT à -25° de hauteur donc invisible.
Début totalité : 15h39 UT GMT à -13° de hauteur donc invisible.
Milieu : 16h25 UT GMT à -5° de hauteur donc invisible.
Fin totalité : 17h12 UT GMT à +4° de hauteur.
Fin Partialité : 18h14 UT GMT à +15° de hauteur.

21 juin 168 BC

La nuit qui précéda le premier jour des nones de septembre 168 BC
La prédiction rationnelle de l'éclipse à Pydna par le tribun militaire de la seconde légion Caius Sulpicius Gallus. La légion romaine était commandée par Paul-Émile (Lucius Aemilius Paullus Macedonicus) qui était un superstitieux. Le tribun Gallus rassura les légionnaires avant le combat en leur expliquant le phénomène. À l'opposée chez les adversaires Macédoniens de Persée, la prédiction était superstitieuse et d'un présage funeste par les devins. La Bataille de Pydna opposa l'armée du roi de Macédoine Persée à la légion romaine de Paul-Émile. Elle marqua la fin de la guerre de Macédoine par la défaite de Persée.

Récit de l'historien romain TITE-LIVE (64-59 BC à +12-17 AD) environ 200 années plus tard :

Histoire Romaine, Livre XLIV, XXXVII « lorsque le camp fut tracé et le bagage mis en place, Paullus (Paul-Émile) fit rentrer les troupes en commençant par l'arrière-garde. Les triaires d'abord, puis les principes exécutèrent la retraite, pendant que les hastats restaient en première ligne, pour surveiller les mouvements de l'ennemi ; vint enfin le tour des hastats, dont les manipules se replièrent successivement, en partant de la droite. Ainsi l'infanterie défila sans tumulte, pendant que la cavalerie et la troupe légère faisaient face à l'ennemi, et les cavaliers ne furent rappelés de leurs postes que lorsqu'on eut élevé le retranchement qui couvrait le front du camp et creusé le fossé. Le roi aurait volontiers accepté la bataille ce jour-là ; mais, satisfait d'avoir montré aux siens que c'était l'ennemi qui l'avait refusée, il rappela aussi ses troupes dans son camp. Lorsque les Romains eurent achevé leurs retranchements, Caius Sulpicius Gallus, tribun militaire de la seconde légion, qui avait été prêteur l'année précédente, convoqua les soldats avec l'autorisation du consul, et les prévint "de ne point regarder comme un présage l'éclipse de lune qui aurait lieu la nuit suivante, depuis la seconde heure jusqu'à la quatrième. C'était, dit-il, un phénomène périodique et dû à des causes toutes naturelles, qu'on pouvait d'avance calculer et prédire aussi sûrement que le lever et le coucher de la lune et du soleil. Puisque les phases diverses de la lune, tantôt dans son plein, tantôt sur son déclin et réduite au simple croissant, ne leur causaient aucune surprise, ils ne devaient pas regarder comme un prodige qu'elle s'obscurcit tout à fait, quand la terre la couvrant de son ombre." Cette éclipse arriva à l'heure indiquée, dans la nuit qui précède le premier jour des nones de septembre, et fit regarder, par les soldats romains, Gallus comme un sage inspiré des dieux. Les Macédoniens, au contraire, y virent un présage funeste, annonçait la ruine du royaume et l'anéantissement de leur nation. Ce prodige s'accordait d'ailleurs avec les prédictions de leurs devins. Aussi, leur camp ne cessa-t-il de retentir de cris et de hurlements, jusqu'à ce que le disque de la lune eût reparu. L'ardeur des soldats avait été si vive, que le lendemain quelques-uns reprochèrent au roi et au consul de n'avoir pas engagé le combat. Il était facile à Persée de se justifier : il pouvait alléguer que l'ennemi avait ouvertement refusé d'en venir aux mains, en ramenant le premier ses troupes dans son camp, et que d'ailleurs la phalange, qui devenait inutile sur un terrain inégal, s'était trouvée dans une position où elle ne pouvait se déployer. Émilius (Paul-Émile), à qui l'on reprochait déjà d'avoir la veille laissé échapper l'occasion de combattre et permis à l'ennemi de fuir pendant la nuit, s'il l'avait voulu, semblait en ce moment encore justifier les reproches des siens en s'occupant d'un sacrifice, quoiqu'il eût fait donner, dès le point du jour, l'ordre de sortir du camp et de se disposer à la bataille. Enfin, vers la troisième heure, après avoir offert ce sacrifice avec les cérémonies accoutumées, il assembla son conseil. C'était le moment d'agir, et l'on trouvait qu'une harangue et une délibération feraient perdre un temps précieux : le consul laissa dire les mécontents et n'en prononça pas moins le discours suivant : … »


PLINE, Histoire naturelle, Livre II, IX :
« Le premier Romain qui exposa publiquement la théorie des éclipses du soleil et de la lune est Sulpicius Gallus, qui fut consul avec Marcellus, mais qui alors était tribun militaire. La veille du jour où Persée fut défait par Paul-Émile il parut par ordre du général, afin de prévenir les alarmes de l'armée, devant les troupes assemblées pour annoncer l'éclipse qui allait survenir ; peu de temps après, il composa un livre sur ce sujet. Le premier qui s'en occupa chez les Grecs fut Thalès de Milet, dans la quatrième année de la quarante-huitième olympiade (an 585 av. J. C.), l'an 170 de la fondation de Rome, et prédit une éclipse de lune qui arriva sous le roi Alyatte. Après eux, Hipparque dressa pour six cents ans la table du cours du soleil et de la lune, déterminant les mois des divers calendriers, les jours, les heures, les localités et les aspects, suivant les contrées. Le cours des ans ne lui a donné aucun démenti, et il semble avoir été admis aux conseils de la nature »


Le récit de PLUTARQUE (+46 à +125 AD/CE) n'est pas à l'identique :

Les vies des hommes illustres, Vie de Paul Émile, XVII : « Les fuyards, en arrivant au camp de Persée, y jetèrent une telle épouvante, que ce prince, saisi de frayeur et confondu dans ses espérances, décampa sur-le-champ et se retira sur les derrières. Cependant il n'y avait pas de milieu ; il fallait ou rester devant Pydna et courir le risque d'une bataille, ou, en distribuant ses troupes dans les villes, voir pénétrer au cœur de ses États une guerre qui une fois qu'elle y serait entrée, ne pourrait plus en sortir qu'à travers des flots de sang et des monceaux de morts. »

XVIII : « … Quand la nuit fut venue, et que les troupes, après leur repas, ne songeaient qu'à s'aller reposer, tout à coup la lune, qui était dans son plein et fort élevée, s'obscurcit, perdit peu à peu sa lumière, et après avoir changé plusieurs fois de couleur, elle finit par s'éclipser entièrement. Les Romains, suivant leur coutume, se mirent à frapper avec un grand bruit sur des vases d'airain pour rappeler sa lumière, et ils élevèrent vers le ciel une grande quantité de torches et de flambeaux allumés. Les Macédoniens ne firent rien de semblable ; tout leur camp était saisi d'horreur et d'épouvante; et il se répandit même un bruit sourd que ce phénomène annonçait la mort du roi. Paul Émile n'était pas entièrement neuf sur ces matières ; il avait quelques connaissances des anomalies de l'écliptique , qui font que la lune, après certaines révolutions réglées, se plonge dans l'ombre de la terre, et se cache à nos yeux jusqu'à ce qu'ayant traversé l'espace obscurci par cette ombre , elle reçoive de nouveau sa lumière de celle du soleil; mais comme il rapportait tout à la divinité, qu'il aimait les sacrifices , et pratiquait la divination, dès qu'il vit la lune reprendre sa clarté , il lui sacrifia onze jeunes taureaux. Dès le point du jour, il immola à Hercule jusqu'à vingt bœufs sans obtenir des signes favorables; enfin à la vingt-et-unième victime, il en eut qui lui promettaient la victoire, s'il se tenait sur la défensive. Ayant donc voué à ce Dieu une hécatombe et des jeux sacrés, il ordonne aux capitaines de ranger l'armée en bataille. Ensuite pour éviter que ses soldats n'eussent le soleil en face, en combattant le matin, il attendit qu'il eut baissé vers le couchant ; et pendant cet intervalle il se reposa dans sa tente, qui était ouverte sur la plaine et sur le camp des ennemis. »


Présence des mercenaires Gaulois avec les Macédoniens de Persée à Pydna ? :

TITE-LIVE, Histoire Romaine, Livre XLIV, XXVI « Ce ne fut pas le seul avantage que Persée laissa échapper par avarice : en ce moment, il pouvait d'abord, avec le secours d'Eumène, mettre ses trésors il l'abri et obtenir une paix qu'ils ont dû payer d'une partie de son royaume ; puis, une fois en sûreté, révéler aux Romains le prix qu'Eumène avait mis à ses services, et exciter contre lui leur juste ressentiment. Mais son avarice le priva encore de l'alliance de Gentius (roi d'Illyrie), qu'il avait cherché à se ménager, et du secours que lui offrait un corps nombreux de Gaulois, répandus dans l'Illyrie. Les Gaulois étaient au nombre du dix mille cavaliers et d'autant de fantassins, dont la vitesse égalait celle des chevaux, et qui pendant l'action, montaient ceux dont les cavaliers avaient succombé. Ils avaient fait la condition de dix pièces d'or par cavalier, et de cinq par fantassin. Leur chef devait en recevoir mille. A la nouvelle de leur approche, Persée sortit de son camp sur les bords de I'Énipée, avec la moitié de ses troupes, et fit donner ordre aux villes et bourgades voisines de préparer des approvisionnements de blé, de vin et de bestiaux. Lui-même, il avait, disait-il, des dons à offrir aux chefs ; (les chevaux, des harnais, des habits de guerre et une petite quantité d'or à distribuer à un petit nombre ; il croyait pouvoir en imposer à la multitude par des espérances. Arrivé près de la ville d'Almana, il campa sur la rive du fleuve Axius. Les Gaulois avaient fait halte aux environs de Desudaba , dans la Médique, attendant le paiement des sommes promises. Persée envoya Antigone, un de ses courtisans, leur porter l'ordre de s'avancer jusqu'à Bylazora (ville de Péonie), et inviter les chefs à se rendre en grand nombre auprès de lui. Ils étaient à soixante-dix milles du fleuve Axius et du camp du roi. Antigone, après avoir notifié les ordres dont il était porteur, énuméra les provisions de toute espèce que le roi avait pris soin de faire préparer sur leur route, et les présents qui attendaient les chefs à leur arrivée, en vêtements, en argent et en chevaux. Les Gaulois répondirent qu'ils verraient sur les lieux les effets de ces promesses ; mais ils demandèrent s'il avait apporté avec lui l'argent qui devait être distribué à chaque fantassin et à chaque cavalier. Comme Antigone ne répondait pas à cette question, Clondicus, roi des Gaulois, lui dit : « Va donc annoncer à ton roi que les Gaulois ne feront pas un pas de plus, qu'ils n'aient reçu l'or et les otages » ! Lorsque ces paroles eurent été rapportées au roi, il assemble son conseil ; il pressentait quel serait l'avis de chacun, et comme il était plus soucieux de garder son argent que son royaume, il se mit à déclamer contre la perfidie et la cruauté des Gaulois. « Déjà, dit-il, de nombreux et tristes exemples avaient prouvé antérieurement quel danger il y avait à donner entrée en Macédoine à une armée si considérable. De pareils alliés étaient plus dangereux que les Romains eux-mêmes, ses ennemis. Il ne lui fallait que cinq mille cavaliers, qui suffiraient aux besoins de la guerre, sans inspirer de craintes par leur nombre. »

XXVII « Ce langage indiquait clairement à tous les membres du conseil que la seule crainte de Persée était d'avoir à solder une si grande multitude ; mais, comme personne n'osait répondre aux questions que le roi adressait pour la forme, Antigone fut renvoyé vers les Gaulois pour leur annoncer qu'il suffirait au roi de cinq mille cavaliers, et qu'il n'avait aucun besoin du reste de la troupe. Quand les barbares entendirent ces paroles et virent qu'on leur avait inutilement fait quitter leurs demeures, il s'éleva parmi eux un murmure général d'indignation. Clondicus demanda pour la seconde fois, si du moins on allait compter à ces cinq mille cavaliers la somme convenue. Comme Antigone répondait encore d'une manière évasive, Clondicus congédia le perfide envoyé, sans lui avoir fait subir aucun mauvais traitement (ce qu'Antigone lui-même avait à peine osé espérer), et les Gaulois reprirent la route du Danube, en ravageant les frontières de la Thrace qui se trouvaient sur leur chemin. Si Persée avait su s'adjoindre un tel renfort, pendant qu'il serait resté lui-même en repos sur les bords de I'Énipée, les Gaulois, passant en Thessalie contre les Romains, par les défilés de la Perrhébie, auraient pu non seulement ravager la campagne et empêcher l'ennemi d'en tirer des vivres, mais encore ruiner les villes mêmes de leurs alliés, sans que les Romains, arrêtés par le roi auprès de l'Énipée, pussent venir à leur secours. Les Romains auraient eu à craindre pour leur propre sûreté ; car il leur serait devenu impossible et de demeurer dans le pays ennemi, après avoir perdu la Thessalie, d'où ils tiraient leurs vivres, et de se porter en avant, puisqu'ils avaient en face le camp des Macédoniens. Cette conduite de Persée augmenta leur des Romains, et ne découragea pas médiocrement les Macédoniens qui avaient compté sur cette ressource. La même avarice lui fit perdre l'appui du roi Gentius après avoir fait compter, à Pella, aux envoyés de ce prince, la somme de trois cents talents, il leur permit d'apposer leur cachet sur les sacs, à la réserve de dix talents, qu'il envoya à Pautauchus, avec ordre de les remettre sur le champ au roi. »

Circonstances de l'éclipse calculée pour Pydna (Macédoine) :

Le début de la partialité n'est pas visible car la lune est couchée à 16h48 UT GMT à une hauteur de -12°.
Début totalité : 18h01 UT GMT à 0° de hauteur, donc à l'horizon au lever.
Milieu : 18h39 UT GMT à +6° de hauteur.
Fin totalité : 19h17 UT GMT à +11° de hauteur.
Fin Partialité : 20h29 UT GMT à +19° de hauteur.


La durée de 2 heures est compatible avec le texte de TITE-LIVE qui prédit l'éclipse de la 2e à la 4e heure : « comme un présage l'éclipse de lune qui aurait lieu la nuit suivante, depuis la seconde heure jusqu'à la quatrième. »

1 avril 52 BC L'éclipse de Lune a-t-elle influencé le déroulement du siège d'Avaricum (si chronologiquement au même moment ?) ??? César en profite pour attaquer et massacrer (épisode de la pluie) ???



25 septembre 52 BC L'éclipse de Lune a-t-elle influencé le déroulement de la bataille finale d'Alésia, par la superstition des combattants Celtes de l'armée de Vercingétorix (inaction incompréhensible de l'armée de secours) ???



27 septembre 14 AD L'éclipse lunaire qui calme par superstition les mutins des légions de Pannonie, et qui sauve Julius Caesar Drusus, fils de Tibère, envoyé par son père pour calmer la révolte et les revendications des légionnaires. Drusus exploite la superstition des soldats pour les faire revenir à la raison et aux ordres. Dans le passage relaté par TACITE, on rencontre une pratique de plusieurs peuples qui consiste à faire du bruit durant l'éclipse lunaire afin de s'affranchir des maléfices. Dans ce même passage, TACITE considère l'éclipse comme un hasard. Elle n'était donc pas prédite par quelques savants ou augures. Les légionnaires font du bruit pour que la Lune redevienne normale et que leurs revendications soient un succès.

TACITE, Les Annales, Livre I : XXVI « Les soldats (mutins) répondirent qu'ils avaient chargé le centurion Clémens d'expliquer leurs intentions. Celui-ci prend la parole : il demande le congé au bout de seize ans, des récompenses à la fin du service, un denier de paye par jour, et la promesse de ne plus retenir les vétérans sous le drapeau. Sur cela, Drusus les renvoyant à la décision du sénat et de son père, on l'interrompt par un cri : "Pourquoi venir, s'il n'augmente point leur solde, s'il ne soulage point leurs maux, enfin s'il n'a aucun pouvoir pour faire du bien ? " … »

XXVII « Enfin ils quittent le tribunal, menaçant du geste tous les prétoriens et tous les amis de Drusus qu'ils rencontrent, ne cherchant qu'un prétexte pour commencer la querelle et le combat. Ils en voulaient surtout à Lentulus. Ils se persuadaient que ce sénateur, le plus respectable par son âge et par sa réputation militaire, inspirait à Drusus la fermeté, et que ces attentats d'une soldatesque effrénée lui déplaisaient plus qu'à tout autre. Aussi, peu de temps après, comme il prenait congé de César, et qu'averti du péril il cherchait à regagner le camp d'hiver, ils l'entourent, ils lui demandent où il va ; si c'est à l'empereur, si c'est au sénat, pour y combattre encore les demandes des légions. En même temps ils fondent sur lui à coups de pierres ; déjà son sang coulait et sa perte était infaillible, lorsque la troupe qui accompagnait Drusus accourut pour le dégager. ».

XXVIII « La nuit faisait craindre les plus grands crimes, lorsque le hasard calma les esprits. Au milieu d'un ciel serein, on vit tout à coup la lune pâlir. Le soldat (les légionnaires mutins), ignorant la cause de ce phénomène, y cherche un rapport avec sa situation présente, croit voir dans l'éclipse de cet astre un emblème de ses malheurs, et se flatte du succès de son entreprise si la déesse (lunaire) recouvre sa lumière et son éclat. Dans cette idée, ils font retentir l'air du bruit de l'airain, du son des clairons et des trompettes ; suivant qu'elle est plus brillante ou plus obscure, on les voit s'affliger ou se réjouir. Enfin, quand les nuages qui s'amassèrent l'eurent dérobée à leur vue et qu'ils la crurent ensevelie dans les ténèbres, comme l'esprit une fois frappé mène naturellement à la superstition, ils se persuadent que les dieux leur annoncent d'éternelles infortunes, et leur indignation contre leurs forfaits : ils déplorent leur révolte. Drusus, voyant combien le hasard pouvait servir la politique, résolut de profiter de ces dispositions. Il envoie des émissaires dans les tentes ; il mande le centurion Clémens et tous ceux qui, par des moyens honnêtes, s'étaient rendus agréables à la multitude. Ceux-ci se mêlent parmi les sentinelles, dans le corps de garde, au milieu des détachements, présentent des espérances, inspirent de la crainte. " Jusqu'à quand assiègerons-nous le fils de notre empereur? Quand finiront nos combats ? Est-ce à Percennius et à Vibulénus que nous prêterons serment ? Vibulénus et Percennius donneront ils la paye aux soldats, des terres aux vétérans ? Enfin, au lieu des Nérons et des Drusus, régneront ils sur le peuple romain ? Les derniers à faillir, pourquoi ne serions-nous pas les premiers à nous repentir ? On obtient toujours tard ce qu'on demande en commun : méritez sans délai des grâces particulières, et sans délai vous les obtiendrez. " Ces discours ébranlent les esprits, y jettent de la défiance ; les jeunes soldats se détachent des vieux, une légion d'une autre. Peu à peu la subordination renaît : ils abandonnent les portes ; les enseignes, qui au commencement de la sédition avaient été réunies, sont reportées à leurs places. »

XXIX « Drusus au point du jour convoque les soldats, et, avec une dignité naturelle qui supplée en lui à l'éloquence, " Il se plaint du passé, se loue du présent ; leur déclare que les menaces et la terreur ne peuvent le fléchir ; mais il les voit respectueux et suppliants, il écrira à son père (Tibère) d'oublier leurs fautes et de condescendre à leurs vœux. " Sur leur prière, on députa une seconde fois vers l'empereur le fils de Blésus, avec Apronius, chevalier romain de la suite de Drusus, et Catonius, centurion d'une première compagnie. Les avis étaient partagés : les uns voulaient qu'on attendit les députés, et que, dans l'intervalle, on achevât de ramener le soldat par la douceur ; d'autres opinaient pour des remèdes plus violents : " La multitude est toujours extrême; elle menace si elle ne tremble : intimidée, on la brave impunément ; il fallait aux terreurs religieuses (des astres) ajouter la crainte de l'autorité, et se défaire des chefs de la révolte. " Les partis rigoureux flattaient le penchant de Drusus. Il mande Percennius et Vibulénus, et les fait tuer. Plusieurs rapportent qu'on les enterra secrètement dans la tente du général ; d'autres, que leurs corps furent exposés hors des retranchements, à la vue des soldats. »

XXX « On rechercha ensuite les principaux artisans des troubles. Une partie errait hors du camp ; elle fut massacrée par les centurions ou par les prétoriens. Les soldats eux-mêmes, pour preuve de leur fidélité, en livrèrent quelques-uns. Cette année, l'hiver fut prématuré ; des pluies continuelles, impétueuses, empêchaient les soldats de sortir de leurs tentes, de se rassembler; à peine pouvaient-ils défendre leurs enseignes contre la violence des ouragans et des torrents : tout cela redoublait leurs alarmes. Encore frappés de la crainte du courroux céleste, il se disaient que nécessairement des impies faisaient pâlir les astres, attiraient sur eux les tempêtes ; que l'unique remède à leurs maux était d'abandonner un camp sinistre, souillé par tant de forfaits, et, après les avoir expiés, de regagner chacun leurs quartiers d'hiver. La huitième légion partit d'abord, puis la quinzième. La neuvième insistait pour qu'on attendit la réponse de Tibère ; mais, privée d'appui par le départ des autres, elle suivit de bonne grâce l'impulsion générale, et Drusus, sans attendre le retour des députés, voyant la tranquillité rétablie, reprit le chemin de Rome. »

TITE-LIVE, Histoire Romaine, Livre XXVI, 5 : « Le propréteur C. Néron, avec la cavalerie de la sixième légion, se porta sur la route de Suessula ; le lieutenant C. Fulvius Flaccus, à la tête de la cavalerie auxiliaire, en face du Vulturne. La bataille commença au milieu des cris et du tumulte ordinaire ; mais outre le bruit des guerriers, des chevaux et des armes, la multitude, inhabile à combattre, qui bordait les remparts, fit retentir l'air de clameurs et du choc de vases d'airain, comme on fait d'habitude dans les éclipses de lune, au milieu du silence de la nuit, et le fracas fut tel qu'il attira l'attention même des combattants. »


Circonstances de cette éclipse de Lune (calculées pour Emona / Ljubljana). On utilise l'éclipse du 27 septembre +0014 car TACITE parle de l'hiver prématuré. L'autre éclipse totale de l'année 14 fût le 3 avril :

Début de la partialité : 02h38 UT GMT à +22° de hauteur
Début de la totalité : 03h37 UT GMT à +12° de hauteur
Milieu : 04h26 UT GMT à +4° de hauteur
Fin de la totalité et de la partialité invisible car couchée à 05h14 et 06h13 UT GMT.

TACITE XXVIII « … Enfin, quand les nuages qui s'amassèrent l'eurent dérobée à leur vue et qu'ils la crurent ensevelie dans les ténèbres, comme l'esprit une fois frappé mène naturellement à la superstition … »


22 mai 1453 AD Chute de Constantinople (Istanbul) : la ville est prise le 29 mai 1453 par les Ottomans Turcs musulmans du Sultan Mehmet II (le Conquérant, Fatih). Cette date marque la fin de l'Empire Byzantin chrétien de Constantin XI Paléologue. Cette éclipse totale mais bien visible partielle à la tombée de la nuit, au lever de la Lune, va contribuer à démoraliser les troupes byzantine assiégées.

Nicolò Barbaro, chroniqueur médecin chirurgien vénitien, décrit dans son « Journal du siège de Constantinople en 1453 » :
« … Ce même jour, le vingt-deux mai, à la première heure de la nuit, apparut dans le ciel un signe merveilleux qui faisait dire à Constantin le digne empereur de Constantinople que son fier empire allait prendre fin, comme il l'a fait. Le signe était de cette forme et condition: à la première heure après le coucher du soleil, la lune se leva, étant à ce moment-là pleine, de sorte qu'elle aurait dû se lever sous la forme d'un disque complet ; mais elle se leva comme si elle n'était plus qu'une lune de trois jours, avec seulement une petite partie de celle-ci, bien que l'air soit clair et limpide, pur comme du cristal. La lune est restée dans cette forme pendant environ quatre heures, et graduellement augmentée jusqu'à un cercle complet, de sorte qu'à la sixième heure de la nuit elle était pleine. Quand nous chrétiens et les païens avions vu ce signe merveilleux, l'empereur de Constantinople en avait grandement peur, et tous ses nobles aussi, parce que les Grecs avaient une prophétie qui disait que Constantinople ne tomberait jamais avant que la pleine lune ne fasse signe. Et c'était la raison de la peur que ressentaient les Grecs. Mais les Turcs firent une grande fête dans leur camp pour la joie du signe, parce qu'ils croyaient que maintenant la victoire était entre leurs mains, comme c'était en vérité le cas. »


Circonstances de l'éclipse calculées pour Istanbul :

Milieu de la totalité à 20:16 UT GMT hauteur=-3°
Fin de la partialité à 21:45 UT GMT hauteur=+10°


Premier canon des éclipses calculés :

A partir de 1880, l'équipe de l'astronome Theodor von Oppolzer calcula à la main –sans ordinateur- les circonstances et dates de 8000 éclipses solaires et 5200 éclipses lunaires par l'ombre (pas la pénombre), de la période -1207 à +2161 (donc 1208 BCE à 2161 CE). La partie I contient les éclipses de Soleil « Canon der Sonnenfinsternisse ». Dans la partie II « Canon der Mondfinsternisse », apparait page 342, l'éclipse du 25 septembre -51 donnée à 23h43 et d'une grandeur de 21.9 zoll soit en / 12 = 1,825. Ce canon fut publié post-mortem en 1887. Pour mémoire, nous obtenons aujourd'hui avec les meilleures théories, un milieu d'éclipse à 23h24 et une magnitude géométrique de 1,8083. La précision obtenue à l'époque par Oppolzer était remarquable même s'il ne pouvait pas tenir compte des irrégularités de rotation de la Terre sur elle-même mise en évidence à partir de 1920 http://astro.altspu.ru/~aw/DeltaT/ .

https://archive.org/details/canonderfinstern00oppo/page/342

Traductions en ligne recommandées de la Guerre des Gaules, Commentarii de Bello Gallico :

Traduction de la Guerre des Gaules par Léopold-Albert CONSTANS, 1926 :

https://www.ebooksgratuits.com/pdf/cesar_guerre_des_gaules.pdf ou https://arbredor.com/ebooks/GuerreGaules.pdf

Traduction de la Guerre des Gaules par Camille ROUSSET (recommandée par Yann LE BOHEC) :
https://books.google.fr/books?id=sflRAAAAcAAJ

Traduction de la Guerre des Gaules, par le Général CREULY et Alexandre BERTRAND, 1865 :
https://books.google.fr/books?id=8fw8AAAAcAAJ

Liste de livres -en ligne- d'auteurs historiques en lien avec l'astronomie, les croyances et superstitions et l'astrologie :

ARISTARQUE de Samos, Traité d'Aristarque de Samos sur les grandeurs et les distances du soleil et de la lune :

https://books.google.fr/books?id=MugRAAAAYAAJ

ARISTOTE Traité du ciel, traduction de J. Barthélemy SAINT-HILAIRE, 1866 :
https://books.google.fr/books?id=fPpGAQAAIAAJ

BAILLY Jean-Sylvain, 1781 : Histoire de l’astronomie ancienne, depuis son origine jusqu’à l’établissement de l’école d’Alexandrie :
https://books.google.fr/books?id=QISxEaw2cF4C&pg

BARBARO Nicolò, CORNET Enrico, 1856, Nicolò Barbaro, Giornale dell’ assedio di Costantinopoli, 1453 :
https://books.google.fr/books?id=PUIOAAAAQAAJ

CESAIRE D’ARLES, 1760, Sermons de Saint Césaire évêque d’Arles, Tome second :
https://books.google.fr/books?id=JraP5_3TzxMC

CESAR Jules, Traduction de la Guerre des Gaules par Camille ROUSSET, 1872 :
https://books.google.fr/books?id=sflRAAAAcAAJ

CICERON Marcus, NISARD M, 1875, Œuvres complètes de Cicéron :
https://books.google.fr/books?id=wiM1AQAAMAAJ

CICERON Marcus, GINDRE DE MANCY, 1867, De la République de Cicéron :
https://books.google.fr/books?id=0F5ZAAAAcAAJ

CLEOMEDE, Circularis doctrinae de sublimibus :
https://books.google.fr/books?id=0F5ZAAAAcAAJ

DELAMBRE Jean Baptiste Joseph, 1817, Histoire de l’astronomie ancienne :
https://books.google.fr/books?id=D9BaAAAAcAAJ

DIODORE DE SICILE, MIOT A. F., 1834, Bibliothèque historique de DIODORE DE SICILE, Tome second :
https://books.google.fr/books?id=3UR6KnNVUJgC

DU CANGE Charles du Fresne, Glossarium mediae et infimae latinitatis, Charles du Fresne DU CANGE, 1845 :
https://books.google.fr/books?id=GPdFAAAAcAAJ

EUDOXE de Cnide, IDELER Ludwig, 1841, Sur les écrits et les travaux d’Eudoxe de Cnide :
https://books.google.fr/books?id=XQahAKwgqOkC

FIRMICUS MATERNUS Julius, astrologue latin de Syracuse, 330 AD, la Mathesis qui compile en 8 volumes plusieurs autres astrologues antiques :
https://www.lesbelleslettres.com/livre/1828-mathesis-tome-i-livres-i-et-ii

FRONTIN, Sextus Julius Frontinus (35/40-103 AD), Les 4 livres des Stratagèmes (ou ruses de guerre), 1860 :
https://books.google.fr/books?id=rAE2AQAAMAAJ&pg=PA502

HIPPOLYTE de Rome, Philosophumena ou Réfutation de toutes les hérésies :
https://books.google.fr/books?id=S8U7AAAAcAAJ

HOEFER Jean Chrétien Ferdinand, 1873 : Histoire de l’astronomie depuis ses origines jusqu’à nos jours
https://books.google.fr/books?id=X79KAAAAMAAJ

HOMERE Iliade, traduction de Emile PESSONNEAUX, 1861 :
https://books.google.fr/books?id=0So-AAAAcAAJ

LE VERRIER Urbain, Tables de concordance des dates préjuliennes-juliennes dans « Histoire de Jules César » de Napoléon III :
https://books.google.fr/books?id=rpfjgmmE1tcC&pg=PA453

LUCAIN, MARMONTEL, 1873, La Pharsale de Lucain :
https://books.google.fr/books?id=ZcWzy5bin2sC

MARTIN Jacques, 1727, La religion des Gaulois tirée des plus pures sources de l’antiquité, Volume 1 et 2 :
https://books.google.fr/books?id=ynFOAAAAcAAJ

MIGNE Jacques-Paul, 1843 : Démonstrations évangéliques de Tertullien (Apologétique, Des prescriptions), Origène (n. +185 d. 253, Traité contre Celse 5-470), Eusèbe de Césarée (n. +260/265 d. +339/340, Préparation évangélique 471-1168, Univers Terre à partir de page 1151) reproduites intégralement :
https://books.google.fr/books?id=NyBUAAAAcAAJ

MORRIS R. COHEN, I.E.DRABKIN, A Source book in Greek Science (The measurement of the circumference of the earth, Cleomedes, On the orbits of the Heavenly Bodies I, 10 – pages 149 à 153) :
https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.279430

OBSEQUENS Julius, VERGER Victor, 1842, Les prodiges de Julius OBSEQUENS :
https://books.google.fr/books?id=dZg2nUHvh-8C

PLATON, Le Phédon :
https://books.google.fr/books?id=hutGo89nbc0C

PLATON, Le Timée :
https://books.google.fr/books?id=6xZIAAAAMAAJ

PLINE l’Ancien, LITTRé émile, 1848, Histoire naturelle de PLINE, Tome 1, Livres I à XIX :
https://books.google.fr/books?id=BG49AAAAcAAJ

PLINE l’Ancien, LITTRé émile, 1865, Histoire naturelle de PLINE, Tome 2, Livres XX à XXXVII :
https://books.google.fr/books?id=vQI2AQAAMAAJ

PLUTARQUE, RICARD Dominique, 1827, Œuvres de PLUTARQUE :
https://books.google.fr/books?id=Gq9BAAAAcAAJ

PLUTARQUE, RICARD Dominique, 1868, La vie des hommes illustres :
https://books.google.fr/books?id=b8BAAQAAMAAJ

PLUTARQUE, BéTOLAUD Victor, 1870, Œuvres Morales et œuvres diverses de PLUTARQUE, Tome 4 :
https://books.google.fr/books?id=S1xGAQAAMAAJ

PLUTARQUE, LEFRANC Émile, 1850, PLUTARQUE, Vie d’Alexandre :
https://books.google.fr/books?id=3HBZAAAAcAAJ

POLYBE, BOUCHOT Félix, 1847, Histoire Générale de POLYBE, Tome I, Livres I à VI :
https://books.google.fr/books?id=6GULAAAAYAAJ

POLYBE, BOUCHOT Félix, 1847, Histoire Générale de POLYBE, Tome II, Livres VII à XIX :
https://books.google.fr/books?id=ZHJT65gvCYEC

POLYBE, BOUCHOT Félix, 1847, Histoire Générale de POLYBE, Tome III, Livres XX à XL :
https://books.google.fr/books?id=_lMtbe7pnrIC

POLYBE, Histoire Générale de POLYBE, Bibliothèque historique militaire, 1836, Essai sur les milices romaines :
https://books.google.fr/books?id=i3wDAAAAYAAJ

POLYBE, THUILLIER Vincent, 1753, Histoire de POLYBE, Tome 6 :
https://books.google.fr/books?id=YWO7XtPOPPQC

QUINTE-CURCE, BEAUZEE M., 1805, QUINTE-CURCE, Histoire d’Alexandre le Grand, Tome 1 :
https://books.google.fr/books?id=JSOENrh2_AoC

RIAUX Francis, Essai sur Parménide d’Elée :
https://books.google.fr/books?id=PAdRAAAAcAAJ

SAINT OUEN, 1847, La vie de Saint Éloi évêque de Noyon par Saint Ouen, première partie :
https://books.google.fr/books?id=eqFfAAAAcAAJ

SALIN Édouard, 1959, La civilisation mérovingienne d'après les sépultures, Volume 4 :
https://books.google.fr/books?id=peFUAAAAYAAJ

SENEQUE, NISARD M, 1844, Théâtre complet des latins, comprenant Plaute, Térence et Sénèque le tragique :
https://books.google.fr/books?id=G24pUpG_UigC

TACITE, NISARD M, 1840, Œuvres complètes de TACITE :
https://books.google.fr/books?id=htG_0g8T-MAC

TACITE, CHARPENTIER, DURREAU DE LAMALLE, 1866, Œuvres complètes de TACITE :
https://books.google.fr/books?id=28olpSJ111AC

THUCYDIDE, ZEVORT CH., 1869, Histoire de la Guerre du Péloponnèse :
https://books.google.fr/books?id=0P8xAQAAMAAJ

TIBULE, par MIRABEAU, Tome 1, 1798 :
https://books.google.fr/books?id=qwMkVPcKAKUC

TIBULE, CATULLE, PROPERCE, MM Héguin de Guerle, A. Valatour, J. Genouille, 1860 :
https://books.google.fr/books?id=l5lfAAAAcAAJ

TITE-LIVE, NISARD M, Œuvres de TITE-LIVE, Tome 1, 1844, Livre I à XXVI :
https://books.google.fr/books?id=lghHAQAAMAAJ

TITE-LIVE, NISARD M, Œuvres de TITE-LIVE, Tome 2, 1864, Livre XXVII à XLV :
https://books.google.fr/books?id=XQI2AQAAMAAJ

VALENS Vettius d'Antioche, (astrologue hellénistique de 120 à 175 AD), les Anthologiae :
https://www.csus.edu/indiv/r/rileymt/Vettius%20Valens%20entire.pdf

VALERE-MAXIME, BINET René, Valère-Maxime traduit du latin, Tome premier : 
https://books.google.fr/books?id=CKQ9AAAAcAAJ

VALERE-MAXIME, FRéMION C.A.F, 1863, Œuvres complètes de VALèRE MAXIME :
https://books.google.fr/books?id=HJxfAAAAcAAJ

VON OPPOLZER Theodor, « I-Canon der Finsternisse, II-Canon der Mondfinsternisse », 1887 :
https://archive.org/details/canonderfinstern00oppo/page/342

WARNKOENIG L. A. & GERARD P. A. F., 1862, Histoire des Carolingiens :
https://books.google.fr/books?id=Kul9yc7TvMQC